
Auteur : Lin Bai
Traducteur : Veronique Chevaleyre
Date de saisie : 07/02/2006
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Bleu de Chine, Paris, France
Prix : 16.00 / 104.95 F
ISBN : 978-2-84931-008-3
GENCOD : 9782849310083
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
L’auteur nous plonge dans son univers aux couleurs violentes et tragiques, au travers de trois nouvelles empreintes de nostalgie, par la magie de son style elegant et virtuose. La petite musique de Lin Bai, les themes qui lui sont chers, reviennent entre ces pages : la toute-puissance du surnaturel, la sensualite, la folie et la face sombre des etres y regnent dans une implacable symphonie orchestree par le destin. La chaise dans le corridor rappelle d’entre les morts les ombres de la guerilla communiste des annees 40, entre jalousie meurtriere et desir monstrueux. Ceux qui s’aiment ne se separent jamais trace un parallele entre le passe et le present, le destin d’une jeune femme au coeur brise et celui d’une actrice oubliee, amoureuse de son chien et vouee a la demence. Midi est un bref regard en arriere vers les fantomes d’une enfance qui s’eveille aux pulsions les plus troubles.
Debut du livre :
J’ai eu sous les yeux un portrait de Zhu Liang quand elle etait jeune, une photographie d’un noir et blanc tranche, en pied, ou elle se tient assise. La pose de la femme sur le cliche est assuree, sa taille fine. Elle porte une gpao fendue jusqu’aux cuisses, de celles qui faisaient fureur a Shanghai dans les annees 1940 ; son beau visage rayonne d’un eclat qui semble defier le temps. Nimbee des pieds a la tete par sa jeunesse, Zhu Liang, campee au milieu de sa photo, transperce un demi-siecle de son regard.
La photographie avait ete glissee dans un cadre en ivoire au style epure qui aurait pu aller tres bien avec, mais l’aspect jaune et vieilli de l’image se mariait mal avec le cadre neuf. La gardienne de sa chambre dit : Ce cadre, il ne lui appartenait pas, d’une voix chargee de tendresse et de nostalgie, celle d’un homme qui se rememorerait au soir de sa vie un amour de jeunesse, souvenir charge de beaute tragique qui le poursuivra jusqu’a la mort.
Il etait une fois un endroit nomme Shuimo. Dans les annees 1960, y naquit une beaute fameuse, dont on fit des portraits, de tailles differentes, et qui devint une idole de chair et de sang, vouee a l’adulation universelle. Elle tint le premier role dans deux films magnifiques, fut recue en audience par le Premier ministre, invitee dans un pays a la culture aussi brillante que venerable. Sa vie etait feerique. Puis elle connut bien des affres, des affronts et la mort. Depuis, son fantome lamentable plane sur Shuimo….