
Auteur : Jacques Serguine
Date de saisie : 15/02/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Rocher, Monaco, France
Collection : Nuage rouge, n 230
Prix : 25.00 / 163.99 F
GENCOD : 9782268060620
Sorti le : 25/01/2007
- Les courtes lectures : Lu par Emma Barcaroli – 17/09/2008
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Emma Barcaroli – 13/03/2007
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Je suis un Skidi pawnee, je suis de la nation du Loup. Ainsi parle, vers la fin du XVIIe siecle, koruka-Tapuk (Ours-qui-se-bat) dont le peuple vivait a l’Ouest du Mississippi. Il pourrait dire encore : Si l’ancetre mythique de ma maison est le Loup, le mien propre est l’Ours. De lui je tiens mon penchant a la violence. J’ai tue Tarawa-Le-Bison, affronte a mains nues, pour conquerir mon nom, le Frere-Aine lui-meme, le grizzly. Afin de proteger mon peuple, j’ai tue des ennemis courageux. La tentative de Jacques Serguine a quelque chose de demesure, puisqu’il a voulu, non raconter une histoire indienne mais parvenir a ce degre de sympathie et de connaissance, ou un guerrier skidi ne dans les Grandes Plaines vers 1650, parlerait, penserait, exprimerait son sentiment de la vie et du monde immediatement a travers lui.
Pour les Americains en general, et peut-etre plus encore pour les Europeens, les Hommes rouges – Indiens d’Amerique du Nord – ont toujours represente electivement une forme de liberte; un certain rapport libre et heureux, harmonieux en tout cas, avec soi, avec autrui, avec le monde.
Qui etaient, ces Hommes rouges ? Comment vivaient-ils au jour le jour ? Comment pensaient et revaient-ils ?
Ce roman qui procede a la fois du recit mythologique et de l’oeuvre litteraire, decrit la vie du peuple des Skidis pawnees ou Gens-du-Loup, avant la penetration blanche qui altera, faussa et, a la fin, detruisit la coherence, puis l’identite meme du monde indien.
Jacques Serguine est depuis longtemps un grand homme des lettres francaises. A travers ce texte qui renoue notre imaginaire aux racines indiennes d’Amerique du Nord, l’ecrivain devoile un arriere-pays mythologique que nous avons sans doute perdu.
Jacques Serguine est l’auteur de tres nombreux ouvrages.
Collection creee et dirigee par Olivier Delavault.
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
Mais ecoute ! La nuit dont je veux te parler, nous n’etions pas a Tskirirara, le village ou je vins vivre, sortant de ma mere. Non. Cela se passait pendant la grande chasse d’hiver. Nous etions partis au loin la-bas, vers les territoires du bison. Tu sais que nous, les Skidis, les treize villages, pour ces chasses nous descendons jusqu’a Kiraruta, l’Eau-troublee. Je ne parlais pas encore beaucoup, et on ne me disait pas de choses importantes, j’etais un tres petit enfant, mais je me rappelle ! Deja je savais qu’il faut regarder et regarder, pour apprendre le monde. Tandis que les chiens nous tiraient, moi et Atika, ma grand-mere maternelle, et les autres enfants des memes neiges, je pense que deja j’essayais un peu, doucement, tenacement, de retenir le cours des eaux et l’orientation du relief, le site des forets et de chaque arbre isole, la distribution des etoiles.
Je me rappelle ! Nous dormions sous la grande tente fermee, comme toujours pendant les chasses d’hiver. Je sentais a la facon des enfants que tout le peuple, dans notre tente, dans toutes les autres, etait a la fois fatigue et surexcite, enclin a eprouver de la mauvaise humeur. La neige et la glace avaient complique les dernieres marches. La neige alourdit toutes les peaux en les detrempant, et la glace, qui se brise en eclats, ruine a une vitesse anormale les chaussures et blesse les chiens. Parfois, il faut leur envelopper les pattes avec des dechets de cuir, ou alors on serait oblige de les abandonner ou de les tuer. Cet hiver-la, le vent soufflait si froid et si dur des quartiers Nord-Ouest et Nord que les femmes devaient cuisiner dans la tente meme. Elles detestent cela, l’encombrement, la fumee qui a force donne des maladies d’yeux. Atira surtout, ma mere, en avait horreur. Les vieilles se rejouissent plutot, a cause des bavardages et du surcroit de chaleur. On avait du permettre aux chiens de dormir la, sous la tente, en raison de ce gel et de leurs pattes blessees, de sorte que leur presence elle aussi irritait ma mere et ses soeurs. Mon pere par le sang a ete un guerrier tres eminent, en charge il portait le bonnet de chat sauvage, le collier de loutre et le carquois en peau de panthere. Cet hiver-la, le peuple l’avait choisi comme un des chefs de chasse.