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Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis

Auteur : Salim Lamrani

Preface : Ignacio Ramonet

Date de saisie : 30/11/2006

Genre : Politique

Editeur : Temps des cerises, Pantin, France

Prix : 15.00 / 98.39 F

ISBN : 978-2-84109-636-7

GENCOD : 9782841096367

  • Les presentations des editeurs : 16/09/2008

Ricardo Alarcon de Quesada : Je vais vous faire une confidence. Il y a une liberte dont ne beneficient pas les Cubains, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains emigrent vers d’autres cieux, et d’autres, quelques centaines, integrent le commerce de la dissidence : il s’agit de la liberte d’acheter, de la liberte de consommer. C’est malheureusement quelque chose que nous ne pouvons pas offrir a notre peuple car nos ressources naturelles sont limitees. Quant au reste, je crois que le peuple cubain est l’un des peuples les plus libres, les plus instruits de notre monde.
Maintenant, il est vrai que nous avons atteint un niveau d’education, un developpement de la culture similaire a celui des pays developpes. Cependant, nous n’avons pas les moyens d’avoir le niveau de consommation des pays europeens ou des Etats-Unis. C’est l’un des defis auxquels nous faisons face, et qui concerne surtout notre jeunesse. Notre peuple est exigeant d’un point de vue materiel, car il est eduque. Vous ne rencontrez pas ce genre de probleme dans les autres pays d’Amerique latine frappes par l’analphabetisme. Il n’y a pas ce genre de revendication. Devons-nous pour autant maintenir les peuples dans l’ignorance ? Je ne crois pas.

Salim Lamrani a notamment publie Washington contre Cuba (Le Temps des Cerises, 2005) et Cuba face a l’Empire (Editions Timeli, 2006).

  • Les courts extraits de livres : 16/09/2008

Influence des Etats-Unis avant la Revolution

Salim Lamrani : Quel degre de controle ou d’influence exercaient les Etats-Unis aux niveaux politique, economique et social lors du triomphe de la Revolution en 1959 ?

Ricardo Alarcon de Quesada : Les Etats-Unis avaient une tres grande influence politique a Cuba. Je crois que le terme d’influence est plus juste. Dans les annees 1950, l’amendement Platt, que Washington avait impose au debut du XXe siecle, n’existait plus legalement. Rappelez-vous que cet amendement autorisait les Etats-Unis a intervenir militairement a Cuba.

Salim Lamrani : Et pour ce qui est de l’influence economique ?

Ricardo Alarcon de Quesada : L’influence economique etait enorme. L’economie cubaine etait presque partie integrante du marche etasunien car elle dependait de maniere vitale des exportations de sucre vers les Etats-Unis.
L’influence d’ordre culturel etait egalement tres importante pour des raisons historiques et geographiques : Cuba a ete pour ainsi dire administree par les Etats-Unis. Il y avait une sorte de fatalisme geographique dans le subconscient collectif de Cuba, un fatalisme intentionnellement alimente par l’idee selon laquelle il n’etait pas possible de se developper sans l’aval des Etats-Unis, disons independamment des Etats-Unis. Cette idee etait fondee, car chaque fois qu’il y a eu des velleites d’independance a Cuba, et cela remonte a la guerre contre l’Espagne, les Etats-Unis sont intervenus militairement, que ce soit en 1898, en 1907 ou lors de la Revolution de 1933.
En 1933, l’armee n’a pas occupe militairement le pays, mais le peuple tout entier redoutait une intervention de la flotte nord-americaine, rassemblee en masse dans la baie de La Havane. L’ambassadeur etasunien a Cuba agissait en tant que superpouvoir et etait l’homme politique le plus important de l’ile.
Ainsi, le sentiment selon lequel il n’etait pas possible de vivre independamment des Etats-Unis etait bien reel. Pour les Cubains de l’epoque, tout ce que pouvait entreprendre le pays pour secouer le joug nord-americain etait vain, voue a l’echec, car il en etait alle ainsi precedemment.

Salim Lamrani : Pourquoi le gouvernement cubain accepte-t-il la presence militaire etasunienne a Guantanamo ?

Ricardo Alarcon de Quesada : Nous ne l’acceptons pas du tout. Nous avons maintes fois declare que l’occupation militaire d’une partie de notre territoire etait illegale et illegitime. Cela fait plus de 45 ans que nous denoncons cette presence delictueuse aupres des instances internationales et de la communaute internationale. Nous menons une grande bataille politique et diplomatique en ce sens, mais pacifiquement. Il serait absurde de pretendre deloger les Etats-Unis de Guantanamo par la force, car cela signifierait la guerre.