Auteur : Anya Ulinich
Traducteur : Norbert Naigeon
Date de saisie : 03/04/2008
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Belfond, Paris, France
Collection : Litterature etrangere
Prix : 21.00 / 137.75 F
ISBN : 978-2-7144-4312-0
GENCOD : 9782714443120
Sorti le : 03/04/2008
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 22/03/2008
D’un village desesperement gris de Siberie aux pelouses trop vertes d’Arizona, des banlieues cossues de Chicago aux ghettos de Brooklyn, un premier roman d’une folle emotion, porte par un etonnant souffle epique, une ecriture ferocement satirique et un sens inne du tragi-comique.
Sasha Goldberg ne s’est jamais sentie a sa place nulle part.
Enfant deja, a Asbestos 2, au fin fond d’une vallee miniere sinistree, ses cheveux crepus, son teint mat et ses kilos en trop en faisaient la risee de ses camarades post-sovietiques. Et nul reconfort a attendre de sa mere, sans cesse decue par cette enfant indigne de l’intelligentsia.
Alors, comme son pere avant elle, Sasha va tenter le reve americain. A Phoenix, au bras de Neil, ce cow-boy degarni de vingt ans son aine, avec lequel elle s’est fiancee par correspondance. A Chicago, aupres de ses compatriotes emigres, entre corvees menageres, galas de bienfaisance et cours acceleres de judaisme.
Et plus loin encore, a la recherche de son pere, d’elle-meme et d’un endroit ou se sentir enfin chez soi…
Traduit de l’americain par Norbert Naigeon.
- La revue de presse Michel Abescat – Telerama du 7 mai 2008
Son sens du recit, du detail qui tue et du dialogue revolver, sa maniere de rire dans les tremblements de terre, son oeil acerbe, aussi dur pour la machine rouillee postsovietique que pour l’opulence americaine, font de cette folle equipee une des plus rejouissantes aventures de lecture du moment.
- Les courts extraits de livres : 22/03/2008
Une qualite naturelle
UNE PALISSADE EN TOLE ONDULEE courait sur toute la longueur d’une rue sans nom, jusqu’au croisement d’une autre rue sans nom. Au bout de la palissade, il y avait six immeubles disposes a intervalles reguliers et une epicerie. Sous la corniche des immeubles, des lettres de un metre de hauteur disaient : VIVE L’ARMEE, SOVIETIQUE, SE BROSSER, LES DENTS, APRES MANGER, BIENVENUE A, ASBESTOS 2, et VILLE MODELE !. Les lettres, rouges et ecaillees, etaient peintes sur le ciment entre les briques, ce qui avait oblige les auteurs des slogans a moins se preoccuper de leur sens que du nombre limite de briques sur chaque facade.
A l’automne 1992, Lubov Alexandrovna Goldberg decida de trouver une activite extrascolaire pour sa fille de quatorze ans.
– Les enfants de l’intelligentsia ne rentrent pas chez eux l’apres-midi pour s’adonner a la betise, declarait Mme Goldberg.
Elle aurait souhaite que Sasha joue du piano, mais les Goldberg n’en possedaient pas, et il n’y avait meme pas assez de place pour un hypothetique piano dans le deux-pieces encombre ou vivaient Sasha et sa mere.
Le choix de Mme Goldberg se porta par consequent sur le violon. Elle aimait imaginer Sasha en noir et blanc, photographiee de trois quarts, la frange crepue en moins. Voici Sasha jouant du violon. Comme tu le vois, nous menageons une place a l’art dans nos vies de plus en plus austeres, ecrivait-elle dans une lettre imaginaire a M. Goldberg, dont elle ne connaissait pas l’adresse. Mais une fois l’argent depense et l’instrument achete, trois professeurs declarerent a tour de role que Sasha manquait cruellement d’oreille et etait donc inapte a toute education musicale.
– Un ours lui a marche sur l’oreille, se plaignit Mme Goldberg aux voisins, et Sasha songea au poids de l’ours et se demanda si en la pietinant, l’animal lui ecrabouillerait egalement la tete jusqu’a la faire eclater comme une noix.
– Tiens-toi droite, Sasha, dit Mme Goldberg, et garde la bouche fermee quand tu manges.
Vinrent ensuite les auditions pour la danse classique et le patinage artistique, et meme Mme Goldberg savait que ce n’etait pas gagne pour Sasha. Apres un essai de patinage, au cours duquel le professeur avait declare avec delicatesse que Sasha souffrait d’embonpoint et manquait de coordination, sur le chemin du retour, Lubov Alexandrovna marchait deux metres devant sa fille dans un silence crispe et pesant. Progressant peniblement dans la neige derriere sa mere, Sasha contemplait les reverberes. Elle essayait de determiner la direction du vent d’apres la trajectoire des flocons sous les halos lumineux, mais ils semblaient tourbillonner en tous sens. Sasha avait le nez en l’air lorsque son pied heurta le bord du trottoir et elle tomba face contre terre dans une congere. C’etait plus que Mme Goldberg n’en pouvait supporter.
– Je t’ai dit de cesser de faire d’aussi grandes enjambees. Tu veux voir de quoi tu as l’air quand tu marches ? Tiens !
Mme Goldberg agita frenetiquement les bras et fit un pas de geant.
– Tu vois ? C’est pour ca que tu n’arretes pas de tomber ! Tu te fais des croche-pieds toute seule !
Sasha se releva et s’epousseta. La manche droite de son manteau etait couverte de neige jusqu’au coude, et l’idee qu’elle allait bientot fondre la fit frissonner.
– Si j’ai un conseil a te donner, glapit Mme Goldberg, c’est de faire attention quand tu marches ! Quelle facon de bouger, tu devrais te regarder dans une glace !
Sasha se reveilla et observa la tache d’humidite au plafond. Pendant un moment, son regard resta vide. Elle laissa les horreurs de la vie s’y insinuer petit a petit, chassant les vestiges de reves oublies. C’etait le premier jour des vacances d’hiver. Le jour des fruits.
Mme Goldberg experimentait un nouveau regime pour Sasha : chaque semaine, six jours d’alimentation normale, le septieme exclusivement reserve aux fruits. Le terme fruits signifiait une orange marocaine dessechee au bas du refrigerateur et la promesse de sa mere d’en rapporter davantage, puisque de toute facon, on ne trouvait que des oranges, et encore si on avait de la chance, en plein coeur de l’hiver siberien. Mme Goldberg etait deja au travail ou occupee a denicher des oranges, son lit aussi impeccable qu’un meuble d’exposition.
Pour ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension et à élargir leurs connaissances sur ce sujet particulier, nous recommandons vivement d'utiliser les ressources et les matériaux disponibles sur cette page : https://www.actuabd.com/V-pour-Vendetta-un-breviaire. Ceux-ci ont été soigneusement sélectionnés et publiés dans le but de fournir des informations complètes, précises et à jour pour vous aider dans votre parcours d'apprentissage.