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Entre les murs

Auteur : Francois Begaudeau

Date de saisie : 00/00/0000

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Verticales-Phase deux, Paris, France

Prix : 16.00 / 104.95 F

ISBN : 978-2-07-077691-7

GENCOD : 9782070776917

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  • Les presentations des editeurs : 14/05/2006

“Ne rien dire, ne pas s’envoler dans le commentaire, rester a la confluence du savoir et de l’ignorance, au pied du mur. Montrer comment c’est, comment ca se passe, comment ca marche, comment ca ne marche pas. Diviser les discours par des faits, les idees par des gestes. Juste documenter la quotidiennete laborieuse.” Entre les murs s’inspire de l’ordinaire tragi-comique d’un professeur de francais. Dans ce roman ecrit au plus pres du reel, Francois Begaudeau revele et investit l’etat brut d’une langue vivante, la notre, dont le college est la plus fidele chambre d’echos.

Francois Begaudeau est l’auteur chez Verticales de deux romans remarques, Jouer juste (2003) et Dans la diagonale (2005), et d’une fiction biographique consacree aux Rolling Stones, Un democrate, Mick Jagger 1960-1969 (Naive, 2005).

  • La revue de presse Mohammed Aissaoui – Le Figaro du 13 avril 2006

C’est l’histoire dont revent tous les editeurs : un roman, tire au depart a 5000 exemplaires, rencontre un succes inattendu grace au bouche-a-oreille, avant de decrocher une recompense litteraire (le prix France Culture-Telerama)…

Trois decors, dans un college difficile du XIXe arrondissement, a Paris : la salle de cours, la salle des professeurs, et le conseil de classe. Le narrateur enseigne le francais, il raconte ses relations avec les eleves et, un peu, avec ses collegues. La plupart des adolescents (tous, ou presque, issus de l’immigration) ont un rapport eloigne avec les subtilites de la langue de Moliere. Un exemple, parmi tant d’autres ? Maria, tu peux expliquer ce que c’est une resurrection ?, interroge l’enseignant. C’est Mohammed qui repond : C’est quand par’emple un sportif il a perdu trois matchs et d’un coup il s’remet a gagner. Le recit aurait pu tomber dans le pathos, la complainte, mille fois rabaches dans ce genre de livre. Il n’en est rien : c’est vivant, drole et ironique, par moment cruel, et les situations sont incroyablement bien restituees, presque visuelles. Cela n’empeche pas l’auteur de dresser, en filigrane, un tableau ou la tension sociale est permanente…

  • La revue de presse Michel Abescat – Telerama du 15 fevrier 2006

L’ecole a ras de la classe. Obtenir de Souleymane qu’il rabatte sa capuche et retire son bonnet. Repondre a Indira qui demande si c’est vrai qu’on peut dire il pleut des cornes. Trainer Dico pour la enieme fois chez le principal. Supporter jour apres jour l’inanite des conversations en salle des profs – sophrologie, astrologie, merites compares des arrondissements parisiens. Expliquer a Mezut que leur n’est pas un verbe. Sans s’enerver. Le texte s’en tient aux faits, colle a la surface des choses, traque le geste et le regard, joue avec la langue et la syntaxe telles que les pratiquent Djibril, Ming ou Alyssa – oui mais m’sieur comment on sait c’est pas un verbe ? -, brule de toute l’energie des adolescents qu’il met en scene, dans une sorte de corps-a-corps avec la realite quotidienne. Entre les murs est un roman incroyablement vif, aigu, physique et violent. Apparemment brut de decoffrage. En fait, minutieusement compose… Mais Entre les murs est surtout un texte sur la langue, telle qu’elle s’ecrit, telle qu’elle se parle, telle qu’elle vit et evolue. Telle qu’elle revele, sans une once de moralisme, avec un impitoyable tranchant, tous les non-dits, toutes les contradictions, toutes les failles sociales et culturelles d’un modele republicain accroche a ses mythes et a ses illusions. Un formidable travail d’oreille et de voix aux couleurs puissantes, aux bonheurs parfois bouleversants…

  • La revue de presse Jean-Baptiste Harang – Liberation du 9 fevrier 2006

En septembre 2003, un homme de 32 ans au visage fin et tout en feuille de nerfs, dont le profil semble decoupe et suspendu dans l’air du printemps, decide de noter, a propos des classes de quatrieme et de troisieme auxquelles il enseigne, une anecdote par jour, dialogue ou histoire. Comme tant d’autres, mais avec une sorte d’enthousiasme muet, presque mechant, il a le sentiment d’etre ici au coeur des contradictions d’une societe, au point nevralgique, la ou ca ne marche plus. Il a aussi la conviction qu’il faut, sans plainte ni melancolie, le donner a lire. Sa volonte n’est d’ecrire ni un livre de prof, en general reactionnaire et apeure, ne decrivant que les trains sensationnels n’arrivant pas a l’heure, ni un essai dans lequel, le plus souvent, le grand absent est la classe elle-meme.

Francois Begaudeau est depuis neuf ans professeur de lettres, mais il prefere se qualifier de professeur de francais : C’est plus conforme a ma fonction. La plupart des problemes viennent de la deception. Les nouveaux professeurs pensaient enseigner la litterature et ils se retrouvent ici pour enseigner la langue. Il y a un hiatus a la Ionesco entre la formation et l’experience…. Begaudeau decrit le petit theatre dont je suis le coach sans commenter. Il ne s’epargne ni dans ses erreurs, ni dans ses pretentions, ni dans ses agressions malvenues, ni dans cette ironie qui est une maniere de survivre, mais qui tombe presque toujours a plat, quand elle n’est pas prise pour une insulte. J’ai progresse, constate-t-il, dans la rectification de ma langue pour me faire comprendre. Mais on sent qu’il ne voudrait pas progresser au point d’eviter le conflit : la durete ne l’effraie pas ; elle l’eveillerait presque… De petits signes ne cessent de rappeler que ces eleves veulent presque tous du contrat qu’ils ne cessent d’amender. Begaudeau tutoie ses eleves, qui le vouvoient : cela semble admis. Un jour, il decouvre qu’une adolescente turbulente lit la Republique de Platon. Sa finesse vaut plus que les prejuges que son attitude inspire. Un autre jour, un eleve violent finit par adresser au professeur qu’il insultait un mot d’excuse a faire pleurer. Rien n’est simple, tout surprend. Begaudeau dit que travailler ici l’a entierement faconne. Lorsqu’il assiste a un diner entre de petits bourgeois blancs, il croit rever : d’un autre monde, d’une autre France, qui regarde vivre celle dont il s’occupe avec une peur sans avenir. Le proviseur et ses collegues ont, d’apres lui, lu sans rancoeur un livre qui les concerne.

  • La revue de presse Daniel Martin – L’Express du 2 fevrier 2006

De ses observations d’enseignant, Francois Begaudeau a tire un bijou litteraire et documentaire…

Longtemps, il a note ce que disaient les uns et les autres, en cours, en salle des profs, en conseil de discipline. Un materiau saisi sur le vif qu’il a utilise pour composer ce roman – l’histoire d’une annee (2002-2003) passee face a des classes de quatrieme et de troisieme – qu’il a titre Entre les murs. On ne s’eloigne guere de cet etablissement ni de la question centrale : qu’est-ce qu’enseigner veut dire ?

Le sujet parait ecule. Begaudeau en tire un grand bouquin. De ceux qui nettoient le regard et devraient s’imposer comme des references, par leurs qualites tant litteraires que documentaires. L’auteur fait table rase des poncifs, donne a voir cette realite dans toute sa complexite. Sans rien negliger, ni le poids du quotidien ni les cris, les crises, les rires. Voire les coups de blues…

  • La revue de presse Albert Sebag – Le Point du 23 fevrier 2006

… en plus de son travail de prof de francais, Begaudeau est un ecrivain epatant. En 2003, il publie Jouer juste (Verticales), adapte ces temps-ci au theatre du Lucernaire. L’histoire d’un entraineur de foot qui demande a ses proteges de… jouer juste. L’annee passee, son deuxieme roman, Dans la diagonale, est salue par la critique. Un mois plus tard parait chez Naive un desopilant ovni mi-pamphlet mi-hommage consacre au leader des Rolling Stones, Un democrate, Mick Jagger, 1960-1969. D’un style fracassant, il raconte pourquoi la rock star est morte le 6 decembre 1969.

Il revient avec Entre les murs, qui ravira les amoureux de la belle langue et que les barons de l’Education nationale devraient se procurer illico. Le pari de l’auteur est fort simple : noter un fait quotidien durant cent trente-six jours de cours a ses classes de quatrieme et troisieme dans un lycee parisien du 19e arrondissement. Et la, tant pis pour les accros au desastre, tant pis pour les Brighelli pour qui le college ne peut etre qu’une fabrique de cretins, nous avons beaucoup ri. Begaudeau n’est pas sot. Il n’ignore pas qu’il aura le plus grand mal a decrypter Steinbeck ou Marivaux face a ces quatre Chinois encastres dans le coin de la classe qui ne comprennent goutte a la moitie de ses propos. Avec eux, explique-t-il, je suis contraint a la discrimination positive ! Alors il persiste. Laic ou pas, etre prof de college en Zep a souvent des allures de sacerdoce. Avec ses ados de 13 a 15 ans, c’est une joute verbale incessante ou Mohammed, Khoumba ou Alyssa sont passes maitres dans l’art de la dialectique. Ils ont reponse a tout. Comme Jourdain de la prose, Zineb et les siens font du sophisme sans le savoir…

  • La revue de presse Jean-Luc Douin – Le Monde du 27 janvier 2006

… Comme vous et moi, Francois Begaudeau a du croiser un jour un ancien camarade de lycee auquel il n’avait plus rien a dire et qu’il n’osa pas econduire. Cette mesaventure lui souffla Dans la diagonale, une impitoyable satire de moeurs qui n’appartenait qu’a lui, a son delire verbal, son desir de fiction.

Professeur de francais dans un college parisien, il signe aujourd’hui un ouvrage qui, pour etre stupefiant d’authenticite, n’en refuse pas moins le temoignage de l’enseignant deboussole par l’inculture de ses eleves, l’essai travesti en romance desenchantee, l’analyse des etats d’ame de l’educateur heroique. Entre les murs est de l’anti-autofiction.

Les lecteurs des Cahiers du cinema savent aussi que Francois Begaudeau fait merveille pour epingler les films au tableau noir. Et quiconque y avait lu son eclairante analyse de L’Esquive, le film d’Abdellatif Kechiche (dans le n 592), comprendra mieux pourquoi il etait si pertinent sur la facon dont, comme au theatre, les beurs jouent la langue (de Marivaux, ou de leurs tchatches, palabres et joutes oratoires en halls d’immeuble). Entre les murs est un livre drole et angoissant sur ces deux gouffres culturels qui separent profs et eleves, attisent les malentendus…

Begaudeau croit aux valeurs de l’ecole republicaine, improvise pour l’adapter a la diversite de ses eleves. Il refuse le roman a references, la litterature du passe, et pose avec Entre les murs un jalon pour une litterature en devenir, integrant le reel ambiant, gestes et paroles, se gaussant de l’intime pour restituer ce qu’il voit chaque jour : la classe…

  • La revue de presse Caroline Brizard – Le Nouvel Observateur du 12 janvier 2006

Il avait ecrit des monologues interieurs dejantes ou il etait question de jeu, d’amour et d’esquive. Prof de lettres, Francois Begaudeau raconte cette fois, dans ce recit tragi-comique, son quotidien d’enseignant dans un college pas tres reposant. Entre les murs est ne de son journal de bord, ou il s’est astreint a consigner un fait par jour pendant un an : dialogues surrealistes en salle des profs, echanges droles avec ses eleves, punitions. Je ne voulais pas faire un essai sur l’ecole. Il fallait oublier ce que j’en pense, m’en tenir a la surface, au fait. Virtuose de l’ecriture (on pense a Michel Butor et Nathalie Sarraute), Begaudeau est tour a tour satirique, quand le professeur engage l’eleve Mezut a se mettre au travail. Poetique, pour decrire Hinda, qui ressemblait a je ne sais plus qui et avait l’air triste aujourd’hui, petillance eteinte de ses beaux yeux noirs. Admiratif toujours quand il parle de Sandra, cette jeune fille douee pour la vie, pour laquelle il multiplie les metaphores energetiques, centrale nucleaire menacant d’irradier la capitale en explosant. Comme si, pour lui, une telle vitalite n’allait pas de soi.

Francois Begaudeau s’amuse aussi a consigner la langue qu’il entend a l’etat brut… Par la vertu des mots, l’auteur retrouve cet espace de liberte qui lui manque, il s’echappe, et on s’echappe avec lui. Hors les murs.