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La memoire spoliee : les archives des Francais, butin de guerre nazi puis sovietique (de 1940 a nos jours)

Auteur : Sophie Coeure

Date de saisie : 19/06/2007

Genre : Histoire

Editeur : Payot, Paris, France

Collection : Essais

Prix : 22.00 / 144.31 F

ISBN : 978-2-228-90148-2

GENCOD : 9782228901482

Sorti le : 03/01/2007

  • Les courtes lectures : Lu par Claire Lamarre – 17/09/2008

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Claire Lamarre – 09/05/2007

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Aout 1940 : l’original du Traite de Versailles est saisi par les Allemands et envoye a Berlin ; on ne le reverra plus.
Comme cette source cle de l’histoire europeenne, des millions de documents publics ou prives, archives ministerielles, d’institutions juives ou de la franc-maconnerie, correspondances, livres, photographies, appartenant a des hommes celebres ou a des anonymes, vont connaitre, des la defaite, une etrange odyssee, parcourant des milliers de kilometres de Paris a Berlin, puis, les Sovietiques ayant pris la capitale du Reich, de Berlin a Moscou, et enfin, quand ils ne furent pas perdus, voles ou brules, mais restitues, de Moscou a Paris.
Quel est le sens de ce ” memoricide “, tant pour les spoliateurs que pour les spolies ? Et pourquoi, malgre les enquetes menees a la Liberation, le silence est-il retombe sur ces disparitions pendant plus de cinquante ans ? Alors que notre monde semble obsede par la memoire des grands crimes du XXe siecle, cette histoire inedite des pillages de la Seconde Guerre mondiale revele le role fondamental que jouerent, pour les nazis et les Sovietiques, la connaissance des rouages des regimes adverses, le controle du passe, l’assassinat des memoires collectives ou privees.

Sophie Coeure, historienne, enseigne a l’Ecole normale superieure de Paris. Elle est notamment l’auteur de La Grande Lueur a l’Est : les Francais et l’Union sovietique, 1917-1939.

  • La revue de presse Olivier Wieviorka – Liberation du 3 mai 2007

Que des armees victorieuses s’arrogent a titre de butin, tableaux, bijoux et autres biens releve d’une evidence que confirme la longue et repetitive histoire des guerres. Qu’elles s’emparent d’archives constitue un phenomene plus rare. Sitot arrivees en France, les troupes nazies firent main basse sur un nombre impressionnant de cartons. Des services divers se ruerent dans les principaux depots, campant parfois jusqu’en 1944 a l’hotel de Rohan ou au Quai d’Orsay pour rafler les pieces susceptibles d’interesser le grand Reich….
Aux lendemains de la guerre, le pouvoir gaulliste s’employa a recuperer les fonds expedies outre-Rhin. Mais cette quete se revela souvent vaine. Car en envahissant une partie de l’Allemagne, les Sovietiques firent eux aussi main basse sur les documents, allemands ou etrangers, qui presentaient a leurs yeux un interet…
Ces tribulations etonnantes relevent du roman et le recit, fort bien ecrit, de Sophie Coeure, nous tient constamment en haleine. Chemin faisant se devoilent des questions capitales.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Extrait de l’introduction :

Un crime mineur…
Pourquoi piller des archives ?

Dans la nuit du 9 au 10 juin 1940, Leon Blum fermait son appartement de l’ile Saint-Louis et quittait Paris, fuyant comme des millions de Francais devant la Blitzkrieg declenchee par Hitler le 10 mai precedent. L’ancien president du Conseil laissait derriere lui avec inquietude le decor paisible de sa vie, de son action et de son ecriture : La voiture stationnait devant la porte, toute prete. J’etais assis a ma table, dans ma chambre de travail, et trois amis tres proches etaient autour de moi. Rien n’etait change dans la chambre, ni d’ailleurs dans l’appartement ; aucun objet, aucun livre n’avait ete deplace. Rien ne sentait le depart, tout donnait au contraire le sentiment d’une vie egale, constante, paisible. Je ne parvenais pas a me decider ; quitter cette maison ou j’avais tant vecu, ou j’avais connu le bonheur et la souffrance […]. Quitter ma maison, quitter Paris, mais quand reverrais-je ma maison et ma ville ?
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes entraient dans Paris et avec elles les commandos que le ministere des Affaires etrangeres de Berlin avait confies au baron von Kunsberg pour rechercher les actes, documents et livres contemporains susceptibles d’etre exploites a des fins de propagande. Des le 20 juin, une premiere perquisition s’attaquait au domicile de Leon Blum, vise comme ennemi du Reich avec d’autres personnalites de la IIIe Republique, hommes et femmes de gauche, juifs ou francs-macons. Le 15 septembre, apres que Leon Blum eut suivi le gouvernement a Bordeaux et se fut rendu a Vichy pour y voter en juillet contre les pleins pouvoirs au marechal Petain, il etait arrete pres de Toulouse par la police de Vichy : a cette date, son appartement etait entierement vide, ses papiers et ses livres avaient pris le chemin de Berlin. Les deux valises de documents personnels deposees au domicile de sa femme a Jouy-en-Josas n’avaient pas ete oubliees. En retrouvant Paris en mai 1945, au retour de son incarceration par l’Etat francais, puis de sa deportation comme otage a Buchenwald, le leader de la SFIO allait reprendre pour un temps son action politique. Mais, malgre les efforts de la Commission de recuperation artistique francaise envoyee en Allemagne et en Autriche sur la trace des biens spolies, malgre l’emotion eprouvee a retrouver une lettre de sa petite-fille glissee entre les pages d’un ouvrage, il n’allait recuperer que quelques centaines de livres et de papiers epars. Leon Blum mourrait en 1950 sans savoir qu’une partie de ses documents pilles avait gagne des 1945 l’Union sovietique.