Auteur : Thalie de Molenes
Date de saisie : 02/06/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Fanlac, Perigueux, France
Prix : 19.00 / 124.63 F
ISBN : 978-2-86577-262-9
GENCOD : 9782865772629
Sorti le : 02/06/2008
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 01/07/2008
1542. En aout, a Bordeaux, Aymon de La Voye est condamne a mort et execute pour crime d’heresie. Mais sa parole a deja enflamme la ville de Sainte-Foy-La-Grande, celle de Bergerac et s’est repandue en amont et en aval de la riviere Dordogne. Alors commence l’histoire des Hortal, bateliers de la Dordogne. Elle illustre les tout debuts du protestantisme, vingt ans avant le declenchement de la premiere guerre de Religion. Jean Hortal incarne l’elan de cette idee, revolutionnaire a l’epoque, que tout homme est libre de sa pensee et n’en rend compte qu’a Dieu sans intermediaire. On suit Hortal par les chemins plus ou moins secrets ou il diffuse la Reforme. Emeline incarne les amours passionnelles, maternelles et religieuses. Marguerite, sa fille, approche la cour de la reine de Navarre. Guilhem son fils, aux vraies qualites de guerrier, sera pris dans les filets de la vengeance et de la haine. Ce combat au XVIe siecle de personnalites en lutte contre un pouvoir qui pretend controler les consciences peut eveiller des echos dans des temps et des lieux pas si eloignes de nous.
En Perigord, il n’est pas rare, si l’on remonte le temps dans sa famille, d’y rencontrer un ancetre protestant – c’est le cas de Thalie de Molenes dont une partie de la famille a du abjurer pour survivre et une autre partie s’exiler a Geneve.
- Les courts extraits de livres : 01/07/2008
1542 – Execution d’Aymon de la Voye a Bordeaux. Francois Ier roi de France condamne les protestants ; sa soeur, Marguerite d’Angouleme, reine de Navarre, les protege.
C’etait le plus haut pic de l’ete qui bientot eclaterait en un orage puis, de brumes matinales en ondees, les saisons glisseraient sur les invisibles charnieres du temps vers l’automne. Jean Hortal attendait le coche d’eau parmi un groupe de jeunes hommes qui descendaient dans la basse Dordogne pour travailler aux vendanges. Quand l’embarcation se rangea le long du quai, les hommes se bousculerent pour y monter. Le garcon qui encaissait le prix du voyage dit a Hortal : Venez, et le conduisit a l’arriere, a l’ombre incertaine d’une toile accrochee a un mat, lui designant une place assise sur un banc.
Hortal etait grand, sec, maigre, noir de cheveux, il avait un visage long, un haut front, le nez busque, les levres minces, avec des yeux ardents. Age d’une vingtaine d’annees, il semblait sans age, peut-etre parce qu’il etait recuit a un feu interieur dont on voyait des reflets dans ses regards, que ses gestes rares et ses mouvements mesures donnaient le sentiment d’un grand controle de soi. Pieds nus dans des sandales, il etait vetu du froc de bure des moines franciscains. Il se trouva assis a cote d’un homme de loi, huissier ou greffier, qui voyageait avec un secretaire charge d’une ecritoire.
Les hommes manoeuvrerent pour placer l’embarcation dans le vif du courant. Une lumiere blafarde mangeait les ombres, moirait l’eau de reflets metalliques, la chaleur exaltait les senteurs de boue et de pourriture. Des nuees de toutes petites mouches se collaient sur les visages en sueur. Hortal jeta un bref regard sur les autres passagers. Une dame de qualite, le visage sous un voile qu’elle agitait comme un eventail et flanquee de deux serviteurs, lit un infime signe de tete a son adresse. Il se souvint l’avoir vue dans la cave du regent d’ecole quand il allait, comme tant d’autres, ecouter celui qu’il appelait son maitre, Aymon de La Voye. Il crut reconnaitre aussi deux hommes vetus de couleurs sombres et, rassembles comme un troupeau famelique et poussiereux, un groupe de pauvres heres, peut-etre des portefaix. Il se demanda s’ils se rendaient tous a Bordeaux, comme lui-meme, pour assister au supplice d’Aymon de La Voye. S’ils se reconnaissaient, ils ne faisaient rien pour se reunir, sans doute par prudence.