Auteur : Michel Tort
Date de saisie : 26/03/2005
Genre : Psychologie, Psychanalyse
Editeur : Aubier, Paris, France
Collection : Psychanalyse
Prix : 24.00 / 157.43 F
ISBN : 978-2-7007-2427-1
GENCOD : 9782700724271
- La revue de presse Didier Eribon – Le Nouvel Observateur du 31 mars 2005
Mais qu’est donc devenue la psychanalyse en France depuis une bonne vingtaine d’annees ? Rien d’autre qu’une discipline normative qui cherche a retablir l’ordre familial traditionnel partout ou il est mis a mal par les evolutions de la societe, nous dit Michel Tort dans un livre aussi savant que polemique et dont on peut penser qu’il est appele a faire date. On l’a vu recemment lors des debats sur le mariage homosexuel et l’homoparentalite : les psychanalystes se sont distingues par leurs sermons reactionnaires… On a vraiment l’impression que les psychanalystes font preuve d’une belle unanimite – les exceptions sont rares – lorsqu’il s’agit de deplorer l’effritement d’une conception ancienne de la famille ou les roles etaient bien definis, avec le pere severe et la mere douce… Michel Tort dresse un accablant sottisier de ces peroraisons retrogrades,… Mais il ne se contente pas de pointer ce qui ne serait que des derives d’une theorie autrefois pure. Il remonte en effet jusqu’aux fantasmagories de Freud sur le Pere, dans Totem et tabou par exemple. Et il demonte avec une evidente jubilation la doctrine lacanienne du Phallus et de la fonction paternelle, si influente a l’heure actuelle, et qu’il ramene a ses origines chretiennes et passeistes. Tort entend defendre une autre conception de la psychanalyse: a ses yeux, elle n’a pas pour vocation d’entraver les innovations sociales au nom de lois eternelles, mais au contraire de les accompagner et d’aider les individus a les vivre. C’est pourquoi il prone une renovation radicale de la theorie analytique et de ses concepts. Apres avoir lu son livre, on peut se demander si c’est possible. Et meme si c’est souhaitable… Mais s’il reste une chance pour une renaissance, il ne fait aucun doute que l’auteur de ce beau livre y aura grandement contribue.
- La revue de presse Genevieve Delaisi de Parseval – Liberation du 24 mars 2005
C’est un pave. Mais c’est aussi un pave dans la mare aux canards des sciences humaines francaises, l’auteur tirant a feu nourri et non sans parfois une justesse et un a-propos confondants sur tous ceux (psys de tout poil, anthropologues, sociologues, etc.) qui ont eu le malheur ou la bonne idee de s’exprimer sur la question du pere depuis une quarantaine d’annees. Le tout n’est, au demeurant, nullement indigeste et s’avere meme parfois carrement desopilant, Michel Tort sachant manier l’ironie, voire le persiflage, comme nul autre. Parions qu’il ne va pas se faire que des amis parmi ceux qui vont se voir ainsi epingles… Revenons un instant sur le titre de l’ouvrage : le dogme est un point de doctrine etabli comme une verite fondamentale et qu’on n’a donc pas a discuter ni a contester (tels sont par exemple les dogmes d’une religion qu’on croit aveuglement) ; par extension, le dogme est une opinion posee comme une certitude et qui est, par definition meme, anhistorique. Or et ce n’est pas un hasard comme le montre excellemment Tort il se trouve que la git la caracteristique exacte du dogme paternel, nerf de la guerre de la psychanalyse, mais en meme temps peut-etre son talon d’Achille… Tort denonce a juste titre le travers d’une certaine psychanalyse : preter au symbolique, abusivement amalgame avec une mythique fonction paternelle, les caracteres d’un ordre qui serait universel et qui echapperait a toute mise en perspective historique. Or et sa demonstration est sur ce point particulierement documentee pas plus le symbolique que le Droit (qui en est une des expressions occidentales privilegiee) n’echappent a l’histoire… Un livre ambitieux, on le voit : rien moins que jeter les bases d’une histoire positive de la paternite. On regrette cependant que Michel Tort n’ait pas consacre un chapitre entier a expliciter sa position personnelle sur la fin du dogme paternel. Non qu’elle soit obscure ou mal exprimee, mais on deplore son emiettement tout au long de ces quatre cent quatre-vingt-dix pages… Les dernieres lignes de l’ouvrage sont representatives de la position d’ouverture de l’auteur : La place est libre, dans la societe, pour d’autres cours de la parentalite, dans lesquels une autre version de la psychanalyse a deja pris de longue date sa place, a partir de son experience pratique et non du recyclage du Pere de la religion….