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Il ne vous reste qu’une photo a prendre

Couverture du livre Il ne vous reste qu'une photo a prendre

Auteur : Laurent Graff

Date de saisie : 26/09/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Dilettante, Paris, France

Prix : 15.00 €

ISBN : 978-2-84263-141-3

GENCOD : 9782842631413

Sorti le : 26/09/2007

  • Le choix des libraires : Choix de Pascal Thuot de la librairie MILLE PAGES a VINCENNES, France (visiter son site) – 20/09/2007

J’aimerais vous parler d’un livre qui m’a beaucoup touche, qui s’appelle : Il ne vous reste plus qu’une photo a prendre, de Laurent Graff, publie aux editions Le Dilettante. Une histoire relativement simple et pas forcement tres banale qui est celle d’un homme un peu blesse par la vie, qui a ete photographe et qui a arrete la photographie apres le deces de sa femme. Lors d’un voyage a Rome ou il a ressorti son vieux Mamiya, un appareil photo un peu mythique, il fait une drole de rencontre, un type qui semble le suivre depuis un petit moment et qui lui dit qu’il ne lui reste plus qu’une photo a prendre et que cette derniere photo sera un acte un peu definitif. Nous sommes seduits par l’histoire, et le voila embarque par un brusque decrochage dans une histoire qui devient presque fantastique, en tout etat de cause tres symbolique. Moi, ce qui m’a plus, c’est que deja je suis un familier de l’ecriture de Laurent Graff qui est un auteur que je suis depuis ses debuts et dont j’aime la maitrise totale de la brievete, de la forme breve. C’est quelqu’un qui semble ecrire dans une forme d’urgence, tout en restant tres serein par rapport a cette urgence, et c’est quelqu’un qui a l’art de l’ellipse, des moments ou finalement, en quelques mots, on en lit beaucoup plus que dans une page. C’est une plume tres sensible, c’est quelqu’un qui n’a pas son pareil pour parler de ce qu’est un homme finalement dans son intimite profonde. C’est quelqu’un qui a une vision de l’amour physique relativement cocasse et finalement, plus bouleversante qu’il n’y parait au premier abord. C’est un homme qui n’hesite pas a faire en sorte que sa fiction s’aventure au-dela de la banalite du quotidien. On a souvent un demarrage, qui est le propre finalement du fantastique, dans le quotidien banal, pour s’aventurer dans un domaine ou le reel, la fiction, l’onirisme sont plus mouvants, des terrains plus difficiles a apprehender. C’est un petit livre formidable de cent soixante pages, qui a une accroche permanente et qui vous entraine de la premiere jusqu’a la derniere ligne presque en apnee.

  • Le courrier des auteurs : 26/09/2007

… Pour parler de la librairie et des libraires, pour moi, c’est vraiment le lieu ou le livre prend toute sa valeur. Il se trouve que je travaille dans l’edition, et je travaille a un lieu tres precis : je travaille au-dessus du pilon, c’est-a-dire la ou le livre part a la destruction. Donc ce sont des palettes entieres de livres, par dizaines, par centaines, par milliers d’exemplaires, qui partent au plion. On refait ensuite du papier pour refaire des livres. Tout cela est tres bien fait ; ca forme un cycle parfait. Mais la librairie est vraiment pour moi le lieu ou l’on trouve le livre a un, deux, trois, quatre voire plus, mais dans une quantite limitee, et c’est la qu’il prend toute sa valeur. Quand on rentre dans une librairie, on trouve un petit peu tout. C’est une espece de paysage comme ca compose de montagnes, de rivieres ; il y a des piles, il y a des etageres. Voila, c’est ma vision de la librairie. Je remercie tout le monde d’avoir prete une oreille a mes quelques mots. J’invite tout le monde a reflechir a cette question : il ne vous reste qu’une photo a prendre, laquelle prendriez-vous, aussi bien les lecteurs que les libraires ? Merci. Au revoir.

  • La Radio des libraires : Pascal Thuot de la librairie MILLE PAGES a VINCENNES, France (visiter son site) – 18/09/2007

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Pascal Thuot – 18/09/07

  • Le journal sonore des livres : Laurent Graff – 13/09/2007

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Laurent Graff – 13/09/2007

  • Le journal sonore des livres : Laurent Graff – 13/09/2007

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Laurent Graff – 13/09/2007

  • Les presentations des editeurs : 14/06/2007

Cela sonne comme un arret : la derniere photo. Comme il y a le dernier verre, le dernier jeton ou l’ultime message. Graff invente la forme neuve de la roulette russe : l’objectif a l’oeil, comme le canon tout contre la tempe. On presse : y a-t-il une vie, passe le couperet de l’ultime clic ? Jeu, set et match ? Neigel, le heros, se cogne a tous les angles d’un deuil amer, celui de M. Un jour a Rome, Mephisto, entendez un sieur Giancarlo Romani (un homme que l’humain interesse, ex-pretre) lui offre un voyage et un appareil photographique. Regle du jeu : clore la bobine en prenant la derniere photo”. Il n’est pas seul a jouer : d’autres sont la, comme lui, avec leur derniere case a cocher : un Japonais, maitre-pecheur de carpe, un ex-mannequin et Eros (de Bilbao). Alors, que prendre dans les rets du viseur ? Une photo qui tout resumera, apocalypse intime, une photo pour rien, une photo de rien, un souvenir a loger au coin d’un miroir, un fragment d’ideal. Geste derisoire, simple pression, mais choix decisif. Chacun choisira de prendre ou de ne pas prendre LA photo. Neigel, lui, en fera un rendez-vous fantomatique, une hallucination douce, en reviendra plus leger. Tout cela semble bien innocent. Vraiment ?

Laurent Graff a trente-huit ans. Il cultive la discretion et l’effacement au profit d’une vision generique et zoologique de l’homme, souvent cruelle, que l’on retrouve dans ses livres. Il compte vivre vieux le plus longtemps possible, il est en bonne sante.

  • Les courts extraits de livres : 14/06/2007

J’ai cesse de prendre des photos il y a vingt ans, apres la mort de M. J’avais a l’epoque un Mamiya 35 mm de bonne tenue ; je faisais uniquement de la couleur. Je remplissais des albums entiers. Partout ou nous allions -des que son etat de sante le permettait, nous partions en escapade -, j’emportais mon appareil. Je fixais sa presence et en tirais une image, comme pour arreter ou ralentir le temps, l’empecher, comme des batons dans les roues. Chaque photo etait une carte abattue dans la bataille que nous livrions. M. est morte un jeudi, le 7 septembre. J’ai range mon appareil et je ne l’ai plus ressorti.
La photographie, aujourd’hui, a perdu beaucoup de son ame avec l’avenement des appareils numeriques. Les photos n’ont plus ce caractere crucial et definitif qu’elles avaient du temps de la photographie argentique. Bonne ou mauvaise, une photo etait irrevocable et etait decomptee de la pellicule. Le developpement du film revelait de maniere implacable, dans l’ordre chronologique, images reussies et images ratees; impossible d’echapper a la sentence et aux statistiques. Meme s’il etait toujours permis de multiplier les photos et de renouveler la pellicule, chaque prise de vue avait une valeur unique, et representait un petit miracle. La derniere photo avait un statut distinct, une saveur particuliere. Bien souvent, elle etait baclee, expediee, pour en finir au plus vite; mais parfois, elle etait, au contraire, retardee, soignee, calculee, pour finir en beaute. Alors, on rembobinait.
A la mort de M., il restait quelques photos dans l’appareil. Je les ai prises en fourrant le boitier sous un oreiller, comme on vide une bouteille dans un evier, pressant le declencheur en aveugle.
Vingt ans se sont ecoules : l’equivalent d’une enfance et d’une adolescence. Je ne possede aucune image de ces deux decennies. Pourtant, j’ai bien vecu. J’ai fait de ma peine un domaine prive, un territoire intime. J’ai erige des defenses, delimite un carre protege, fonde une cite interdite a l’abri de murailles infranchissables, dresse un temple. J’ai perpetue ma peine en ces murs. J’ai eu des maitresses, nombreuses, que je voyais de loin en loin; j’en ai aime certaines, de maniere peripherique, sans jamais toucher au coeur. Je me suis maintenu a distance, repoussant les incursions, pas toujours tendrement. Je suis reste seul.