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Francois Augieras : le dernier primitif

Auteur : Serge Sanchez

Date de saisie : 00/00/0000

Genre : Biographies, memoires, correspondances…

Editeur : Grasset, Paris, France

Prix : 20.00 / 131.19 F

ISBN : 978-2-246-69471-7

GENCOD : 9782246694717

  • Le journal sonore des livres : Serge Sanchez – 10/10/2006

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Serge Sanchez – 09/10/2006

  • Les presentations des editeurs : 09/06/2009

Par un de ces pressentiments dont il etait coutumier, Francois Augieras (1925-1971) avait devine que sa notoriete serait posthume. La publication de sa premiere biographie devrait donner lieu a une reconnaissance attendue. Lorsque nait Francois Augieras, le 18 juillet 1925 a Rochester, aux Etats-Unis, son pere, professeur de musique, est mort depuis trois mois des suites d’une operation. Rentre en France avec sa mere, il passe quelques annees a Paris, puis c’est le depart vers le Sud-Ouest, lieu d’origine de sa famille paternelle. Augieras fera du Perigord magique, haut-lieu de la prehistoire, une terre spirituelle. Sous l’Occupation, il s’enrole dans un camp de jeunesse. On joue du pipeau. On danse autour du feu. On rend un culte aux forces de la nature, ce qui convient au nomade qu’il sera toujours. N’ayant guere la fibre marechaliste, il finit par devenir acteur dans un theatre de marionnettes ambulant puis moniteur pour jeunes delinquants… En 1944, il s’engage dans la marine a Toulon. On l’envoie en Algerie et le desert le revele a lui-meme. Deux ans plus tard, il se rend chez son oncle, le colonel Augieras, personnage excentrique, qui vit dans un musee fortifie en plein Sahara. Avec cet oncle, il decouvre l’homosexualite. De cette rencontre, nait Le Vieillard et l’Enfant, livre publie a compte d’auteur sous le pseudonyme d’Abdallah Chaamba et envoye a des correspondants choisis. Parmi eux, Andre Gide. Augieras le rejoindra en Sicile, puis a Nice. Deux entrevues emouvantes, ultime et breve incandescence amoureuse dans l’existence du vieil ecrivain qui meurt quelques mois plus tard. Francois a a peine vingt-cinq ans. En maraude sur les chemins du monde, Augieras sejourna ensuite au mont Athos et envisagea de s’y faire moine. C’est la qu’il approfondit sa connaissance des icones, avec ce fond d’or qu’on retrouvera dans ses propres peintures. Car on sait peu qu’il fut aussi peintre. Ses oeuvres, aujourd’hui tres recherchees par certains collectionneurs – on pourrait presque dire des inities- sont impregnees d’un mystere sacre, au meme titre que certaines oeuvres d’art primitif, d’Oceanie ou d’Afrique. Nomade, aventurier, barbare d’Occident, comme il se nommait lui-meme, Augieras finira a l’asile, parmi les vieux, les indigents, les idiots du village. Parachevant l’existence d’un artiste maudit, artiste paien en quete de depassement spirituel, il meurt au CHU de Perigeux d’une crise cardiaque, en decembre 1971, a quarante-six ans seulement. Ma plus belle oeuvre d’art, serait-ce ma vie ? se demandait Francois Augieras. Epopee drolatique, a la fois grandiose et miserable, son existence prend souvent des allures de legende ; traversee de flamboiements, de magie, comme celle d’un Van Gogh ou d’un Rimbaud, c’est une passionnante aventure spirituelle. Sa biographie se lit comme un livre d’aventures.

  • La revue de presse Daniel Rondeau – L’Express du 9 mars 2006

Les lecteurs du Vieillard et l’enfant, livre longtemps confidentiel signe d’un pseudonyme (Abdallah Chaamba), savaient quel etrange genie habitait l’auteur. Les familiers du Maroc n’ignoraient pas que c’est sur la plage d’Agadir que Francois Augieras avait eu la revelation de son destin : errer a la surface de la terre, dans les cailloux du Sahara ou sous les ciels du mont Athos. L’errant avait entretenu autour de lui une reputation sexuelle qui lui faisait trouver son plaisir dans les memes ruelles qu’Andre Gide, par ailleurs l’un de ses premiers lecteurs, mais egalement dans les bordels arabes, cela aussi etait connu. Et nous avions pris connaissance tardivement (dix ans apres) de sa fin miserable dans un hospice de Perigueux, en 1971, parmi les vieillards et les fous.

Ces elements epars formaient un puzzle mysterieux que le temps n’effacait pas. Augieras etait une legende sans tapage, mais qui durait, car elle semblait toujours renaitre d’une ecriture ou l’on sentait la presence pleniere d’un homme et son besoin d’absolu…

Serge Sanchez nous propose une biographie a la fois precise et reveuse de ce meteore a la barbe de bouc…

  • Les courts extraits de livres : 22/09/2006

Bien qu’il n’affichat que mepris envers ceux qu’il nommait les hobereaux de Saint-Astier, Francois avait conserve un precieux document extrait des archives paternelles la photographie de l’opulente famille Augieras vers les annees 1870. Les toilettes sont soignees, un rien severes peut-etre mais on s etait habille pour la photo. Il fallait du temps pour impressionner la plaque sensible. Cela imposait ces attitudes hieratiques que la photo instantanee a supprimees on posait comme pour l’eternite, ce qui seyait merveilleusement a ces augustes personnages ! Au centre : les enfants gages dune belle posterite. Autour d’eux, les femmes’ Mitaines, crinolines, coiffures torsadees telles meringues saupoudrees de miel… Derriere elles, les hommes. Ruban a la boutonniere, barbiche a l’imperiale, ce sont gens graves et serieux, prompts en politique et en affaires, n’en doutons pas.
Mais franchissons le siecle. Dans l’annuaire du Tout Sud Ouest, annees 1905-1906, on trouve en Dordogne un Augieras conseiller d’arrondissement, avocat a Bergerac Est aussi mentionne Leonce Silvio Augieras. Francois n’est pas loin : il s agit de son grand-pere. Celui-ci etait ne a Bergerac le 5 fevrier 1847 De son passage en 1870 dans les Mobiles de la Dordogne – ou on l’appelait Henri IV a cause de sa barbiche et de son accent du Sud-Ouest -, il avait conserve un air martial. Pour lui, deux adresses sont signalees, une a Paris, rue de Grenelle (les beaux quartiers !), l’autre a La Trade, ses terres proches de Perigueux. Un pied a la ville, l’autre a la campagne… On s’exilait pour les besoins du negoce, puis, fort de sa reussite, on revenait au pays briguer une mairie ou un conseil general. Deux fils sont mentionnes. Marcel, ne en 1882, alors sous-officier d’artillerie a Versailles, inspirera la figure de l’oncle fouettard du Vieillard et l’Enfant… Pierre, ne a Paris le 8 mars 1884, n’est autre que le pere de Francois. En 1905, frais emoulu du Conservatoire, c’est deja un musicien plein d’avenir, compositeur, pianiste de son altesse le prince regent de Baviere.