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La delegation norvegienne

Auteur : Hugo Boris

Date de saisie : 12/08/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Belfond, Paris, France

Collection : Litterature francaise

Prix : 17.50 / 114.79 F

ISBN : 978-2-7144-4249-9

GENCOD : 9782714442499

  • La voix des auteurs : Hugo Boris – 10/09/2007

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Hugo Boris – 10/09/2007

  • Les courtes lectures : Lu par Hugo Boris – 10/09/2007

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Hugo Boris – 10/09/2007

  • Les presentations des editeurs : 01/09/2007

La Delegation norvegienne

Est-ce l’alcool en carafon, le cuir brun, le mobilier vieux chene, le feu qui crepite dans la cheminee ? Ce climat anglais ou l’on s’assassine en grignotant des scones et en buvant du the ? Il lui semble que chaque chose est bien a sa place, que chaque personne autour de cette table est un peu trop racee pour etre honnete. S’appelle-t-on Ethel Brakefield dans la vie ? Ou Emst von Sydow ? Ou meme Lucas Cranach ?

Un relais de chasse absent de tous les guides specialises. Cinq hommes, deux femmes, qui viennent des quatre coins de l’Europe et ne se connaissent pas. Sept chasseurs pris par la neige, qui doivent se defendre du froid, de la faim, de la paranoia qui les guette. Prisonniers ? D’une ile a la rigueur, mais d’une foret ? Ils le sont pourtant, serres par les arbres, pieges par la neige. L’un d’eux commence a douter : et s’ils n’etaient pas victimes du hasard, de la malchance ?
Au fil des pages, Rene Derain acquiert la conviction qu’il est condamne, qu’il va mourir. Non pas de froid, de fatigue, de gangrene ; il sera assassine. Il sent, dans son dos, le souffle d’une intelligence. Il sait qu’ils sont devenus de vulgaires pantins. Et que le piege ne demande qu’a se refermer.
Un style vif et moderne, des personnages enigmatiques et ambivalents, La Delegation norvegienne est un roman fantastique au climat lourd et oppressant. Une mise en abyme vertigineuse !

Ne a Paris, Hugo Boris a vingt-sept ans. Son premier roman, Le Baiser dans la nuque (Belfond, 2005 ; Pocket, 2007), a ete selectionne pour le festival de Chambery et a remporte le prix Emmanuel-Robles, remis par les membres du jury Concourt. Diplome de l’Ecole nationale superieure Louis-Lumiere, il est egalement assistant realisateur.

Le dernier cahier de ce livre n’est pas massicote. Il ne s’agit pas d’un defaut de fabrication.

  • Les courts extraits de livres : 01/09/2007

La foret fuit lentement de chaque cote de la route.
Rene Derain n’a pas croise une voiture depuis plus de trois heures. Il conduit a vitesse constante, moins vite qu’il ne le pourrait, avec la peur du gibier deboulant sur le bitume. Il roule depuis hier entre deux murs de sapins noirs. Le mouvement des arbres s’inverse dans le miroir des retroviseurs. En jetant un oeil de part et d’autre, il a parfois l’illusion que la foret, ouverte par le mouvement du vehicule, se referme derriere lui.
Il se penche, attrape le paquet d’Amsterdamer sur le tableau de bord. Les yeux fixes sur la route, il donne un coup de langue sur la bande de papier gomme. D’un demi-tour de manivelle, il ouvre la vitre, se debarrasse des bribes de tabac eparpillees sur son pull. Les mains jumelees au sommet du volant, il regarde devant lui, loin, la cigarette plantee au coin de la bouche, oubliee la. Il ferme doucement les paupieres pour eviter le filet de fumee. Il pense : je fume comme un routier. C’est surement comme ca que doivent fumer les routiers.
Par desoeuvrement, il allume encore la radio. Les ondes ne lui apportent plus que de mechants crepitements, un souffle de forge zebre de sifflements aigus. Il balaye la bande passante, revient, s’arrete. Il a cru entendre deux notes consecutives, de la musique peut-etre ? Il joue sur le potar, affine le reglage avec un doigte de chirurgien, un air de gravite qui lui met le sourire aux levres. Comme si quelque chose de tres important allait se dire, comme si, sur les grandes ondes, les Francais allaient parler aux Francais.
Les arbres defilent, egrenes par le mouvement. A intervalles reguliers, Derain longe des steres de billes ecorcees, empilees les unes sur les autres sur le cote de la route. Vus de profil, les rondins alignes forment des alveoles de bois blond, dessinent l’image d’une gigantesque ruche.
La bouche pleine de fumee, il ecrase le megot dans le tiroir du cendrier, pose ses deux coudes sur la face interne du volant, enferme son front dans ses mains. Il reste la immobile, aveugle, comme s’il n’etait pas dans cette voiture, comme s’il n’etait pas sur cette ligne droite.
Jetes sur le siege avant, il y a ses clefs, son passeport, des cartes routieres crevees aux pliures, un paquet de biscuits achete en route sur lequel est ecrit : SPECULOOS BEHOORT TOT DE FAMILIE VAN DE PEPERKOEK. A l’arriere, son chien se plaint doucement. Il n’a pas fait de halte depuis longtemps.
Le paysage ralentit brusquement.
Derain pose pied a terre, deplie son imposante carcasse et fait quelque pas en titubant, ivre de conduite. Il n’a meme pas pris la peine de se ranger sur le bas-cote. Il s’est contente d’arreter le break au milieu de la route.