Auteur : Virginia Woolf
Preface : Agnes Desarthe
Postface : Frederique Amselle
Traducteur : Marie-Ange Dutartre | Colette-Marie Huet
Date de saisie : 09/04/2008
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Stock, Paris, France
Collection : La cosmopolite
Prix : 39.00 / 255.82 F
ISBN : 978-2-234-06030-2
GENCOD : 9782234060302
Sorti le : 09/04/2008
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- Les presentations des editeurs : 04/04/2008
Virginia Woolf Journal integral
1915-1941
Traduit de l’anglais par Colette-Marie Huet et Marie-Ange Dutartre P
reface de Agnes Desarthe
Virginia Woolf a quinze ans lorsqu’elle trace les premieres lignes de son Journal. Apres de nombreuses interruptions, elle en reprend l’ecriture en 1915, et le tiendra jusqu’a son suicide en 1941. C’est l’ensemble de cette periode captivante que couvre ce volume alors que ressort parallelement son Journal d’adolescence.
Durant plusieurs decennies, elle note jour apres jour ses sentiments, ses illuminations. Avec sa finesse et son humour, un art unique du portrait, elle nous fait decouvrir les evolutions sociales et les errements de son epoque. Elle y evoque son enfance tout comme la situation politique internationale, des debuts de la Premiere Guerre mondiale a l’intensification des bombardements nazis sur Londres.
Dans son Journal, Virginia commente ses lectures, elabore des theories critiques tout autant qu’elle confie ses projets litteraires, ses doutes, ses reflexions sur son travail d’ecriture. Elle y inscrit les critiques des journaux ou les commentaires de ses amis sur son oeuvre. Accueillant encore la voix de son mari Leonard, qui, par endroits, annote les cahiers. Certaines idees, certains projets de romans semblent naitre de l’ecriture meme du Journal dont la lecture permet d’approcher la genese et le sens intrinseque avec une justesse incomparable.
Virginia Woolf (1882-1941) est un ecrivain qui occupe une place centrale au sein du mouvement moderniste du XXe siecle. Capter l’insaisissable, telle fut sa grande preoccupation. Peintre de l’instant, virtuose du monologue interieur, traduisant avec aisance le flux et le reflux du monde, fauteur des Vagues savait reveler la beaute des choses les plus ordinaires. Grande amoureuse de la vie, elle n’en choisit pas moins de mettre fin a ses jours.
- La revue de presse Josyane Savigneau – Le Monde du 6 juin 2008
Le Journal 1915-1941 de Virginia Woolf (1882-1941) est un de ses livres majeurs, comme l’explique son neveu Quentin Bell – le fils de sa soeur Vanessa – dans son introduction. Il a ete publie en cinq volumes a partir de 1977. Tous ceux qui ont aime les grands textes de Virginia Woolf, des Vagues a La Promenade au phare, de Mrs. Dalloway a cette Chambre a soi que tant de femmes ont du mal a conquerir, se doivent de posseder cette nouvelle et excellente edition du Journal. On peut le deguster a petites doses, ou aller et venir, au gre des annees auxquelles on s’interesse le plus, chercher les allusions aux auteurs qu’elle aime ou deteste, aux personnalites qu’elle observe avec acuite. Ce monologue interieur est sans indulgence, comme se doit de l’etre le regard d’un ecrivain sur ses contemporains et sur la comedie sociale. Il insiste sur la passion absolue de Virginia Woolf pour la litterature, il decrit les bonheurs et les difficultes de son travail createur, il revele son sens des portraits, son humour aussi. Parfois, elle se dedouble, s’adresse a elle-meme, imaginant une vieille Virginia relisant ces pages – et peut-etre supprimant certains passages.
- Les courts extraits de livres : 04/04/2008
Extrait de l’introduction :
Cet ouvrage est le dernier des grands livres de Virginia Woolf a etre presente au public.
En le qualifiant de grand livre, je ne veux pas seulement signaler qu’il s’agit d’un ouvrage volumineux, d’une importance historique et biographique essentielle (cela saute aux yeux), mais aussi que, considere dans son ensemble, il constitue un chef-d’oeuvre.
Et s’il faut preciser davantage, je dirai que par ce terme de chef-d’oeuvre j’entends souligner qu’il represente une realisation litteraire egale aux Vagues et a la Promenade au phare, encore que d’un genre tres different. Il possede l’admirable precision d’ecriture de ces deux romans, tout en offrant aussi ce cote direct qui ne se rencontre que dans les journaux intimes; en fait, c’est un des grands journaux intimes de la litterature mondiale.
Donc, lorsque sortira des presses le dernier de ces volumes, l’oeuvre de Virginia Woolf sera achevee ; et les critiques auront toute latitude de porter sur elle un jugement global.
D’aucuns penseront peut-etre que le redacteur de cette introduction etait tout indique pour cette tache et, bien plus, qu’il aurait du commencer par justifier son affirmation qu’il s’agit la d’un chef-d’oeuvre. Je n’en ferai rien. Tant qu’on ne disposera pas des cinq volumes, le lecteur ne sera pas a meme d’apprecier equitablement l’oeuvre de Virginia Woolf; et on ne voit guere non plus l’utilite qu’il y aurait a discuter d’un jugement qu’on ne peut pas plus justifier que contester. Cela pose, j’atteste que j’ai donne mon opinion sincere et murement reflechie.
A considerer ce journal, non plus sous l’angle artistique mais historique, une interrogation surgit : Est-il vrai ?
On ne saurait donner une reponse absolument nette a cette question. En matiere de veracite, Virginia n’avait pas tres bonne reputation. Elle passait pour malveillante, bavarde et encline a se laisser emporter par son imagination. En tout cas, un de ses amis, prevoyant la publication de la correspondance et du journal, tenta d’avertir la posterite que mieux vaudrait ne pas ajouter foi a tout ce qu’elle y racontait.
Tot ou tard on publiera les cahiers et les lettres de Virginia Woolf. Cela donnera un bon nombre de volumes fascinants ; des livres qui seront, comme la correspondance de Byron, a lire et a relire rien que pour le plaisir. Mais qu’au milieu de son plaisir le lecteur se souvienne, surtout s’il a des demangeaisons d’ecrire des commentaires ou des biographies, que les propos de l’auteur sur les gens et leurs faits et gestes peuvent n’etre parfois que des envolees d’une imagination aerienne. Je me rappelle fort bien un soir ou Leonard Woolf, qui lisait a haute voix a quelques amis des extraits de ce journal, s’arreta net. Je suppose, dis-je, que vous venez de tomber sur un passage ou elle en use un peu trop librement des travers et des ridicules d’une personne ici presente. – Oui, repondit-il, mais ce n’est pas pour cela que je me suis tu. Si je m’en vais sauter quelques pages, c’est parce qu’elles ne contiennent pas un mot de vrai.
On aimerait savoir quel est le passage ainsi censure par Leonard Woolf. Pour moi, je ne pense pas qu’il existe dans ce journal de pages essentielles dont on puisse dire qu’elles ne contiennent pas un mot de vrai. On y trouve beaucoup de potins sujets a caution, beaucoup d’exagerations, beaucoup d’a-peu-pres, et parfois peut-etre un peu de fantaisie pure. Cela est d’ailleurs plus vrai de la correspondance que du journal. Dans ses lettres, il est certain que Virginia invente ; parfois elle le fait pour amuser, sachant tres bien que son correspondant ne la croira pas. Dans son journal, elle ne cherche pas a divertir, et de telles envolees sont rares. Ses appreciations sur les gens sont assurement recusables ou, autrement dit, elle n’est sincere que vis-a-vis de son humeur du moment ou elle ecrit; et, quand cette humeur change, il lui arrive souvent de se contredire, de sorte que lorsqu’elle ecrit beaucoup sur quelqu’un nous nous retrouvons frequemment avec un jugement qui oscille entre deux extremes. Mais si elle est partiale, mal renseignee ou negligente, jamais elle ne raconte sciemment de mensonge, pas plus a elle-meme qu’a un lecteur eventuel. La personne qui a prepare le texte pour la publication a eu souvent l’occasion de la reprendre sur des points de detail, mais n’a jamais, je crois, decouvert d’exemple de complete supercherie.
En definitive, on peut affirmer que l’on trouvera dans ces pages une image fidele de Virginia Woolf, en meme temps qu’une description exacte et, a bien des egards, extraordinairement penetrante de ses amis et de sa famille, de sa vie et de son epoque.