Auteur : Jean-Paul Giraux
Preface : Maurice Rajsfus
Date de saisie : 11/12/2003
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Editinter, Soisy-sur-Seine, France
Prix : 17.00 €
ISBN : 2-915228-23-X
GENCOD : 9782915228236
Sorti le : 11/12/2003
- Le journal sonore des livres : Francois Attia – 02/03/2007
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Francois Attia – 02/03/2007
- Les presentations des editeurs : 17/02/2007
Au depart, dans un journal local, une petite annonce apparemment anodine : “Chercheur souhaite recueillir temoignages et documents sur les camps du Loiret pendant l’Occupation…”
Anodine, vraiment ?
Deux ans auparavant, le film d’Alain Resnais, Nuit et Brouillard, avait subi les foudres de la censure officielle parce que, sur quelques images empruntees aux actualites de l’Occupation, le camp de Pithiviers, avec son double rang de barbeles et ses miradors, se trouvait associe a l’uniforme d’un gendarme francais.
Puis le contexte s’est encore alourdi.
En Algerie, une guerre qui ne dit pas son nom aboutit aux evenements du 13 mai 1958, avec ce coup d’Etat democratique qui est aussi une belle occasion de refaire surface pour les elements troubles d’une extreme droite que la Liberation semblait avoir disqualifies pour longtemps.
Dans ces conditions, qu’est-ce qui peut inciter un jeune professeur d’histoire, egalement poete, a entreprendre une monographie sur les camps d’internes juifs du Loiret, Pithiviers et Beaune la Rolande, camps voulus et geres par les autorites de Vichy ?
Son histoire personnelle ?
Parce que, comme le dit Saint-Just, l’enqueteur dans cette intrigue ou la fiction s’appuie sur des faits bien reels, pour Julien raconter les camps, c’est empecher le retour de la barbarie ?
De toute facon, ne pouvait-il pas se douter qu’il y aurait la des coups a prendre ?
Preface remarquable de l’historien Maurice RAJSFUS dont les travaux sur le camp de Drancy, la police sous Vichy, l’etoile jaune (Le cherche Midi editions) et la rafle du Vel d’hiv (Que sais-je ?) font justement autorite.
Jean-Paul GIRAUX a publie un recueil de proses breves, Le chimpanze de Rio, a La Bartavelle editeur et, dernierement a Editinter, des nouvelles noires, L’allee du vingt et autres faits divers. Il collabore aux revues Poesie sur Seine et Poesie/premiere auxquelles il donne regulierement des articles sur la poesie et les poetes.
En couverture : Silhouettes, acrylique de Colette Giraux
- Les courts extraits de livres : 17/02/2007
Ils etaient cinq autour d’une table en comptant Croizet et le Docteur.
C’etait la premiere fois qu’ils se reunissaient dans cet appartement-la. Ces dernieres semaines, ils se rencontraient le plus souvent chez Maurice a deux pas de la place Maubert. Dans la petite salle du premier, au-dessus des cuisines.
Il avait fallu y renoncer a cause des flics, ceux des Renseignements Generaux, et les autres aussi, pas exagerement curieux pourtant, car pour la plupart des habitues du restaurant et presque des amis du patron.
Maurice les connaissait bien – on se tutoyait – et ses sympathies politiques comme ses exploits de militant n’etaient un mystere pour personne. Ce n’etait pas de ce cote la qu’on recherchait les ferments de la subversion.
Pour tout le monde ici, en dehors de quelques ahuris de passage, le seul complot evident etait celui qui empechait l’Armee avec un grand A de gagner ses guerres.
L’Indochine hier et maintenant l’Algerie.
Quand meme, il valait mieux etre prudent d’autant qu’il fallait aussi compter avec la Securite militaire, dont la motivation essentielle n’etait pas de laisser ces cons de civils foutre la merde partout.
Comme d’habitude !
Raisonnement simple, peut-etre simpliste, mais applicable dans tous les cas.
Le Docteur parla d’une voix qui grincait comme une vieille porte. On ne pouvait s’empecher de penser qu’il exagerait, qu’il pourrait peut-etre mettre un peu d’huile sur les gonds, meme si cette voix bizarre etait finalement en accord avec le visage anguleux presque ascetique et l’allure de moine-soldat du Docteur.
– Je reviens d’Alger, dit-il. Notre ami est pret a prendre la direction des operations. L’Armee le suivra. Il a recu des assurances, y compris en metropole, notamment du cote du general Miquel. Celui-la est resolument contre toute politique d’abandon. Douze balles pour les traitres ! C’est sa formule.