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Eloge du silence pendant l’amour

Auteur : Lisa Azuelos

Date de saisie : 10/01/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Plon, Paris, France

Collection : Litterature francaise

Prix : 16.50 €

ISBN : 978-2-259-20781-2

GENCOD : 9782259207812

Sorti le : 10/01/2008

  • Le choix des libraires : Choix de Benoit Vautrin de la librairie SPIRALE a OULLINS, France – 23/02/2008

Un roman d’une grande fraicheur, sur la rencontre de deux etres pour qui l’amour avec un grand A n’est pas leur priorite… Seul le plaisir compte, plaisir d’un instant, d’une fusion et qui se terminera par une union non calculee….. On se delecte, on se prend a rever en toute simplicite…

  • Les presentations des editeurs : 05/01/2008

C’est passe 30 ans que les coeurs deviennent fragiles. Ce livre, entre realite et fiction, est la chronique douce et drole d’une trentenaire divorcee, mere de famille, dont le coeur s’est fracasse un soir de Noel quand son compagnon l’a quittee : Avec mon coeur dans sa minable valise, pleine de mon minable passe avec lui, une brosse a dents, quelques calecons et trois chemises dont une repassee par mes soins. Pour se remettre a l’endroit, il faut marcher a l’envers. Du nouvel homme, arrive par hasard, on ne veut rien savoir. On connait l’odeur de son savon avant de connaitre son nom. On fait parler les corps pour mieux taire les mots. Le silence est-il la clef des passions qui durent ?

Lisa Azuelos, auteur, scenariste et cineaste – elle a notamment realise : Comme t’y es belle – nous regale ici de ses fortunes et infortunes avec une ironie cinglante, signant l’excellent roman moderne d’une jeune femme ordinaire.

  • Les courts extraits de livres : 05/01/2008

La feuille de figuier

Je ne sais pas si c’est pour ca que j’ai dit oui tout de suite.

La journee avait demarre normalement.
Cet apres-midi-la, Anne-So avait donne rendez-vous a des amis hollandais, souvenirs d’un Erasmus deja lointain. Le genre de rendez-vous que l’on prend dans la ferveur du moment au mois de juin, sous pretexte qu’au mois d’aout, on sera tous au meme endroit.
Le genre de rendez-vous que personne n’honore. Sauf les Hollandais. Eux, ils sont simples, ils font ce qu’ils disent et disent ce qu’ils font, et cet apres-midi, ils ont dit qu’ils le passeraient avec Anne-So.
Elle ne m’a rien demande, mais je savais qu’elle ne voulait pas y aller seule, sur cette plage Velicia, l’une des rares que nous ne connaissions pas encore. Nous avons regarde sur une carte, sans nous mefier. Et nous nous y sommes rendues, serviette, maillot et creme solaire, la routine.

C’est en arrivant sur des entrecuisses nus et ouverts que nous avons saisi la nuance entre une plage avec ou sans, maillot de bain. Trop tard, puisque le couple de Hollandais nous avait deja reperees et faisait de grands signes de la main, provoquant un mouvement pas forcement flatteur du reste de leurs corps. Ils s’etaient installes pres de l’entree pour ne pas nous rater. Us avaient reussi.
Nous nous sommes retrouvees piegees sur cette plage de nudistes, hebetees comme des lapins surpris dans les phares d’une voiture, gloussant aussi betement qu’au temps des carnets de correspondance. Mais nous devions prendre une decision : se mettre en maillot ou pas. J’avais le sentiment etrange qu’il fallait laisser tomber le bas. Anne-So n’a pas ose.
On croit que l’imperfection du corps cree le complexe. Faux : c’est le maillot de bain. Il expose d’autant plus les corps qu’il cache les sexes. La nudite remet les corps a leur place. L’etre nu ne juge plus, ni ne se juge, il se contente d’etre lui-meme.

Il emanait de cette plage, en cette fin d’apres-midi, un parfum de paradis. J’ai pense que Dieu ne s’etait pas fache contre Adam et Eve parce qu’ils avaient goute la pomme, mais tout simplement parce qu’il avait ete vexe que ses creatures n’osent plus se montrer nues devant Lui, leur createur, leur confident. Ils s’etaient sentis si fautifs qu’ils avaient cache leurs sexes avec une feuille de figuier, ancetre veritable du maillot de bain. Etre sans maillot, c’est assumer le regard divin sans honte originelle.
Devant moi, sur des chaises de plage, etait assis un vieux couple. Leurs poils etaient gris et leurs peaux fletries a l’exces. La dame avait des cicatrices sur le bras, un sein opere, et sa peau semblait se renverser sur son ventre comme une pate a gateau dans une jarre. Mais elle avait un chignon tenu par des peignes en ecaille merveilleux, des lunettes tres chic, et elle m’est apparue comme la femme la plus elegante et simplement belle que j’aie jamais vue. Nue et grise sous son chignon de reine.
Moi aussi, je me suis dit que j’etais une reine. Je me suis levee, etape particulierement delicate pour une nudiste debutante. Je suis partie me baigner, acceptant les regards qui pouvaient se poser sur moi pendant ce long trajet. C’est dans l’eau que j’ai compris l’interet de ne pas porter de maillot, en faisant corps avec elle dans un bonheur foetal. Quand je suis sortie, les regards glissaient sur moi comme les gouttes de l’eau benie de mon bapteme.