Auteur : Marielle Caors
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Litterature Etudes et theories
Editeur : Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France
Collection : Revolutions et romantismes, n 9
Prix : 24.00 / 157.43 F
GENCOD : 9782845163263
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 01/02/2007
Ne de la rencontre de deux pistes de travail – George Sand et la musique, George Sand et les autres arts, le colloque organise par l’association “Chateau d’Ars, Centre du Romantisme” en septembre 2004 a rassemble un groupe de specialistes attires par les themes extralitteraires qui bourgeonnent autour des oeuvres de Sand : peu d’ecrivains ont autant qu’elle explore les arcanes, les interets, les potentialites des autres arts, ici precisement la musique, l’opera et le theatre. I.es connaissances et les interets musicaux de Sand, la facon dont elle les utilise et les developpe, l’image du musicien – et de la musicienne, l’opera comme art total ont occupe la premiere moitie de ce colloque. Dans la seconde, la passion contrariee de Sand pour le theatre nous la montre meilleure theoricienne qu’auteur dramatique, mais lui permet de developper des oeuvres originales dans leur tond comme dans leur forme, evoquant le comedien, son jeu, son role dans la societe, l’importance de la comedie, jusques et y compris celle dos marionnettes. Une unique incursion vers la peinture nous a de surcroit montre qu’il restait encore d’autres passions artistiques a explorer chez George Sand.
Une fois encore nous avons experimente a quel point l’etude de l’oeuvre de Sand demeure feconde, novatrice et passionnante.
Revolutions et Romantismes
Collection dirigee par Pascale Auraix-Jonchiere et Gerard Loubinoux
- Les courts extraits de livres : 01/02/2007
Odette GONCET
George Sand et les musiques d’Europe
Amantine Aurore Lucile Dupin est nee en musique ainsi que le raconte George Sand, quarante ans plus tard, dans Histoire de ma vie : le violon de son pere, le son d’un flageolet par-dessus les toits de Paris, les sons qu’elle tirait du treillis en laiton de l’alcove en le grattant avec ses ongles. La future George Sand est musicienne d’instinct. Les cris de Paris, les complaintes puis, plus tard, les briolages, les vielles et les cornemuses du Bourbonnais et du Berry nourriront son sens musical aussi bien que les airs exquis que chantait son aristocratique grand-mere ou qu’elle jouait sur son epinette.
Douee pour la musique, impregnee de culture musicale, aussi bien savante que populaire, tout au long de son enfance, George Sand ecrit qu’elle etait organisee pour etre musicienne, si sa grand-mere se fut seule melee de son education musicale. Porpora et les maitres italiens de l’age baroque lui eussent inculque leur art qui exprime le beau mieux que tous les autres.
Toute jeunette elle compose, elle arrange les etudes qui lui sont proposees par son maitre de musique : Dieu sait a quelles stupides aberrations musicales je m’abandonnais ainsi. J’y prenais un plaisir extreme.
Sa grand-mere lui a donne un maitre de musique qui vient de La Chatre pour l’enseigner et tres vite elle sait reconnaitre au milieu des pages sans interet dont il lui impose l’etude des petits diamants, des sonatines de Steibelt, des pages de Gluck, de Mozart et de jolies etudes de Pleyel et de Clementi. Certes elle pratique un instrument, le jeune pianoforte, mais par-dessus tout elle aime le chant. Elle chante des airs des operas de Mozart qui sera son dieu.
Mariee a Casimir Dudevant, quasiment inculte, en particulier en musique, Aurore Dupin connaitra vite sa douleur, meme s’il accepte de lui procurer les partitions qu’elle reclame et achete meme un pianoforte. Elle se console en chantant avec des amis. Et un evenement majeur surviendra qui lui procurera une intense emotion : les funerailles de Louis XVIII a Saint-Denis, le 24 octobre 1824.
- Les courts extraits de livres : 01/02/2007
Mme Dupin chante la partie de tenor avec une telle puissance d’expression et de charme qu’il arrive a la petite fille de fondre en larmes en l’ecoutant (Histoire de ma vie, I, 38). Des soirees musicales agrementent la vie de Nohant, avec les Duvernet, du Coudray. Le repertoire s’est elargi : on joue du Boccherini, du Haydn et Mozart, du Boieldieu et du Rossini aussi.
Evenement important pendant l’ete 1813 : des prisonniers allemands passent sur la route qui relie Nohant a Chateauroux. Mme Dupin, bonne et compatissante, leur fait distribuer du pain et du vin. Les Allemands se regroupent, chantent en choeur en agrementant leur chant de tyroliennes. Je n’avais jamais rien entendu de semblable. Ces paroles etrangeres, ces voix justes chantant en partie et cette classique vocalisation gutturale qui marque le refrain de leurs airs nationaux etaient alors choses tres nouvelles en France. Grace a leur talent pour la valse, les prisonniers furent bien traites.
Mais qu’en est-il de la musique de son temps ? De la musique qu’elle ne decouvrira qu’au couvent des Augustines anglaises et, plus tard, adulte, lorsqu’elle vivra libre a Paris ? Au couvent elle ne recoit qu’une education musicale de convention, quelques motets et chants religieux, des airs de danses. Toutefois, comme ses dons sont reconnus, elle aura le privilege d’une petite chambre individuelle ou elle pourra s’exercer a la harpe. Elle decrit cette cellule dans son premier ouvrage publie, Rose et Blanche, signe conjointement avec Jules Sandeau qui y mit la main.
De fait, Paris est deja aux prises avec le Romantisme, un romantisme musical qui prend son essor a l’instar du romantisme litteraire. C’est le 19 octobre 1814 que Franz Schubert, age de dix-sept ans, inconnu encore, improvise l’un des sommets du romantisme musical : Marguerite au rouet. Aurore Dupin a alors dix ans ; elle ne sait pas qu’un jour elle deviendra l’amie du tenor Adolphe Nourrit qui fera connaitre Schubert aux Parisiens et qu’un autre genie musical, Franz Liszt, jouera pour elle a Nohant des transpositions de Schubert. Un jour, revenue de Majorque avec cet autre genie de la musique, Frederic Chopin, elle accueillera a Marseille le cercueil d’Adolphe Nourrit qui s’etait suicide a Naples.