Kant : une lecture des trois Critiques

… Je suis heureux d’etre sur ce site : le choixdeslibraires.com, parce que ca me permet de dire ce que je pense des libraires, pourquoi j’aime tant les librairies et pourquoi j’y passe tant de temps. Je crois que, pour moi, un libraire, c’est un peu un medecin de l’ame, si je puis dire, c’est celui auquel on demande conseil, c’est quelqu’un a qui on a envie de demander conseil, pas simplement pour trouver – parce que c’est quand meme tres important – des livres dans un rayon, mais lui demander conseil aussi sur les derniers livres parus sur un sujet, sur ce qui se vend bien parce que, malgre tout, ca donne aussi un peu une indication – negative ou positive, peu importe, on en fait ce qu’on veut – sur ses choix a lui, parce que les libraires evidement n’ont pas choisi ce metier-la sans amour pour les livres. Donc, ce sont des gens qui lisent enormement, ce sont des gens qui savent par consequent un certain nombre de choses sur les choix qu’on peut conseiller en fonction des ages, en fonction de ce que cherche quelqu’un, de ce que cherche un lecteur, et c’est ca evidemment, par-dessus tout que j’aime dans les librairies. Et il y a de grandes librairies qui sont aussi magnifiques que les petites, parce qu’on y trouve, dans chaque rayon, des gens qui sont passionnes. Par exemple, il y a une librairie que j’adore, c’est La Procure, parce que chaque fois qu’on cherche quelque chose, qu’on cherche un livre, qu’on a besoin d’un conseil, on y trouve quelqu’un – en tout cas, c’est l’experience que j’en ai – qui est pret a vous donner des conseils, a passer un peu de temps avec vous, a vous dire que : non, si c’est pour les enfants, il vaut mieux aller voir plutot tel auteur que tel autre, ou si c’est pour telle personne, si c’est pour sa mere, peut-etre tel livre sera-t-il plus interessant que tel autre… C’est ce type de conseil qu’on recherche et encore une fois, je trouve qu’on les trouve aussi bien dans une petite librairie que dans une grande – evidement, c’est plus facile dans les petites -, pourvu que dans la grande librairie, il y ait a chaque rayon quelqu’un qui aime son metier, qui ait envie de faire partager sa passion pour les livres a son client, a son lecteur si je puis dire. Ca, c’est quelque chose que je suis heureux de pouvoir dire sur ce site. Voila, sur ces mots, je souhaite a tous bonne lecture, et j’ajoute que c’est aussi dans les librairies qu’on a la chance, quand on est un auteur, de rencontrer non seulement les libraires mais de rencontrer aussi les lecteurs, puisqu’il y a tres souvent des signatures accompagnees de petites conferences qui sont organisees dans les librairies, avec des rencontres entre les auteurs et les lecteurs. Et ca me permet de dire que je serai ravi de rencontrer libraires et lecteurs a l’occasion de ces signatures. Bonne lecture a tous.

(Propos recueillis par telephone)

Luc Ferry – 20/11/2006

Il est impossible d’entrer vraiment dans la philosophie si l’on ne prend pas le temps de comprendre en profondeur au moins un grand philosophe. C’est dans cette perspective que je me suis efforce d’offrir au lecteur une introduction aussi claire que possible aux trois ouvrages majeurs de Kant – ses trois Critiques. J’ai cherche a ouvrir quelques portes, a lever les principaux obstacles qui peuvent entraver d’entree de la comprehension – expliquer, par exemple, pourquoi La Critique de la raison pure commence par une question en apparence technique, en verite d’une profondeur abyssale, celle des ” jugements synthetiques a priori “; ou encore indiquer les raisons pour lesquelles la morale prend la forme, elle, aussi fort abstraite au premier abord, d’un ” imperatif categorique ” des lors que le propre de l’homme, ce qui fait sa dignite et le distingue des animaux, est situe dans sa liberte ou dans sa “perfectibilite “. Par-dela son ambition pedagogique, ce livre propose une interpretation d’ensemble du systeme kantien qui part de ce qui en constitue a la fois le coeur et la principale difficulte : la question de la ” chose en soi “. Lire Kant est et restera toujours difficile et cet ouvrage ne pretend pas a la facilite. Du moins peut-on s’efforcer de rendre la tache tout a la fois plus sensee, en soulignant ses enjeux, et moins ardue, en donnant les clefs de l’edifice… “.