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Dieulefit ou Le miracle du silence

Auteur : Anne Vallaeys

Date de saisie : 03/07/2008

Genre : Histoire

Editeur : Fayard, Paris, France

Collection : Litterature francaise

Prix : 19.00 / 124.63 F

ISBN : 978-2-213-63406-7

GENCOD : 9782213634067

Sorti le : 27/02/2008

  • L’espace des editeurs : Anne Vallaeys – 17/09/2008

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Anne Vallaeys – 20/03/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Deux mille cinq cents personnes habitaient Dieulefit, un village parmi d’autres en Drome provencale. Quand la guerre eclata. A l’ecole de Beauvallon, les directrices accueillirent aussitot les enfants juifs. Et leurs parents, bientot. A la mairie, une employee d’une vingtaine d’annees commenca a fabriquer des faux-papiers. D’autres refugies arriverent, des anonymes, mais des peintres, des poetes, des artistes et des philosophes encore. Et d’autres maisons s’ouvrirent. A l’ecole, les enfants se serrerent un peu plus sur les bancs, et la secretaire de mairie devint une faussaire patentee. La population grimpa jusqu’a cinq mille personnes. Le bourg accueillait ainsi autant de pourchasses qu’il comptait de natifs. Pas un seul ne sera arrete. Nul ne sera denonce. Pendant les quatre annees les plus sombres de notre histoire, ce petit village devint la capitale intellectuelle de la France, disait Pierre Vidal-Naquet qui s’y refugia, enfant. Dieulefit sut desobeir, dire non aux lois iniques. Dieulefit, ou le miracle du silence…
Anne Vallaeys a recueilli les temoignages des enfants d’alors, a Dieulefit elle a rencontre des hommes et des femmes aussi resolus qu’hier, elle a consulte les archives. Son talent d’ecrivain a fait le reste. Elle a reconstitue cette aventure collective aussi extraordinaire que meconnue, pas d’heroisme, non, mais une maniere d’etre. Les Dieulefitois preferent
parler d’humanite, tout simplement.

  • La revue de presse – Le Monde du 4 juillet 2008

C’est un livre ou se melent les passions, les coups de foudre, le rayonnement d’une femme, puis de deux, puis de quatre…, un sens inne de la liberte, de l’esprit critique, d’une revolte inebranlable. C’est un recit ou la haute fantaisie n’exclut pas le sens du combat, le respect se substitue aux “piapias des bonnes gens” sur les amours lesbiens…
Dieulefit ou le miracle du silence est un formidable hommage a un village, associant a la monographie historique le plaisir de l’ecrivain voyageur. Anne Vallaeys ausculte le “protestantisme de combat”, laic et republicain, la memoire encore vive du martyre des ancetres, “le sentiment qu’une minorite doit aide et protection a une autre minorite quand elle est persecutee” temoigne Pierre Vidal-Naquet, lui aussi refugie a Dieulefit…
Le livre demontre a quel point ce village reste a jamais le coeur de la liberte.

  • La revue de presse Bruno Frappat – La Croix du 5 mars 2008

Ainsi vit-on, peu a peu, monter de la vallee des dizaines, voire des centaines, de personnes. Parmi elles, Louis Aragon et Elsa Triolet, le philosophe Emmanuel Mounier, tres tot revenu des premieres seductions de la revolution nationale, le poete Pierre Emmanuel, mais aussi des peintres, des musiciens (la pianiste Yvonne Lefebure), cohabitant dans les rues de Dieulefit (et parfois ses soupentes) avec des juifs autrichiens, des communistes allemands, des republicains espagnols…
Miracle du silence, dit a l’enquetrice un temoin de l’epoque. C’est que, dans ce village divise entre protestants et catholiques a parts a peu pres egales, il se sera etabli comme une conspiration du silence, une conjuration du bien. Un millier de refugies seront passes par Dieulefit aux pires periodes de l’histoire de France. Et tous s’y seront sentis proteges par une certaine idee de l’humanite. Des parpaillots pour qui la resistance etait une vieille habitude du temps des dragonnades, des catholiques rallies a la bienveillance generale, des republicains associes : tout le monde s’y est mis pour faire de ce village un espace de Justes parmi les nations. Qui se rend aujourd’hui a Dieulefit aura du mal a lire les traces de cet heroisme discret. Il verra surtout un bourg a l’air d’une purete therapeutique et un ciel d’un bleu si bleu que l’on ne peut que se dire : oui, c’est Dieu qui fit tout ca. Gens et paysages. Que n’en fit-il plus !

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Un ciel immense, lave d’une bise tranchante, sans un nuage. Ce dimanche, l’air scintille de lumiere. Neuf heures sonnent a la tour de l’Horloge. Foulees rapides et vestes chaudes, les leve-tot franchissent la place Chateauras. Les pneus de deux voitures chuintent en passant. Pas grand monde dans l’ombre de ce matin de septembre frisquet a la terrasse du cafe Le Bureau. L’unique table ronde, illuminee d’un halo de soleil, sunlight, m’invite.
Je suis installee sur la scene de ce theatre de poche. A ma gauche, a l’arrondi des facades modestes, chaulees, sans grand attrait, trois etages alignes, jamais plus, des commerces de detail, la maison de la presse, le tabac-cadeaux, l’atelier Le Sage, potier, sont loves dans les rez-de-chaussee. Un duo de perruches s’egosille dans la voliere accrochee a la devanture du Bleuet, tandis que la fleuriste charrie sur le trottoir des seaux d’etain debordant de roses rouges en bouton. L’alignement des immeubles est tranche par l’etroite rue du Bourg, reservee au seul benefice des pietons. A l’angle de la place, les deux etages vieillots des Grands Magasins aux stores de guingois, mal assortis. Leurs vitrines tiennent du bazar si j’en juge au bric-a-brac qu’elles exposent, elles proposent jeux de societe Richesse du monde, Lego, puzzles, chaussettes de laine et bas de coton, quincaillerie, cabas, paniers d’osier aux anses tressees, figurines de canards nains, ecureuils en peluche et chapeaux de paille demodes. Wanted. Je recherche des livres d’occasion, indique un panneau scotche a la vitre, et une affichette machuree de bleu, d’un format plus grand, previent : Cinema Le Labor. Gypsy Caravane, le Buena-Vista Club de la musique gypsy. Seances vendredi, samedi, dimanche, 20 heures.
Ce coeur de bourg comme tant d’autres en province ne retiendrait pas autrement l’oeil n’etait la masse de son temple, d’une allure severe, altiere et calviniste. A lui seul l’edifice occupe l’est de la place, si bien que, debouchant a cet endroit quand on arrive de Montelimar, on est saisi par cette nudite archaique, au fronton sureleve, sans autre fioriture qu’un oculus decoupe dans la maconnerie au-dessus des battants de noyer du porche. Une facade defensive, laiteuse, plantee dans le bleu du ciel, l’ocre de la colline. Les proportions de la maison des huguenots surprennent. Cette maniere parpaillote est l’un des mobiles qui m’ont amenee dans ce village admirable.
Ce matin tres tot, profitant de la solitude, j’ai musarde entre les hauts murs, en quete de je ne sais quoi. Je me suis arretee, badaude, devant le tableau d’affichage a l’angle, sous le couvert des marronniers obeses qui enchassent la maison commune. J’ai lu, en vrac, une annonce saluant le cent cinquantieme anniversaire de l’edition de la Bible en braille et un communique annoncant le concert d’un Pierre Lachat au temple de Bourdeaux, vendredi 28 septembre, 21 heures, entree gratuite, puis un prospectus louant la collection du musee protestant de Poet-Laval, enfin l’agenda des prochaines rencontres de l’Eglise reformee de Valdaine : Comment croire en Dieu aujourd’hui ? Pour l’heure, dimanche ou non, pas un chat ne rode sur le perron du temple. Derriere, la colline a quitte l’ombre, son arete embusquee sous les arbres se devoile, elle s’aureole d’un jaune paille.
Le soleil me rechauffe le dos tandis que je feuillette Le Dauphine libere, mais l’air n’est pas vraiment doux encore. Un reportage traite d’une rebellion a La Motte, dont les habitants enragent contre l’arrete prefectoral qui condamne l’unique bistrot, situe trop pres de l’eglise. Le cure Granoux s’insurge contre les bornes du couillonnisme bureaucratique, meme s’il y a plus de monde au bar des Cascades qu’a la paroisse, chez moi.