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La montagne morte de la vie

Auteur : Michel Bernanos

Preface : Stephane Audeguy

Postface : Dominique de Roux

Date de saisie : 05/07/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Table ronde, Paris, France

Collection : La petite Vermillon

Prix : 7.00 / 45.92 F

ISBN : 978-2-7103-3051-6

GENCOD : 9782710330516

Sorti le : 29/05/2008

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  • Les presentations des editeurs : 08/05/2008

Un galion perdu sur les oceans. Des brutes en proie a la famine, a l’alcool et a l’autodestruction. Puis les elements dechaines par un cyclone sans precedent infligent au navire les derniers tourments, avant de l’engloutir dans une atmosphere de fin du monde. Commence alors la nouvelle vie des deux naufrages, un vieux matelot et un jeune mousse – le narrateur.
Echoues sur une terre sinistre et inhospitaliere, ou la figure de l’homme n’apparait plus que gravee dans des statues, ils entreprennent l’ascension de la formidable montagne rocheuse qui se dresse devant eux, mettant leur espoir dans l’au-dela. Une montagne dominatrice, dont l’irradiation et les voix souterraines subjuguent les arbres de la foret. Les deux compagnons en atteindront-ils le sommet ? Parviendront-ils a la terre promise ?

Poete et auteur fantastique, Michel Bernanos (1923-1964) utilisa des pseudonymes pour se demarquer de son pere, l’ecrivain Georges Bernanos. On lui doit notamment un cycle fantastique et initiatique inspire par deux sejours au Bresil entre 1938 et 1948, centre autour du roman La Montagne morte de la vie. La plupart de ses oeuvres ont ete publiees a titre posthume.

Preface de Stephane Audeguy.
Postface de Dominique de Roux.

  • Les courts extraits de livres : 08/05/2008

Je venais tout juste d’atteindre mes dix-huit ans, lorsqu’un soir, apres boire, la main d’un ami guida la mienne pour signer un engagement d’une annee sur un galion.
Mes souvenirs relatifs a ce qui devait etre le depart d’une aventure effroyable sont tres vagues, pour ne pas dire nuls. En fait, je ne repris vraiment contact avec la realite que le lendemain matin. Ma surprise fut grande, alors, de me retrouver couche de tout mon long sur la dure, accueilli par le bleu du ciel profond. J’apercus ensuite des voiles que gonflait doucement un vent leger, puis les petites taches blanches de la mer en mouvement se multipliant jusqu’au bout de l’horizon. Au comble de l’etonnement, je regardai autour de moi, quantite de cordages s’y trouvaient loves, des cordages pareils a ceux que j’avais vus si souvent sur les ponts des navires en escale. Une forte odeur de goudron planait par-dessus le tout.
Un pas retentit. Je refermai aussitot les yeux, faisant semblant de dormir. Cela ne m’evita en rien le dur contact d’un pied lance dans mon cote, tandis qu’une voix aboyait :
– Allez, ouste, le mousse ! Faut qu’on nettoie le gaillard d’arriere ! Bouge-toi plus vite que ca, si tu veux pas qu’on t’accroche au bout-dehors !
Et le pied reprit durement contact avec mon corps.
Je me mis debout, titubant sur ce plancher instable, pendant que la voix continuait :
– Grouille-toi, que je te dis, et file voir le cuistot, il t’attend pour la bouffe.
Ne sachant trop ou trouver les cuisines, je commencai d’errer du gaillard d’arriere au gaillard d’avant. Le vent s’etait leve et les voiles montraient maintenant leurs grands ventres blancs tout remplis de brise. Le galion – j’appris son nom par la suite – penchait sur un bord et glissait sur l’eau comme une caresse. Sa mature gemissait a force de maintenir les vents. Je rencontrai plusieurs membres de l’equipage. Leurs mines n’avaient rien d’encourageant, mais le fait qu’ils ne semblaient pas faire attention a moi me tranquillisait. Cependant, je dus vite dechanter en me retrouvant brusquement face a face avec celui qui m’avait fait lever sans douceur. Sa figure brune, presque noire, grimaca affreusement, et il me jeta d’une voix hargneuse :
– Ah, tu veux pas obeir ? Eh bien, on va t’en donner le gout ! Par ici, les gars, se mit-il a hurler en direction des autres matelots, apportez deux lance-amarres, on va bien rigoler !
Et, fixant a nouveau ses yeux pleins de haine sur moi :
– Ah, tu veux pas obeir ! Eh bien, je m’en vais t’apprendre, moi, tiens, a t’amariner !
Comme dans un mauvais reve, je voyais a present l’equipage m’entourer. Un mechant rire silencieux sur le dur visage de ces hommes me fit perdre tout espoir de les voir s’apitoyer.
– Alors, gabier, se reprit a hurler mon tortionnaire que je devinai etre leur chef, ca vient, ces lance-amarres ?
– Voila, voila, on arrive, repondit une voix. Et un jeune marin parut, tenant dans ses mains une longue corde au bout de laquelle pendait un poids.