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Freud ecrivant la psychanalyse

Auteur : Jean-Francois Sauverzac

Date de saisie : 05/02/2007

Genre : Psychologie, Psychanalyse

Editeur : Aubier, Paris, France

Collection : Psychanalyse

Prix : 22.00 / 144.31 F

ISBN : 2-7007-2429-1

GENCOD : 9782700724295

Sorti le : 26/01/2007

  • Les courtes lectures : Lu par Joachim Salinger – 16/09/2008

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Joachim Salinger – 09/05/2007

  • Les presentations des editeurs : 16/09/2008

Freud a decouvert des espaces inconnus ou glissent et s’entrechoquent des icebergs immobiles, oscillant dans un temps qui ne passe pas : l’inconscient. Il a invente une methode pour en explorer les profondeurs, un discours pour le presenter. Formulant les regles de sa pratique, s’efforcant d’ecrire l’evenement psychique, il n’a cesse de remettre en chantier le discours de sa methode. La psychanalyse est sa creation. Les uns la recusent, d’autres veulent la refonder. Des traducteurs, des psychanalystes, des philosophes et d’autres commentateurs, francais, anglo-saxons, germanistes, ont particulierement interroge durant la seconde moitie du XXe siecle la maniere dont il a pense et expose sa theorie. Pour relever les contraintes specifiques qui se sont imposees a son ecriture, Jean-Francois de Sauverzac a du relire nombre d’entre eux, ecouter leurs interpretations du reve de Freud : son desir de fonder la connaissance rationnelle de l’inconscient. D’ou un retour au texte freudien, a quelques figures saillantes de la rhetorique et des strategies mises en oeuvre, puis, par-dela le mythe d’un texte originaire ou perdu, un effort pour suivre, entre concepts et signifiants, le mouvement de ce work in progress et de son eternel retour.

Jean-Francois de Sauverzac est psychanalyste et enseigne la philosophie. Il est l’auteur de Francoise Dolto : itineraire d’une psychanalyste et Le Desir sans foi ni loi. Lecture de Lacan, aux editions Aubier.

  • Les courts extraits de livres : 16/09/2008

ROME, ESPACE DE L’ECRITURE DU TEMPS

Dans Les Mots et les choses, Michel Foucault caracterise la psychanalyse comme une demarche qui va a contresens des autres sciences de l’homme, l’histoire, la linguistique, l’ethnologie, lesquelles demeurent toujours dans l’espace du representable, alors que la psychanalyse avance pour enjamber la representation et fait surgir le fait nu qu’il puisse y avoir systeme, regle, representation. Foucault pointe, du meme coup, le noyau de finitude auquel elle se confronte : le desir qui demeure toujours impense au coeur de la pensee et le grand ordonnateur de toute loi qu’est le langage, structure par excellence, systeme, considere, a l’instar des linguistes, independamment des significations qu’il rend possibles. On peut ne pas adherer a la perspective tres generale et philosophique de Foucault qui, dans ces pages, traite implicitement de l’inconscient et de la fini-rude comme de notions communes a des champs en realite exclusifs les uns des autres. Car si l’on peut parler d’inconscient pour l’ensemble des regles de la grammaire, du langage comme systeme d’oppositions et de differences ainsi que l’envisage la linguistique de Saussure, ou encore des structures elementaires de parente, du potlatch ou de la kula comme systemes institues d’echange symbolique, il ne s’agit pas d’un inconscient au sens du refoule, tel que la psychanalyse en a promu le concept, c’est-a-dire d’un desir juge inacceptable par la censure, le moi ou la norme morale, qui devient proprement inaccessible a la conscience dont il est ecarte par un mecanisme dynamique et qui, a l’origine d’un conflit a l’interieur meme du psychisme, tente toujours de faire retour sous la forme symbolique d’un message signifiant. Foucault met ici sur le meme plan des realites heterogenes, l’inconscient au sens dynamique du refoule et l’inconscient au sens descriptif : ce dont on ne connait pas encore la regle ou le principe, mais auquel la rationalite et la conscience peuvent avoir acces.
Toutefois, lorsqu’il affirme que la psychanalyse s’aventure au-dela du representable, ce en quoi elle reste necessairement toujours une pratique et ne peut se deployer comme pure connaissance speculative ou anthropologie generale,

  • Les courts extraits de livres : 16/09/2008

C’est la difficulte a circonscrire l’inconscient dans le champ du representable, avec une batterie conceptuelle adequate, saturee, a le constituer et le fixer dans un espace plan, comme une realite conceptuelle objectivable, qui peut expliquer en partie les mouvements complexes de l’oeuvre de Freud, et dont on ne saurait rendre compte en invoquant seulement les etapes progressives de la decouverte ou les moments de crise conceptuelle, precipites justement par les nouvelles avancees theoriques (comme la seconde topique apres la decouverte du surmoi ou l’hypothese biologisante de la pulsion de mort).
A titre d’illustration, rappelons que, si Freud est assez rapidement conduit a envisager les processus inconscients sous trois registres qu’il invente – topique, economique, dynamique -, il lui est toujours difficile de tenir ensemble les trois perspectives. Il est meme singulier qu’il oublie d’en nommer explicitement une, pourtant omnipresente, comme l’a souligne Lacan : le champ linguistique (Le Mot d’esprit, La Psychopathologie). Mais on ne peut pas embrasser du regard un paysage par trois fenetres situees sur des murs adjacents, tout en negligeant qu’on est entre par une porte laissee ouverte dans le dernier mur du quadrangle.
On serait tente d’appliquer a l’oeuvre de Freud la metaphore qu’il utilise lui-meme dans Le Malaise dans la culture pour faire saisir comment et pourquoi l’appareil psychique se derobe a la representation. Il le compare a la Ville eternelle, Rome, avec ce que revelent de ces premieres delimitations les historiens1. On peut imaginer la superposition de ruines et de vestiges, mais aussi, par analogie avec l’appareil psychique, quelque chose ou rien de ce qui s’est une fois produit n’a disparu, dans lequel, a cote de la derniere phase de developpement, subsistent encore egalement toutes les phases anterieures.