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Je n’ai jamais rencontre Mitterrand, ni sa femme, ni sa fille

Auteur : Etienne Liebig

Date de saisie : 18/05/2008

Genre : Biographies, memoires, correspondances…

Editeur : la Musardine, Paris, France

Collection : Litterature grand format

Prix : 17.00 / 111.51 F

ISBN : 978-2-84271-354-6

GENCOD : 9782842713546

Sorti le : 24/04/2008

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L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)

  • Le choix des libraires : Choix de Marc Charny de la librairie C’EST POUR LIRE a PONT-DU-CHATEAU, France – 17/09/2008

Il connait bien notre pays, ses categories socio-professionnelles, nos banlieues, notre capitale…
De l’election de Mitterrand a l’apparition du SIDA, chroniques d’un “homme qui aime les femmes”
Attention lecteurs avertis seulement (comme ca il y en aura deux fois plus) !

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

En 1981, j’avais 20 ans, j’aurais donne mon scooter et ma collection de disques de Miles Davis pour rencontrer Francois Mitterrand et ne plus entendre de disco a la radio. Le sort en a decide autrement…

Comme pour des milliers de jeunes Francais, la victoire de Francois Mitterrand et de la gauche en 1981 a ete pour moi une formidable bouee a laquelle accrocher desesperement mes reves d’utopie, mes espoirs d’egalite sociale et ma soif de libertes partagees.

Dans Paris, a cette epoque, les filles etaient belles, leur regard pur, leurs jambes longues, elles sentaient l’amour comme je sentais le desir. J’en ai tenu quelques-unes dans mes bras, elles m’ont appris la vie, l’amour, la musique, la beaute cachee, le silence des nuits. Les femmes m’ont fait oublier la sueur poisseuse des journees de travail, l’odeur acre du metal que l’on charrie, la chaleur du chalumeau, le manque de chance d’etre pauvre. Les femmes m’ont fait oublier la deception de n’etre rien sous la droite et de n’etre pas plus sous la gauche quand on est ouvrier.

Au travers de trois ouvrages, Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle, Comment draguer la militante dans les reunions politiques et Osez coucher pour reussir (tous trois edites a La Musardine), Etienne Liebig s’est fait le chantre de l’amour decomplexe et des techniques joyeuses de seduction.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

10 mai 1981 : Election de Francois Mitterrand…

Le 10 mai 1981, je n’ai pas pu participer a la liesse collective. Les choses se sont mal goupillees. J’ai ramene la camionnette de Nordine a 2 h 30 du matin a Aubervilliers ; le temps d’arriver en scooter a la Bastille, la fete etait finie. Les voitures roulaient a nouveau autour du Genie.
Dans un coin, il restait des motards, je ne voulais pas etre venu pour rien.
– La fete a ete belle ?
– On s’en bat les couilles de la gauche, nous ! Dans ces cas-la, tu recules discretement avec le scooter, comme si tu ne fuyais pas vraiment, mais en fuyant vraiment. C’est con un motard. Et avec mon Piaggio jaune d’or, je devais passer pour un attarde mental, meme si c’etait un 125 ce. En 1981, c’etait pas la mode des scooters, c’est venu plus tard, quand j’en avais plus.
Si quelqu’un aurait du faire la fete ce soir-la, c’etait bien moi. 10 mai 1981, le jour de mes 20 ans que j’attendais depuis 20 ans et la gauche au pouvoir que j’attendais aussi depuis 20 ans. Manque de chance vraiment, mais je ne pouvais pas non plus laisser filer le petit demenagement en banlieue et les 400 francs a la cle. Comme toujours, nous avions perdu un temps fou a mettre en cartons les dernieres babioles de la cliente, ces saletes qui restent dans des tiroirs, des placards, des vitrines, et qu’on ne finit jamais d’emballer.
Je suis donc rentre chez moi, decu. Enfin chez moi, c’est beaucoup dire. Nous vivions a plusieurs dans un pavillon de Villemomble. Il y avait quatre chambres pour quatre couples, mais j’etais seul, Luce ne m’avait jamais suivi. C’est dingue quand meme. J’etais parti de chez mes parents pour vivre avec elle, je bossais comme un malade pour elle et elle n’etait jamais venue me rejoindre. Les autres ne disaient rien, mais ils imaginaient que j’avais invente cette histoire de copine pour pouvoir avoir la piaule. J’aimais Luce et elle aussi m’aimait, alors ?
Alors je n’ai jamais compris.
Le 10 mai 81, le pavillon etait calme a 4 heures, j’ai donne a manger au chat, je lui ai dit en le caressant :
– Tout va changer, Bakounine, la gauche est au pouvoir.
Il n’a pas ronronne.

11 mai 1981 : Lendemain de l’election de Francois Mitterrand.

J’avais un rencard a 9 heures a Villepinte pour decharger 35 tonnes de sacs de sciure de bois d’un camion. Imaginez un de ces gros bahuts que vous doublez sur l’autoroute, la bache rabattue sur le toit, et dedans des centaines de sacs de 50 kilos.
Vous etes en bas du camion et vous chargez le sac sur l’epaule. Il faut marcher jusqu’a l’entrepot. Le plus fatigant, c’est quand on se baisse pour deposer le sac delicatement au sol sans le faire exploser. J’etais seul.
– On ne devait pas etre deux ?
– Si, mais tu connais les Arabes, c’est jamais a l’heure.
– Je vais jamais y arriver tout seul !
– Tu te degonfles ?
– Non, mais… en une journee !
– C’est faisable, tiens, si j’avais ton age ! De toutes les facons, je te dedommagerai, c’est normal. Si t’es pas feignant, avec le pere Chemla, t’es toujours gagnant.
A chaque voyage, je jetais un oeil sur l’horloge du hangar, je mettais 45 secondes a peu pres pour chaque sac, un peu plus a fur et a mesure que les sacs etaient plus loin du bord. M. Chemla a pose un petit tabouret afin de me permettre de monter dans le camion pour aller chercher les sacs du fond. A midi, j’ai fait une pause, j’ai lutte pour ne pas m’endormir, j’ai demande a telephoner et j’ai entendu la voix douce de Luce :
– Allo ?
– Ma cherie, je ne pourrai pas te voir ce soir, je n’aurai jamais fini a 19 heures, sauf si tu viens au pavillon… Oui, non ? J’en ai marre d’etre tout seul, j’aurai un bon paquet de fric si tu viens : j’achete du Champagne, comme ca, on fetera l’election de Mitterrand.
– Mon pere est comme un fou, il a lu dans le Figaro qu’on allait lui piquer son pognon, c’est vrai ca ?