Enfants du Mekong, la force du don

Ma joie, mon orgueil, ma tendresse, ce sont ces hommes, ces femmes qui ont dit oui a cette intuition de mon coeur. Grace a eux, les Enfants du Mekong continuent a dire l’aujourd’hui de l’amour. Je peux mourir demain : l’amour continuera a faire des miracles.

Rene Pechard
Fondateur d’Enfants du Mekong

En 1958, au Laos, apres vingt ans de souffrances et d’aventures en Asie du Sud-Est, Rene Pechard, francais mais asiatique de coeur, ose dire oui a deux enfants laotiens dans la misere : il les accueille chez lui. Ces debuts silencieux, caches et humbles, ouvrent une epopee humanitaire, celle d’Enfants du Mekong. En 2008, 60 000 enfants sont soutenus par 22 000 parrains francais.
Confrontee a l’histoire dechirante de cette vaste region d’Asie, Enfants du Mekong n’a de cesse d’accompagner des enfants et des familles en detresse, de soutenir des oeuvres caritatives et des programmes de developpement, de tisser un vaste reseau d’entraide et d’informer sur la realite difficile de ces pays.
L’auteur retrace cette aventure en s’attachant aux pas de ceux qui l’ont vecue et faconnee. Des debuts de Rene Pechard aux missions des Bambous – ces jeunes volontaires qui partent sur le terrain offrir leur aide -, il raconte avec passion des histoires humaines emouvantes, terribles ou rares.
Dans un monde ou l’humanitaire, entache de scandales ou trop souvent gouverne par des enjeux economiques et politiques, devient sujet a caution, decouvrir la realite et l’esprit qui anime une ONG comme Enfants du Mekong est salutaire.

Vincent Pieri est professeur de lettres en Ile-de-France. En 2004, il part aux Philippines comme volontaire pour Enfants du Mekong. Il signe ici son premier livre.

Extrait du prologue :

Lumieres d’Asie

Au detour d’un chemin encaisse dans les montagnes, a quelque 2 000 metres d’altitude, appuyee contre la roche et soutenue par des pilotis, apparait une maison. L’interieur se reduit a une grande piece, le lieu de vie. Au fond, dans l’atre, la cuisine. Au milieu, quelques tabourets en bois entourent une table basse. C’est la salle a manger. Le long des murs noircis par la suie, quelques lits en planches, pas de cloisons, pas de chambre. Toute la famille vit dans la meme piece.
L’habitation est rustique, un plancher grossier soutient des murs en rondins, l’air et le froid en hiver y entrent de toutes parts. Sous la maison, entre le sol en terre et le plancher, il y a une autre petite piece, muree de pierres seches celle-la – la porcherie. Un peu plus haut, a quelques centaines de metres, la famille cultive un flanc de montagne, lopin de terre difficile a labourer, mais qui donne quelques pommes de terre et des legumes. Avec les cochons et le riz, bien sur, ils ne meurent pas de faim.
Les Liu Jie appartiennent a la minorite tibetaine. Ils sont nombreux dans cette region frontaliere montagneuse qui separe la Chine de la Birmanie et du Tibet. Les Liu Jie ont choisi de respecter la politique familiale du gouvernement, enfin presque, ils ont trois enfants au lieu des deux autorises. Un seul de leurs enfants n’a donc pas d’existence legale. Les autres, meme s’ils doivent avant tout aider leurs parents dans les travaux agricoles et domestiques, ont acces a l’ecole primaire. Le quotidien de cette famille est penible, sans etre toutefois terrible ni tragique, car ces enfants, comme leurs parents, n’ont pas connu autre chose que la pauvrete.