
Auteur : Fahri Balliu
Preface : Ismail Kadare
Traducteur : Artan Kotro
Date de saisie : 28/08/2008
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Favre, Lausanne, Suisse
Collection : Dossiers et temoignages
Prix : 17.00 €
ISBN : 978-2-8289-1023-5
GENCOD : 9782828910235
Sorti le : 28/08/2008
- Les presentations des editeurs : 20/09/2008
Comme le rappelle le grand ecrivain albanais Ismail Kadare dans sa preface, les femmes de dictateur ont connu des destins divers. Certaines ont ete des martyres, comme l’epouse de Staline qui s’est insurgee, au prix de sa vie, contre la cruaute du regime. D’autres ont ete aussi malveillantes que leur mari, telle la fameuse madame Mao, mesquine et mechante a l’exces. Moins connue, Nexhmije Hoxha est pourtant la plus vile de toutes, la plus perverse.
D’abord dans l’ombre du dictateur albanais, elle a ensuite progressivement pris du grade au fur et a mesure que la sante de son mari declinait, dictant et assumant ses propres mesures de retorsion a l’egard des victimes du regime.
Elle a fait incarcerer tous ceux qui lui faisaient de l’ombre, meme ses anciennes amies, jetant en prison egalement les parents proches des intellectuels ou anciens membres du parti suspectes de dissidence. A cause d’elle, qui a si bien su imiter les procedures paranoiaques de son epoux, des familles entieres ont croupi dans les geoles albanaises. Elle a meme fait regner la terreur au sein de son propre clan, tentant par tous les moyens d’exclure sa belle-fille car elle revait d’une autre union pour son fils.
Surtout, elle n’a jamais ete longtemps inquietee par la justice. Elle vit aujourd’hui en toute quietude et publie des memoires dans lesquels elle ose reinventer l’histoire, contestant sa part de responsabilite ainsi que celle de son defunt epoux dans la misere du peuple albanais.
Une audace ehontee, a laquelle veut repondre cette biographie qui nous permet ainsi de mieux comprendre l’historie et l’actualite de l’Albanie, du Kosovo et de leurs relations avec la Serbie.
Fahri Balliu est journaliste et patron de presse a Tirana. Il a connu la dictature d’Enver Hoxha et en parle donc de l’interieur. Aujourd’hui, il peut enfin s’exprimer ouvertement et ne se prive pas de critiquer les politiques au pouvoir dans son journal tres influent. Surtout, il se sent le devoir de retablir la verite et de dementir la vision de l’histoire que tente aujourd’hui d’imposer celle que l’auteur appelle la femme du diable.
- Les courts extraits de livres : 20/09/2008
NAISSANCE DE NEXHMIJE A MONASTIR
Nexhmije Xhuglini est nee le 9 fevrier 1921 dans la ville de Monastir, de parents originaires de Dibra. Monastir, alias Bitola, est l’une des villes a majorite albanaise laissee en dehors des frontieres de l’Etat albanais – et l’est encore a ce jour -, elle a joue de tout temps un role important dans le mouvement national. Pour cette raison, elle a ete en meme temps l’une des cibles privilegiees des frappes du pouvoir royal yougoslave contre la communaute albanaise. C’etait – et c’est en partie toujours le cas – le theatre des enjeux de toutes les puissances de la scene balkanique : il y avait bien sur les Turcs ottomans et des Jeunes-Turcs, mais on y croisait aussi des Grecs, des Bulgares, des Serbes, ainsi que des Francais et des Autrichiens, sans oublier les Valaques, les Juifs etc. Les Albanais instruits et integres dans l’appareil de l’Etat, surtout comme employes, y vivaient sous la surveillance constante de cet appareil ; a travers ceux qu’on pouvait appeler l’elite de la ville se manifestait parfois l’influence de la franc-maconnerie. Omnipresents parmi toutes les categories, les services secrets de Karageorgevitch et de leurs successeurs se montrerent particulierement actifs dans cette ville.
C’est ici que Nexhmije grandit jusqu’a l’age de 7 ou 8 ans, age ou son pere Tefik Xhuglini demenage, pour des raisons professionnelles, a Tirana en 1928. En acceptant que ce changement ait ete motive par la recherche d’une vie meilleure, il faut noter que l’Etat qu’il quittait, comme celui vers lequel il allait, etait extremement attentif a ce genre de mouvement. L’attention particuliere des employes albanais de 1928 charges de controler de telles entrees et sorties dans les frontieres des deux Etats peut meme surprendre au point de paraitre invraisemblable. Le roi Zog entamait sa quatrieme annee de regne et un climat d’hostilite entre ces deux Etats s’etablissait deja; les frictions entre les deux administrations devenaient de plus en plus ouvertes, ce qui ne manquait pas d’engendrer une mefiance reciproque, encore plus accentuee du cote du roi Zog.
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