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Grands monologues du theatre classique et contemporain : 50 roles feminins pour un banc d’essai remarquable

Auteur : Dominique Taralon

Date de saisie : 10/02/2008

Genre : Theatre

Editeur : Gremese, Rome, France

Collection : Petite bibliotheque des arts

Prix : 14.00 / 91.83 F

ISBN : 978-88-7301-649-6

GENCOD : 9788873016496

Sorti le : 24/01/2008

  • Les presentations des editeurs : 11/02/2008

Cette anthologie de monologues de personnages feminins parcourt la litterature dramatique de la fin du XVI siecle a nos jours, et propose cinquante tirades selectionnees parmi les plus expressives du repertoire europeen et americain. Ces monologues – precedes d’un texte introductif qui les replace dans leur contexte, resume la piece et donne des indications sur le personnage -, constituent, par leur choix et leur diversite, un bon outil de travail pour un banc d’essai original, qui permettra aux comediennes debutantes ou deja confirmees de s’entrainer pour une audition ou de parfaire leur jeu, en abordant tous les registres – du rire aux larmes, de l’interiorite a l’epanchement. Ces extraits peuvent egalement inciter les amateurs a redecouvrir ou a approfondir des oeuvres theatrales, et a approcher avec facilite les auteurs contemporains – nombreux dans ce recueil – souvent consideres, a tort, comme inaccessibles.

Dominique Taralon travaille depuis plusieurs annees dans l’edition. Passionnee de theatre, elle est proche de deux troupes de theatre amateur. Elle a cosigne par ailleurs des articles sur le Tresor de Conques, avec son pere, Jean Taralon.

  • Les courts extraits de livres : 11/02/2008

William Shakespeare (1564-1616)
Romeo et Juliette (1595)

Drame de la passion fatale et irrepressible, Romeo et Juliette fait partie du cycle “italien” de Shakespeare. Comme le choeur nous l’annonce dans le prologue, les deux jeunes protagonistes sont condamnes a un destin irrevocable. Bravant des interdits insurmontables, leur amour ne peut les reunir que dans la mort.
Dans la Verone de la Renaissance, cite ideale gouvernee par un prince plein d’equite, la haine de deux familles rivales, les Capulet et les Montaigu, trouble l’ordre public. Romeo, un Montaigu, se rend subrepticement avec quelques amis a une fete donnee chez les Capulet. Il y rencontre Juliette, la fille de la maison et ils se vouent aussitot une passion reciproque et impossible. Le Frere Laurent les marie secretement mais au cours d’une rixe, Tybalt, cousin de Juliette, tue Mercutio, le meilleur ami de Romeo. Instrument d’une destinee qu’il ne controle plus, celui-ci se bat alors avec Tybalt et le tue, ajoutant du sang au sang deja verse. Il est banni de Verone et se refugie a Mantoue. Entre-temps, le pere de Juliette l’a promise en mariage au comte Paris et veut hater la ceremonie. Pour echapper a ce mariage force, le Frere Laurent procure a Juliette un narcotique qui lui donnera l’apparence de la mort pendant quarante-huit heures. Un courrier doit avertir Romeo du subterfuge, pour qu’il accoure au moment ou Juliette se reveillera dans son tombeau. Mais Romeo n’est pas prevenu a temps. Revenu a Verone, il se tue pres de Juliette qu’il croit morte. Celle-ci s’eveille peu apres et se poignarde sur le corps de Romeo.
Dans le monologue suivant (Acte IV, scene III), Juliette a congedie sa mere et sa nourrice et s’est retiree dans sa chambre, a la veille de ses noces avec le comte Paris. Elle s’apprete a boire la potion donnee par Frere Laurent. Elle s’imagine deja glacee par la mort. Des doutes l’assaillent : si le narcotique ne faisait pas son effet, elle se poignarderait. Et si Frere Laurent lui avait donne un veritable poison… si elle devait enfin se reveiller dans le tombeau de ses ancetres, entouree de spectres hideux, avant l’arrivee de Romeo… l’angoisse le dispute au delire, mais sa decision est irrevocable : C’est a toi que je bois, Romeo…

Juliette : quatorze ans.
La scene se situe dans la chambre de Juliette, a Verone, au XVIe siecle.

JULIETTE
Adieu ! – Dieu sait quand nous nous reverrons.
J’ai une frayeur froide
Et vague, qui circule dans mes veines
Et glace presque la chaleur de vie.
Je vais les rappeler pour me rendre courage.
Nourrice ! – Ah pourquoi faire ?
Ma scene horrible il faut la jouer seule. –
Viens, fiole. –
Et si la drogue ne produisait rien ?
Serais-je alors mariee demain matin ?
Non, non, – voila qui l’empechera, – toi reste la.
(Elle, pose pres d’elle un poignard.)

Et si c’etait un poison, que le frere
M’aurait donne par tromperie pour m’avoir morte
Craignant par ce mariage etre deshonore
Parce qu’il m’a mariee avant a Romeo ?
Je le crains ; et pourtant ca ne peut pas etre, il me semble,
Il a toujours ete connu comme un saint homme.
Et si quand je serai couchee dans le tombeau
Je m’eveillais avant le temps ou Romeo
Viendra me delivrer ? C’est une horrible idee.
Ne vais-je pas etre etouffee dedans la tombe
Dont la hideuse bouche ne respire jamais d’air sain
Et la mourir suffoquee
Avant que vienne mon Romeo ?
Ou si je vis n’est-il pas bien possible
Que l’horrible pensee de la mort et de la nuit
Tout ensemble, avec l’epouvante du lieu,
Un caveau, un receptacle ou depuis des centaines d’annees
Les os des ancetres ensevelis sont entasses
Ou Tybalt ensanglante encore tout frais a la terre
Se tient pourrissant dans son suaire ; ou, a ce que l’on dit,
A certaines heures de la nuit, reviennent les esprits !
Helas helas, n’est-il pas possible que moi
Reveillee trop tot dans ces odeurs infectes,
Et ces cris comme ceux de la mandragore arrachee de terre
Qui font que les vivants, les entendant, deviennent fous !
Oh si je me reveille, je perde la raison,
Environnee par toutes ces hideuses frayeurs ?
Et follement je jouerai avec les ossements des ancetres ?
J’arracherai le Tybalt mutile de son linceul ?
Et dans ma rage, avec les os de quelque ancien parent
Servant de massue, je fracasserai
Ma cervelle desesperee ? Oh regardez :
Il me semble que je vois l’ombre de mon cousin
Poursuivant partout Romeo
Qui a embroche son corps sur la pointe d’une epee ! –
Arrete, Tybalt, arrete ! –
Romeo, je viens ! C’est a toi que je bois, Romeo !
(Elle tombe sur le lit entre les rideaux.)