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Jour de souffrance

Auteur : Catherine Millet

Date de saisie : 30/09/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Flammarion, Paris, France

Prix : 20.00 / 131.19 F

ISBN : 978-2-08-068905-4

GENCOD : 9782080689054

Sorti le : 27/08/2008

  • Les presentations des editeurs : 25/09/2008

Le coup de tonnerre litteraire qu’a provoque La Vie sexuelle de Catherine M.
revelait le regard singulier que l’auteur portait sur son corps et sur sa vie. Aujourd’hui, elle raconte son ” autre vie “, celle ou s’effondre de maniere etrange et imprevue un pan de son existence, cette crise traversee dans un melange de reves et de dechirements. Jour de souffrance est un defi d’ecrivain : a la fois le prolongement d’une oeuvre puissante et son contraire implacable, maitrise et saisissant.

Catherine Millet est directrice de la redaction d’art press.
Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de l’art contemporain. Son recit La Vie sexuelle de Catherine M., publie en 2001, a ete traduit en quarante-cinq langues.

  • La revue de presse Patrick Kechichian – Le Monde du 29 aout 2008

Dans la litterature contemporaine, Catherine Millet appartient a la categorie des grands peintres de l’ame humaine. Etant entendu que l’ame est l’atelier invisible ou se decident nos pensees, comportements, sentiments, emotions, desirs… ou se fomentent nos plaisirs, nos angoisses et notre souffrance – et donc qu’elle n’est nullement l’ennemie du corps, de ses humeurs et de ses elans. Ainsi, l’ame est-elle une vaste, charnelle et riche contree…
Avec une crudite flamboyante, une froide cruaute retournee contre elle-meme (jamais contre Jacques, preserve de tout grief), avec une lucidite siderante, “subliminale” dit-elle drolement, Catherine Millet decrit, “de l’interieur”, cette perte d’equilibre du moi, ce concassage du corps jete contre les murs, abreuve de “boue noire”. Elle raconte en detail cet appel au secours muet, indicible, que l’on adresse a l’autre, a la fois agent du mal et porteur du remede impossible a administrer. Et a la fin, cette question, dont tout le livre cherche, avec une sombre passion, la reponse : “Peut-on habiter un corps auquel tout l’espace interieur et exterieur est dispute ?” En marge de cette terrible interrogation, Catherine Millet affirme aussi que quand l’air vient a manquer, c’est l’ecriture qui se fait respiration, la litterature salut.

  • La revue de presse Fabrice Hadjadj – Le Figaro du 28 aout 2008

Si la maniere de dire la jalousie du dedans, avec ses invasions de l’imaginaire, ses deformations de l’espace et du temps, ses abandons a la douleur physique pour s’arracher a la pieuvre cruelle des conjectures, fait forcement penser au Proust d’Un amour de Swann, je ne peux m’empecher de penser a Claudel pour ce qui est de la dramaturgie de l’histoire : un Partage de midi inverse. Ce n’est pas un homme qui se croit pieux et qui tombe fou amoureux d’une femme mariee, chutant dans l’adultere, seul moyen pour Dieu de l’arracher a son orgueil spirituel ; c’est une femme qui se veut libertine et qui se met a vivre avec un homme, Jacques Henric, avec l’accord plus ou moins tacite que chacun peut vaquer a ses aventures, mais voici que le demon de la jalousie s’attache a ses pas, et lui apprend, en depit de tout ce qu’elle croit, la fidelite dans le desir…
Ici les moralisateurs applaudissent ou du moins se frottent les mains : L’infidele, victime a son tour d’une infidelite… Mais il ne s’agit pas de cela. Il s’agit, pour une femme que rien au monde n’y disposait, d’une formidable declaration d’amour…

  • La revue de presse Philippe Lancon – Liberation du 28 aout 2008

Ecrire, parfois, c’est vieillir : c’est reconnaitre une souffrance et la soumettre a son imagination, qu’elle faisait jusqu’ici courir comme un canard, tete plus ou moins coupee. Catherine Millet vieillit. Elle a souffert. En souffrant, elle semble avoir pris conscience d’elle-meme. Maintenant, elle l’ecrit…
Sept ans plus tard, Jour de souffrance est annonce sur le bandeau comme l’autre vie de Catherine M.. Or, ce n’est pas ca : il n’y a qu’une vie de Catherine M., celle qui agissait sans s’expliquer. Il est cette fois question de Catherine Millet. Contrairement a Catherine M., Catherine Millet s’explique. Elle ne fait meme que ca : Jour de souffrance est la description analytique, dans le genre le plus classique du recit psychologique, de la crise qu’elle a vecue et qui l’a finalement conduite a ecrire la Vie sexuelle de Catherine M. C’est comme dans certaines oeuvres conceptuelles : si le premier livre etait la performance, le second en est le commentaire. D’autres recits, remontant vers l’enfance et les profondeurs, pourraient bien suivre…
Mieux elle s’observe, plus elle descend, plus elle se decouvre : la jalousie est cette chambre noire qui, en avilissant l’etre, le revele.

  • La revue de presse Nathalie Crom – Telerama du 27 aout 2008

Si Jour de souffrance s’inscrit avec naturel dans le prolongement de La Vie sexuelle…, ce n’est pas a la facon d’une explication de texte. Entre les deux volets du diptyque, pas de relation de subordination. Mais une homogeneite, qui reside dans la facon analogue dont Catherine Millet prend position pour observer le motif par elle decide : ici sa vie sexuelle, la le sentiment de jalousie eprouve a l’egard de l’autre vie de son compagnon, et dans les deux cas, le choix radical d’une posture de temoin, y compris face a [soi]-meme, un souci d’objectivation du vecu, passant par une sorte de dedoublement de soi. Ce qui est passionnant, dans ce Jour de souffrance, ce qui, de ce recit, fait l’evidente beaute, c’est peut-etre la rebellion qu’oppose, a l’intelligence de Catherine Millet, a sa volonte affirmee de distance et de neutralite, ce sujet precis : l’abstruse, irrationnelle et indigne jalousie, ce piege clos dans lequel elle se retrouva enfermee durant plusieurs annees ; incapable, en depit de sa propre liberte sexuelle hautement revendiquee et pratiquee, de ne pas souffrir de celle de son compagnon de longue date, l’ecrivain Jacques Henric, a qui elle decouvrit un jour des liaisons, en marge de leur couple.

  • Les courts extraits de livres : 30/09/2008

RESUME

Si l’on ne croit pas a la predestination, alors, il faut admettre que les circonstances d’une rencontre, que par facilite nous attribuons au hasard, sont en fait le resultat d’une incalculable suite de decisions, prises a chaque carrefour dans notre vie, et qui nous ont secretement orientes vers elle. Ce n’est pas que nous ayons recherche ni meme souhaite, serait-ce du fond de notre inconscient, toutes nos rencontres, meme les plus importantes. Plutot, chacun d’entre nous agit a la facon d’un artiste ou d’un ecrivain qui construit son oeuvre dans une succession de choix ; un geste ou un mot ne determine pas ineluctablement le geste ou le mot qui suit, mais place au contraire son auteur devant un nouveau choix. Un peintre qui a pose une touche de rouge peut choisir de l’eteindre en lui juxtaposant une touche de violet ; il peut choisir de la faire vibrer par une touche de vert. Au bout du compte, il aura beau s’etre mis au travail avec quelque idee de son tableau acheve en tete, la somme de toutes les decisions qu’il aura prises, sans les avoir toutes prevues, fera apparaitre un autre resultat. Ainsi nous conduisons notre vie par un enchainement d’actes bien plus deliberes que nous ne sommes prets a l’admettre – parce qu’en assumer clairement toute la responsabilite serait un fardeau trop lourd -, et qui pourtant nous mettent sur le chemin de personnes vers qui nous ne pensons pas nous etre diriges depuis si longtemps.