Auteur : Ludwik Fleck
Traducteur : Nathalie Jas
Date de saisie : 23/10/2005
Genre : Sciences et Technologies
Editeur : Belles lettres, Paris, France
Collection : Medecine & sciences humaines
Prix : 25.00 / 163.99 F
ISBN : 978-2-251-43013-3
GENCOD : 9782251430133
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Publie en allemand en 1934, Genese et developpement d’un fait scientifique est l’un des textes les plus importants jamais ecrit en epistemologie. Avec lui, Fleck inaugure ce qu’on appelle aujourd’hui la sociologie ou l’histoire sociale des sciences et entreprend d’elaborer une theorie de la connaissance qui sera reprise dans les annees 60-70 par Thomas Kuhn. A partir du cas idealement complexe de l’histoire de la syphilis et, plus particulierement, de la “reaction” de Wassermann, Ludwik Fleck elabore une vision extremement originale de l’activite de recherche et de la production de nouveaux savoirs scientifiques. Fort de sa propre experience de bacteriologiste et d’immunologiste, Fleck montre que les “faits scientifiques” sont construits par des groupes de scientifiques qui definissent autant de “collectifs de pensee”. Chaque collectif possede un “style de pensee” specifique, avec des normes, une conceptualite et des pratiques particulieres. Fleck s’interesse au fonctionnement du collectif, a l’incommensurabilite des faits scientifiques produits par differents collectifs, aux consequences de cette incommensurabilite, ainsi qu’aux transformations des styles de pensee. La pensee riche et complexe qu’il propose integre des analyses qui, portant aussi bien sur la psychologie des chercheurs que sur leurs techniques materielles ou sociales, s’interessant a la recherche medicale comme aux conditions de l’elaboration d’une theorie de la connaissance, rendent compte de la realite de la production des savoirs scientifiques au moment ou emergent les technosciences.
Ludwik Fleck (1896-1961) est unanimement reconnu comme pionnier du courant constructiviste et relativiste en philosophie des sciences. Medecin du ghetto de Lwow pendant la guerre, deporte a Auschwitz, force par les Nazis a travailler sur un vaccin contre le typhus, emigre apres la guerre en Israel, passionne autant par la recherche en science que par la reflexion sur les sciences, Fleck fut redecouvert a partir des annees 1960.
- La revue de presse Jean-Baptiste Marongiu – Liberation du 20 octobre 2005
Il y a des livres enfouis, pour ne pas dire secrets, que l’on n’a pas lus personnellement, qui a la limite pourraient ne pas avoir existe, si les effets de leur lecture ne se manifestaient de maniere incompressible dans les oeuvres de ceux qui les ont lus. Publie en allemand en 1935, Genese et developpement scientifique, de Ludwik Fleck, en est un. C’est a proprement parler un trou noir au sens ou il faudrait en supposer l’existence meme s’il avait disparu de notre regard, pour dater et expliquer l’origine et le devenir de l’univers actuel de l’epistemologie, de la sociologie et de l’histoire des sciences. Opportunement encadree par une preface d’Ilana Lowy, historienne des sciences a l’Inserm, et une postface de Bruno Latour, sociologue de l’innovation a l’Ecole des mines, cette oeuvre phenix vient d’etre traduite en francais, soixante-dix ans apres sa publication. A titre comparatif : une trentaine d’annees la separent de la version anglaise, introduite par Thomas Kuhn lui-meme, qui en avait eu connaissance des l’apres-guerre.
D’une certaine maniere, c’est son propre trajet humain et scientifique plus que mouvant qui predispose Ludwik Fleck a definir l’histoire des connaissances scientifiques non pas comme une lente accumulation, ordonnee et sans asperites, mais comme un mouvement incessant, parfois chaotique, de deplacements et de fractures des frontieres des savoirs… ce qui l’interesse vraiment, c’est de comprendre comment, a partir d’hypotheses parfois fausses et d’experiences peu claires, de nombreuses erreurs et de multiples detours, emerge une vraie connaissance dont la verite ne durera qu’un temps : L’acte cognitif n’est pas une relation binaire entre le sujet et l’objet, entre celui qui connait et ce qui est a connaitre. Parce qu’il est un facteur fondamental de toute nouvelle connaissance, l’etat du savoir du moment doit etre le troisieme terme de cette relation….