Auteur : Michel Vanoosthuyse
Date de saisie : 02/03/2010
Genre : Lettres Et Linguistique Critiques Et Essais
Editeur : Agone editeur, Marseille, France
Collection : Banc D’Essais
Prix : 24.00 / 157.43 F
ISBN : 9782748900422
GENCOD : 9782748900422
Sorti le : 07/02/2005
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- Les presentations des editeurs : 27/11/2009
Sans doute ne saurait-on reprocher, a priori, a un auteur, et encore moins a un auteur qui a atteint un age biblique, d’avoir evolue en cours de route et d’avoir troque l’ivresse guerriere de ses debuts contre les jouissances intenses que lui procurent la contemplation d’une fleur, la vue d’un insecte ou la chasse aux papillons. Des ruptures avec le nationalisme des debuts, l’histoire de la litterature n’offre-t-elle pas bien d’autres exemples ? Le parcours d’Ernst Junger (1895-1998), du guerrier et publiciste de combat au sage contemplatif cultivant la Muse, a pour lui les apparences. Mais la question qui se pose est celle des limites de cette metamorphose et de l’interet que l’auteur et ses hagiographes ont au contraire a la mettre en avant. Junger n’a jamais cesse de revenir sur lui-meme, non pour s’expliquer, mais plutot pour se faire disparaitre a mesure. Le refus de l’aveu du lifting, pratique dans laquelle il est passe maitre, se dissimule lui-meme sous une raison hautaine, selon laquelle, se posant en artiste, il ne saurait autoriser un regard dans son atelier personnel. Au lieu du rude et sincere travail de depassement des errements ideologiques initiaux s’impose le travail insidieux de leur oubli.
L’idee de ce livre est nee de l’etonnement devant ce qui semble etre devenu l’evidence d’une honorabilite politique et d’une qualite litteraire de premier plan. Celui qui defilait rue de Rivoli a la tete de sa compagnie et frequentait le Tout-Paris des collaborateurs, celui dont Je suis Partout du 20 juin 1942 appreciait le Journal de guerre (de Hans Carossa, editions Grasset, 1999) a fini par etre presque unanimement reconnu comme un intellectuel allemand antinazi qui aurait lucidement denonce ” les dangers de la vision totalitaire du national-socialisme “. Il ne s’agira pas ici de relater l’histoire de la reception de Junger en France, mais de se demander comment et a quelle fin son image a ete rendue acceptable, et ce que recouvre, plus largement, l’entree d’un auteur a passe fasciste dans la litterature ” pure “. L’assignation a posteriori des recits de guerre au langage d’une esthetique de la modernite, detachee, ” medicale “, celle d’une experience nue, bref, d’une avant-garde opposee aux archaismes d’humanistes et pacifistes empetres dans leur ideologie moralisatrice et leurs bons sentiments renverse le compromis politique en qualite de style.
Ce livre s’appuie sur des textes politiques de Junger inedits en francais (dont des extraits sont ici traduits pour la premiere fois), parus posthume en Allemagne (Politische Publizistik 1919-1933, Klett-Cotta, 2001).
- La revue de presse Jean Blain – Lire de fevrier 2005
Consacre dans notre pays comme l’un des plus grands ecrivains allemands du XXe siecle – sinon le plus grand – Ernst Junger est aussi, pour le public francais, ce sage a l’eternelle jeunesse et au port altier, goutant par-dessus tout la contemplation des fleurs et des papillons, que decrivent complaisamment les recits des voyageurs qui lui rendirent visite, jusqu’a sa mort en 1998 a l’age de 103 ans, dans le village du sud de l’Allemagne ou il avait elu domicile apres la guerre.
C’est precisement cette image et ce mythe que bouscule le livre de Michel Vanoosthuyse, Fascisme et litterature pure…