Auteur : Carlos Fuentes
Traducteur : Celine Zins
Date de saisie : 09/01/2008
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Gallimard, Paris, France
Collection : Du monde entier
Prix : 22.50 / 147.59 F
ISBN : 978-2-07-077698-6
GENCOD : 9782070776986
Sorti le : 15/11/2007
- Le choix des libraires : Choix de Emmanuelle Taillardas de la librairie L’ORANGE BLEUE a ORANGE, France – 04/01/2008
Le nouveau livre de Fuentes renoue avec l’atmosphere trouble et derangeante du roman gothique et profite de la vogue – nouvelle en France – du genre de la nouvelle. Le resultat est un recueil delicieusement suranne de petites histoires a ne pas fermer l’oeil.
- Les presentations des editeurs : 04/01/2008
Il se planta au centre de la cour. Peu a peu, tres progressivement, l’espace se remplit de voix, et les voix, aux tons varies, discutaient, riaient, recitaient, murmuraient, en volume croissant, mais toujours claires, distinctes, si claires qu’au milieu de la rumeur, Alejandro de la Guardia distingua sa propre voix, nettement reconnaissable, rieuse, audible mais invisible, d’autant plus terrifiante qu’elle etait invisible, terrifiante aussi parce que tout en etant certain que c’etait sa voix, il savait que ce n’etait pas la sienne, qu’elle l’attirait vers un mystere qui ne lui appartenait pas, mais qui le menacait, le menacait terriblement…
A l’instar d’Alejandro de la Guardia, cerne par la folie de ses deux vieilles tantes, tous les personnages de ce recueil sont plonges dans un univers inquietant, peuple de dangers visibles ou invisibles. Carlos Fuentes s’amuse a faire peur au lecteur. En jouant avec les codes issus de la tradition litteraire du conte gothique et fantastique, il nous offre un livre riche et haut en couleur, ou tout le talent du grand romancier mexicain eclate dans un genre inhabituel.
Carlos Fuentes est ne a Mexico en 1928. Il a poursuivi ses etudes au Chili, en Argentine et aux Etats-Unis. De 1975 a 1977, il a ete ambassadeur a Paris, ou il avait longtemps vecu. Tout en explorant le champ de la nouvelle, du theatre, de l’essai litteraire et du roman – notamment avec Christophe et son oeuf, Le vieux gringo ou Terra Nostra -, il a mene un nombre considerable d’activites culturelles dans les deux Ameriques et ecrit pour la presse americaine et europeenne.
- Les courts extraits de livres : 09/01/2008
La fenetre
J’habite un petit appartement dans une ruelle au coin de Wardour Street. Wardour est le quartier de Londres ou l’on traite les affaires de cinema et de television. Moi, mon travail consiste a suivre les indications du realisateur afin d’assurer, tres precisement, la fluidite narrative et la qualite technique du film – pelicula, en espagnol.
Pellicule. Le mot lui-meme indique la fragilite de ces morceaux de peau, hier en nitrate d’argent, aujourd’hui en acetate de cellulose, que je passe mes journees a manipuler en vue d’assurer la coherence de l’oeuvre; j’elimine ce qui pourrait creer des confusions, des rates ou, pire, reveler l’inexperience des auteurs du film. Le mot anglais film est peut-etre meilleur, car il est plus technique, ou plus abstrait, que l’espagnol pelicula. Film evoque membrane, fine pellicule, brume, voile, opacite. J’ai cherche le mot dans le dictionnaire afin d’eviter les fantasmes verbaux et me cantonner a ce qu’est le film au niveau de mon travail : un rouleau souple de cellulose enduit d’une couche sensible. Encore que maintenant on a affaire a ce qu’on appelle du Beta Digital.
Cependant, lorsque je dis pelicula en espagnol, je ne m’eloigne pas de la definition du dictionnaire (bande de celluloid preparee de sorte a pouvoir etre impressionnee par des images de cinema), sans pour autant me priver de la vision, pour moi inseparable, d’une peau humaine fragile, superficielle, mince enrobage de l’apparence. Cette peau que nous presentons au regard des autres, car sans cette pellicule qui nous recouvre des pieds a la tete, nous ne serions qu’un etalage de visceres perissables, sans autre armature que le squelette – un crane. Ce que la mort nous permet d’exposer devant l’eternite. Alas, poor Yorick !
Mon travail occupe la plus grande partie de ma journee. J’ai peu d’amis, pour ne pas dire aucun. Les Britanniques ne sont pas particulierement ouverts aux etrangers. Et il n’est peut-etre pas -je le verifie tous les jours – de pays qui possede tant d’appellations pejoratives pour designer le foreigner : dago, yid, frog, jerry, spik, hun, polack, russky…
Moi je m’en sors grace a mon nom irlandais – O’Shea -; mais je dois neanmoins expliquer qu’on trouve de nombreux noms gaeliques en Amerique latine. Nous sommes pleins de O’Higgins, de O’Farrils, de O’Reillys et de Fogartys. Certes, j’aurais pu tromper les insulaires britanniques en me faisant passer pour un insulaire voisin, a savoir irlandais. Mais non, etre un Mexicain honteux me repugne. Je veux etre accepte comme je suis et pour ce que je suis. Lorenzo O’Shea, change, pour des raisons de commodite professionnelle et de familiarite de bureau, en Larry O’Shea, Mexicain descendant d’Anglo-Irlandais emigres en Amerique au XIXe siecle. Je suis arrive a l’age de vingt-quatre ans, grace a une bourse, dans l’intention d’etudier les techniques du cinema en Grande-Bretagne, et je suis reste, par habitude, par inertie si vous preferez, nourrissant peut-etre l’illusion qu’en Angleterre je reussirais a me faire un nom dans le milieu du cinema.
Je n’ai pas pris la mesure du defi. Je ne me suis rendu compte que tres tard, a l’age de trente-trois ans aujourd’hui, de la concurrence implacable qui regne dans le milieu du cinema et de la television. Mon caractere sauvage, mes origines etrangeres, peut-etre aussi une sorte d’aboulie desagreable a avouer, m’ont tenu cloue a une console de montage et voue a une existence solitaire. D’une part, je n’avais aucune envie de participer a cette vie sociale faite de pubs, de sports et de fascination pour les rayais et leurs allees et venues… Je voulais me reserver la libre solitude du regard apres neuf heures quotidiennes passees colle a l’AVID.
Pour la meme raison, j’evite d’aller au cinema. Ce serait ce qu’on appelle ici des vacances de conducteur d’autobus – busman’s holiday -, c’est-a-dire faire la meme chose pendant ses loisirs que pendant son travail.
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