Auteur : Eric Holder
Date de saisie : 03/04/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Points, Paris, France
Collection : Points, n 1903
Prix : 5.50 / 36.08 F
ISBN : 978-2-7578-0811-5
GENCOD : 9782757808115
Sorti le : 03/04/2008
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 15/04/2008
Sandrine realise enfin son reve : habiter toute l’annee dans une grande maison du Medoc. Mariee, mere de deux enfants et entouree de ses amies, la routine quotidienne la plonge parfois dans la melancolie. Survient alors Arnaud – le Parisien – venu en reperage pour un film. L’horizon de Sandrine soudain s’illumine. Mais la rumeur sur leur relation enfle, jusqu’a l’inevitable…
Ne manquait a cette femme qu’un embrasement pour rayonner.
Eric Holder, ne en 1960 a Lille, vit aujourd’hui dans le Medoc. H est l’auteur de nombreux romans et nouvelles, dont Mademoiselle Chambon, La Correspondante, La Belle Jardiniere et Masculins singuliers.
Eric Holder n’est jamais aussi brillant, aussi bel ecrivain que dans ses romans brefs.
Le Figaro
- Les courts extraits de livres : 15/04/2008
Autrefois le Medoc ne ressemblait pas a une corne defiant l’Atlantique et protegeant l’oeil de Bordeaux. C’etait au nord un chapelet de rochers emerges, une terre inegale au sud, sans cesse transformee par les marees et l’erosion. Il aura fallu le travail opiniatre, seculaire, de l’homme pour scinder l’eau qui nous entoure entre ocean et Gironde, assecher celle des marecages et donner a un banc de sable troue l’allure d’une peninsule.
Medoc : la region au milieu du flot. De la vient qu’a Soulac, situee pres de la pointe, cote sale, on nous prete un temperament d’iliens. Et certes, lorsque nous gagnons Le Verdon, la commune voisine, du cote saumatre ou s’engouffrent les cargos, nous ne pouvons nous defaire du sentiment que le continent se trouve sur la rive opposee, en Saintonge. L’Europe s’arreterait a Royan. Le bac qui y assure une liaison signe notre eloignement.
On nous dit reserves, farouches. A Soulac, six mois par an, nous nous contentons de resister. Nous : 2 819 ames qui connaissons en morte-saison un sort lie aux elements. Le noroit, le vent de plein ouest depuis le Nouveau-Brunswick, les vagues qui, se contrariant, brisent en houppee, ou, au contraire, ecrasent la plage sous leurs rouleaux, les ciels immenses, tantot glaces, tantot traverses de nuages roses en file indienne, les coups de chien, le froid si vif en fevrier qu’on ne parvient pas a s’en debarrasser tout a fait, la chaleur revenue l’espace d’un apres-midi, comme on prend sa respiration avant de replonger, nous tiennent lieu d’Histoire, epurent nos traits et sculptent nos caracteres.
Nous partageons a pres de cinquante mille, l’ete, le fruit de notre patience. Le littoral long de cent kilometres jusqu’au Cap-Ferret, l’odeur des immortelles a midi sur la dune, l’ombre fraiche sous les pins en retrait. Des goelands rasent par jeu la crete de la barre. Des becasseaux tricotent sur leurs pattes a la limite de l’ecume qui disparait dans le sable avec un chuintement.
On se croirait au jour de la creation de l’homme, raison pour laquelle ce dernier, venu du continent, se promene nu, remerciant de toute sa peau le soleil retrouve, l’air, le sel et ce rivage ou tremblotent les ombres lointaines de ses pareils. C’est l’heure ou, a Soulac, l’arriere-cour des bodegas offre un spectacle de chiens gisant dans la poussiere jaune, de chaises en plastique, de caisses empilees de bouteilles. Des haut-parleurs diffusent du son cubain.
Cela se passe, en general, les fins d’apres-midi qui ne veulent pas s’eteindre. Flanque de son compagnon le soleil, vetu de rouge pour la circonstance, l’Atlantique etire ses doigts le long de la Cote d’Argent comme un pianiste devant son clavier et s’empare d’un touriste qui croyait avoir encore pied. Le courant de baine qui rodait sous la vague le pousse dans le dos en direction du couchant. Le journal Sud Ouest, le surlendemain, tient le compte macabre : un, deux, quelquefois trois. Un retraite, une jeune comptable, un etudiant de Zurich.
On peut multiplier les avertissements – que sont tenus de respecter, au moins, les enfants -, les grandes personnes n’imaginent pas qu’on meure durant les vacances. Des surfeurs inexperimentes viendraient grossir le nombre si, certains jours, le ciel ne retentissait en continu du bruit des helitreuillages.