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D’un bloc-notes a l’autre, 1953-1969

Auteur : Francois Mauriac

Date de saisie : 20/09/2004

Genre : Essais litteraires

Editeur : Bartillat, Paris, France

Prix : 25.00 / 163.99 F

ISBN : 978-2-84100-334-1

GENCOD : 9782841003341

  • La revue de presse Jean-Pierre Dufreigne – Lire

Les Bloc-notes renies par Mauriac lui-meme paraissent aujourd’hui. Tranchant et visionnaire.
Ainsi Mauriac avait des repentirs. Ceux du catholique, ceux de l’artiste qui reprend son tableau, la peinture a peine seche. Certains de ses Bloc-notes, qui forment sa face la plus celebre, tranchante, vive et stylee, ne sont jamais parus, ou il a refuse de les reunir en volumes plus tard, a plume reposee. Tous ces textes ecartes sont enfin publies dans cette enorme edition chez Bartillat, preparee, annotee avec un soin de moine copiste par Jean Touzot : D’un bloc-notes a l’autre (1952-1969). De La Table ronde a L’Express puis au Figaro litteraire, en passant par Temoignage chretien, la Nef, Le Nouveau Candide, Notre Republique, sans oublier Elle ou Marie-Claire, Mauriac aborde tous les evenements qui secouerent la IVe Republique, sous laquelle il fut mendesiste, puis la Ve ou il fut gaulliste, bien sur… Le Bloc-notes nait donc en 1952. Pourquoi ? Parce que l’Academie suedoise lui decerne le Nobel, et que la premiere reaction du nouveau laureat est de jeter le prix Nobel dans la bataille. A l’epoque, cela avait encore du poids. Et puis, ecrit-il bien plus tard, c’etait mon humeur de me chamailler dans les journaux. Il se chamailla… Evidemment, pour le lecteur d’aujourd’hui, bien des combats sont oublies, bien des noms importants sont devenus de vieilles lunes. Reste cette alacrite vive, ce ton inimitable, la volonte de ne pas travailler sur la lave refroidie et aussi un humour que l’on neglige trop. Mauriac loge par hasard dans quelque campagne chez l’habitant. Y vivent trois jeunes filles. Elles lui montent un cafe dans sa chambre Henri II. Elles sont venues pour me demander une signature et devorent des yeux cette jolie chose qu’elles ne reverront jamais: l’Academie francaise entre deux draps, dans un pyjama bleu de ciel. Mauriac ou quand le journalisme etait un art.

  • La revue de presse Philippe Sollers – Le Monde

Qui aurait pu imaginer que le temps jouerait a ce point en faveur de Mauriac ? Il y a cinquante ans, il etait au sommet des honneurs, c’est-a-dire apparemment promis a un declin irreversible. Academie francaise, Nobel, reputation mondiale de romancier et de Juste (ni vichyste ni communiste), catholique obstine, mais “progressiste”, fin de carriere assuree. Gide et Claudel meurent, Sartre commence son regne (il a tente, juste avant la guerre, de degommer Mauriac dans la NRF), les vedettes confirmees de l’epoque sont Malraux, Aragon, Camus. Le Nouveau roman pointe a l’horizon, les “hussards” s’agitent, le “charmant petit monstre”, Sagan, explose dans les librairies, la reconstruction rapide d’un pays ruine est en cours. Pourquoi, dans ces conditions, ne pas se retirer, laisser courir, et continuer a faire confortablement ses gammes de “vieille corneille elegiaque” ? Eh bien, non, il y a quelque chose qui ne va pas au coeur de la Republique.

Mauriac le sent, le devine, il se concentre, il saute, il remet toute sa mise en jeu. La collaboration, Vichy, l’antisemitisme, le racisme ? Il en reste partout des traces. Le colonialisme, la repression, la torture (Maroc, Algerie) ? C’est le nouveau drame dans lequel il s’engage passionnement. On le croyait fini ? Il recommence. C’est le temps glorieux du “Bloc-Notes”, son chef-d’oeuvre, guette toutes les semaines par tous les pouvoirs en place, et par certains tres jeunes amateurs (dont moi). Le secret de Mauriac ? La foi, l’independance, le style. “Je n’aurai recu aucun ordre depuis le college. Il ne me souvient pas d’avoir jamais eu personne au-dessus de moi, devant qui j’ai tremble ou que j’ai du menager.” C’est ce que Mauriac appelle son credo de “demi-anarchiste”. Non pas “ni Dieu ni maitre”, mais “Dieu et pas de maitre”. Car, figurez-vous, il croit en Dieu, ce charmant vieux monstre, et c’est un scandale supplementaire. “Seuls les rapports orageux mais jamais interrompus avec une presence cachee que j’appelle Dieu me donnent le sentiment d’avoir ete libre.” Libre, il l’est, et il le prouve. Il va donc se faire beaucoup insulter…

  • La revue de presse Daniel Rondeau – L’Express

Francois Mauriac a toujours pris le journalisme au serieux. Tous les ecrivains ne peuvent pas en dire autant. Il y a quelque chose d’unique, un melange electrique de talent et de coeur, dans chacune de ses chroniques. Le journalisme, d’apres lui le seul genre qui merite l’expression litterature engagee, convenait a sa nature de grand bourgeois bordelais, catholique, moderne, chamailleur, curieux de tout et d’abord de son temps… Sa silhouette de roseau deplume et sa voix blanche dissimulent un caractere acharne. C’est un croyant qui veut tout comprendre, y compris ses ennemis. Il dialogue avec ses amis, les defend au besoin, mais ne recule devant aucune correction fraternelle… Les journaux ou il officie lui servent de theatre, de bain de jouvence, de confessionnal, d’estrade, de champ de bataille. La chronique est son showroom, le miroir devant lequel son ame s’ebroue et son tribunal des choses d’en bas, qu’il juge pour des raisons d’en haut. D’un bloc-notes a l’autre. 1952-1969 presente des textes qui n’avaient jamais ete rassembles. Rien de plus perissable qu’un article de journal, et cinquante annees ont passe. Mauriac nous parle deja d’une autre epoque, qui semble s’etre eloignee de nous a grandes rames. Pourtant, les propos du polemiste n’ont rien perdu de leur fraicheur ni de leur pertinence. La vigueur est intacte, les mots petillent sous la cendre. Le tonneau du temps, impitoyable pour les mediocres, est toujours l’allie des natures complexes. Ce Mauriac-la est du premier cru. Ses papiers sentent la cerise, la vanille, la violette et le sous-bois parisien. A etre lu loin des passions de son epoque, il a encore gagne en harmonie et en elegance…