Auteur : David Albahari
Traducteur : Gojko Lukic et Gabriel Iaculli
Date de saisie : 18/02/2006
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Gallimard, Paris, France
Collection : Du monde entier
Prix : 19.00 / 124.63 F
ISBN : 978-2-07-076752-6
GENCOD : 9782070767526
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- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Daniel Atias possede le visage que le narrateur de Globe-trotter a toujours reve de peindre. Ce dernier est canadien et, comme Atias, il beneficie d’une bourse de sejour offerte par la petite ville de Banff, dans les Rocheuses canadiennes. Fascine par son visage, il passe l’essentiel de son temps avec cet ecrivain juif belgradois peu loquace, qui suscite sa curiosite. Lors d’une visite au musee de la ville, ils tombent sur les traces d’un certain Ivan Matulic, globe-trotter croate ayant reside a Banff dans les annees vingt. Apprenant que le petit-fils de ce Matulic vit a Calgary, tout pres de la, ils l’invitent a passer une journee avec eux.
Le duo devient trio, mais le narrateur se rend vite compte que la relation entre le petit-fils de Matulic et Daniel Atias porte en elle les dechirures d’un pays qui n’existe plus, l’ex-Yougoslavie. A la veille du depart d’Atias, lors d’une derniere excursion a trois, les tensions entre celui-ci et le petit-fils de Matulic deviennent de plus en plus evidentes…
L’interrogation autour des fractures de l’Histoire et des consequences sur l’identite de chacun reste au coeur de ce nouveau roman de David Albahari. La culpabilite, la fascination, le trouble, le desir et la difficulte de pardonner, tous ces sentiments sont magistralement evoques par l’auteur dans un recit puissant et subtil.
- La revue de presse Martine Laval – Telerama du 22 mars 2006
Rue du Glouton, rue du Grizzli, rue du Bison. La ville de Banff,au coeur des Rocheuses canadiennes, ressemble a un Disneyland, a quelque chose d’artificiel – un truc hors du temps, hors du monde, c’est-a-dire hors des guerres. L’Amerique du Nord, bien calee dans les starting-blocks de l’avenir, ignore – ou oublie, c’est pareil – qu’un bout d’Europe, desormais nommee ex comme ex-Yougoslavie, etait il y a peu de temps encore a feu et a sang. David Albahari est lui aussi un ex. Serbe, juif, bosniaque, il s’est exile en 1994 a Calgary, Alberta, ou il enseigne a l’universite. Son quatrieme livre traduit en francais (un superbe tour de force !) met en scene, dans cette etrange ville de Banff, un peintre (du pays) qui est aussi le narrateur, un ecrivain de passage (serbe, juif) et un petit homme gris, ne au Canada mais de parents croates. Le trio, plutot improbable, divague, fait du derapage controle pseudo-litteraire ou philosophico-railleur…
- La revue de presse Clemence Boulouque – Le Figaro du 16 mars 2006
Dans son premier livre, L’Appat, paru en France en 1999, David Albahari faisait le portrait de sa mere, une femme bosniaque convertie au judaisme en 1938, resolue a epouser, au mepris du danger, la religion de son mari afin que ses enfants ne souffrent pas d’identites dechirees. Ce sont dans les dechirements, ceux de l’ex-Yougoslavie, d’un pays englouti, ceux des etres et ceux du siecle, que le romancier serbe, vivant desormais au Canada, inscrit pourtant sa tres remarquable oeuvre.
Ne a Pec en 1948, David Albahari a le timbre grave et la narration lente. Sa litterature n’est pas de l’ordre de l’allusion, mais du sillon, ou ses personnages, ses doubles, affrontent sans relache leurs demons, passent et repassent sur leurs culpabilites, leurs heritages de dupes, leurs illusions arrachees. Une oeuvre en variations sur le meme theme, dont Globe-trotter explore une nouvelle tonalite…
- La revue de presse Josyane Savigneau – Le Monde du 24 fevrier 2006
Daniel Atias est un personnage de fiction. David Albahari prend soin de le preciser en epigraphe de son quatrieme roman traduit en francais : “Tout est imaginaire dans ce livre, seul Banff est reel.” C’est a Banff, petite ville des Rocheuses canadiennes, qu’ont lieu les etranges rencontres de Globe-Trotter. Pourtant ce Daniel Atias, cense etre totalement imaginaire, partage avec David Albahari non seulement des initiales, mais un destin. Tous deux ecrivains, ils viennent d’un pays aujourd’hui disparu, l’ex-Yougoslavie. Tous deux sont d’une famille juive de Serbie. L’auteur, Albahari, 58 ans, s’est exile au debut des annees 1990 et vit desormais au Canada, a Calgary, tandis que le heros du roman, Atias, n’est a Banff que le temps d’une bourse d’etudes, a l’ete de 1998.
Le narrateur, jamais nomme, est un peintre canadien, lui aussi en residence a Banff. Fascine par le visage d’Atias, il n’a plus qu’une obsession : “Essayer de dessiner enfin ce visage que je cherchais depuis toujours.” Et son trouble va bien au-dela. Il est comme aimante par cet homme qui parle peu. Il le sent habite par la recente histoire de son pays, faite de dechirures inoubliables. Il decide de passer le plus de temps possible avec lui, pendant les treize jours de son sejour a Banff. Dans ces impressionnantes montagnes, quelque chose les rapproche : tous deux sont originaires de la plaine : Voivodine, “la partie meridionale de la plaine pannonienne”, pour Atias, et le Saskatchewan pour le narrateur…
Que peuvent se dire, en 1998, un Serbe et un Croate decidant de confronter leurs experiences ? Comment la tragedie collective qui les a frappes les affecte-t-elle individuellement ? Si l’on accompagne Albahari dans sa complexe interrogation, on ne sera pas etonne de la terrible conclusion qu’il imagine.
- La revue de presse Jean-Baptiste Harang – Liberation du 16 fevrier 2006
… Il est peintre, et tombe en arret devant le visage de Daniel Atias, qu’il reve de peindre, il ne le lachera guere de tout son sejour a Banff. Son desir de le peindre est tel qu’il frole le desir sexuel, et s’entache de jalousie. Atias est ailleurs, lors d’une visite au musee de la ville, il feuillette le livre d’or et decouvre cette inscription : Ivan Matulic, Globe-trotter de Croatie, 22 juin 1924. Le petit-fils de cet Ivan Matulic vit a Calgary, ils l’invitent a Banff. Mais rien n’est simple, l’ecrivain serbe, juif, a la rencontre du petit-fils d’un Croate oustachi honteux, refait l’Histoire. Personne ne juge personne, chacun essaie de comprendre, mais peut-on comprendre lorsqu’on a refait le voyage, retrouve trace du pire, de cet aieul qui avait choisi le camp des perdants ? Lorsque, juif belgradois on fait profession d’ecrire dans cette meme langue qui change de nom a chaque frontiere ? Lorsque, peintre canadien on ne sait placer le vieux monde sur une carte et qu’on doit en raconter l’Histoire ? L’histoire finira mal, a gravir des montagnes qui ne vous ont pas vu naitre. Albahari, une fois de plus, par son ecriture, et la magie de ceux qui le traduisent, a su hausser le lecteur au niveau de son exigence.