Auteur : Sophie Audidiere | Jean-Claude Bourdin | Franck Cabane | Colas Duflo
Date de saisie : 10/11/2006
Genre : Dictionnaires, encyclopedies
Editeur : CNRS Editions, Paris, France
Prix : 45.00 / 295.18 F
ISBN : 978-2-271-06431-8
GENCOD : 9782271064318
- Les courtes lectures : Lu par Charlotte Etasse, eleve du Cours Florent – 10/11/2006
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Charlotte Etasse – 20/10/2006
- Les presentations des editeurs : 15/10/2006
En 1769, Diderot ecrit trois dialogues connus sous le titre du Reve de D’Alembert. Cette oeuvre allegre et profonde, ecrite en toute liberte, met enjeu les elements les plus fondamentaux et les plus problematiques de son materialisme, sous l’eclairage des sciences medicales de son temps. Ils mettent en scene quatre personnes reelles : Diderot lui-meme, un geometre, son ami d’Alembert, un medecin, le Dr Bordeu et une jeune femme, Mlle de Lespinasse. L’episode central – le delire de D’Alembert interprete par le medecin et Julie de Lespinasse – expose une cosmologie inspiree d’un monde en perpetuelle transformation compris a partir de molecules sentantes, jouissantes et souffrantes.
Ces dialogues mettent en scene une grande variete de formes : l’echange savant et serre, la conversation serieuse ou l’entretien leger, le reve et le delire du geometre, l’enonce d’hypotheses audacieuses, de vues de science-fiction, de propos galants ou d’idees folles comme le melange des especes. La forme de l’ Encylopedie a ete choisie afin de traduire la richesse du contenu du Reve de D’Alembert, tout en respectant sa forme ouverte et polyphonique. Elle contient 165 articles consacres aux notions, images, personnes citees dans Le reve de D’Alembert, avec indications des occurrences des termes dans quatre editions de l’oeuvre et des renvois aux articles apparentes. Cette Encyclopedie est l’accompagnement indispensable d’un texte majeur de la philosophie des Lumieres.
Sophie AUDIDIERE, docteur en philosophie (Interet, Passions, Utilite. L’Anthropologie d’Helvetius et la philosophie francaise des Lumieres), a collabore aux Recherches sur Diderot et l’Encyclopedie, a Cromhos, Review of Modem Historiography, a Dialogue, Revue canadienne de philosophie et codirige avec J.-C. BOURDIN et F. MARKOVITS Materialistes du XVIIIe siecle (PUF, 2006).
Jean Claude BOURDIN, professeur de philosophie a l’Universite de Poitiers, a notamment publie une anthologie Les materialistes au XVIIIe siecle (Payot, 1996), Diderot. Le materialisme (PUF, 1998). Une nouvelle edition revue de Hegel et les materialistes francais du XVIIIe siecle est a paraitre chez L’Harmattan.
Colas DUFLO, professeur a l’Universite de Picardie Jules Verne, a notamment publie Diderot philosophe (Champion, 2003) et edite differents textes de Diderot, dont Le Reve de D’Alembert (GF-Flammarion, 2002) et les Pensees sur l’interpretation de la nature (GF-Flammarion, 2005).
- Les courts extraits de livres : 15/10/2006
En fait de systeme, c’est-a-dire, selon le langage du XVIIIe siecle, d’hypothese ou de conjecture*, DIDEROT vient d’exposer une analogie* qui sert de modele pour expliquer comment nous pouvons penser l’homme comme sensible et pensant sans le doter d’une ame* immaterielle : l’homme est un instrument doue de sensibilite* et de memoire*. Le solipsisme trouve sa genese dans le fait que le clavecin sensible n’a aucun moyen de distinguer a quel moment ses cordes sont pincees par la nature, et a quel moment elles se pincent elles-memes : la vibration est identique dans les deux cas et seule la vibration l’avertit que ses cordes sont pincees. Ne sortant jamais de lui-meme, il peut croire qu’il n’y a pas d’exteriorite.
Ce n’est pas la premiere fois dans son oeuvre que Diderot evoque la figure du solipsisme. Des La Promenade du sceptique, les egotistes partisans de Berkeley etaient simplement refutes par le ridicule de leur position. Mais il semble que, a l’occasion du travail occasionne par l’elaboration de la Lettre sur les aveugles, Diderot ait plus serieusement reflechi aux arguments de l’eveque de Cloyne, dont il cite les Trois Dialogues. Diderot souligne la proximite entre les premisses de la philosophie de Condillac, qui sont aussi les siens, et ceux de Berkeley, car ils ont en commun de se situer dans l’heritage de Locke, avec sa part de nominalisme (critique des termes generaux) et de sensualisme (toutes les idees nous viennent des sens, nous ne sortons jamais de nous-memes). Les consequences tirees par Berkeley sont a la fois inacceptables et irrefutables pour quiconque entend rester dans ce cadre epistemologique qui, pour Diderot, est la seule metaphysique acceptable : On appelle idealistes ces philosophes qui, n’ayant conscience que de leur existence et des sensations* qui se succedent au-dedans d’eux-memes, n’admettent pas autre chose. […] Systeme qui, a la honte de l’esprit humain et de la philosophie, est le plus difficile a combattre, quoique le plus absurde de tous (Ver I, 165).