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La preuve par le miel

Auteur : Salwa al-Neimi

Traducteur : Oscar Heliani

Date de saisie : 13/06/2008

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : R. Laffont, Paris, France

Prix : 14.00 / 91.83 F

ISBN : 978-2-221-10976-2

GENCOD : 9782221109762

Sorti le : 07/05/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/06/2008

La confession impertinente et sensuelle d’une Sheherazade contemporaine

Je ne connais pas mon ame ni celle des autres, mais je connais mon corps et je connais leurs corps.
Et je m’en satisfais.

Une intellectuelle syrienne se passionne en secret, du moins le croit-elle, pour l’etude des traites erotiques arabes anciens. Jusqu’au jour ou elle est tres officiellement invitee a participer a un colloque sur le sujet. C’est l’occasion pour elle d’evoquer sa vie passee, sa liberte, ses plaisirs et ses desirs, en une reverie superbe ou s’entremelent les souvenirs nostalgiques d’un amant mysterieux et les citations des chefs-d’oeuvre de la litterature erotique arabe. C’est aussi l’occasion pour elle de s’amuser, au fil des histoires qu’elle a recueillies et glissees dans son recit a la maniere des Mille et Une Nuits, de la place qu’accordent au sexe les societes arabes actuelles.

Un livre incandescent
Un evenement dans le monde arabe

  • La revue de presse Robert Sole – Le Monde du 13 juin 2008

Le fait que des pages aussi osees aient ete ecrites par une femme – et en arabe – n’explique qu’en partie l’echo rencontre par ce livre : Salwa Al Neimi n’est pas la premiere a bousculer le tabou du sexe. Un tabou beaucoup plus facile a briser, d’ailleurs, que celui de la religion. L’originalite du roman tient plutot au fait qu’il se refere constamment a l’heritage arabo-musulman : la narratrice puise toutes ses inspirations chez des auteurs comme Tifachi ou Al-Siouti, qui vivaient il y a plusieurs siecles. “Ce n’etaient pas des marginaux, remarque-t-elle, mais des cheikhs qui faisaient autorite. Dans leurs traites sur le sexe, ils commencaient par remercier Dieu de leur avoir donne un avant-gout de ce qui les attendait au paradis.”…
“L’arabe est la langue du sexe, affirme la narratrice. Aucune langue ne peut le remplacer a l’heure de la fievre, meme aupres des hommes qui ne le parlent pas.”

  • La revue de presse Gregoire Lemenager – Le Nouvel Observateur du 29 mai 2008

On voit par la que pour Salwa Al Neimi le plaisir n’est pas le privilege du male occidental : Je baise, donc je suis, peut-on lire dans un brillant petit livre qu’elle presente prudemment comme un roman, mais qui tient a la fois de la confession libertine et de l’essai savant…
En pretant sa plume legere a une bibliothecaire qui, devenue experte clandestine en livres erotiques, demontre ici, a grands renforts de citations puisees dans un patrimoine millenaire, que l’arabe est la langue du sexe. En s’appuyant sur la parole du Prophete lui-meme pour affirmer que le sexe est une grace divine.

  • Les courts extraits de livres : 17/06/2008

Certains invoquent les esprits. Moi, j’invoque les corps. Je ne connais pas mon ame ni celle des autres, mais je connais mon corps et je connais leurs corps.
Et je m’en satisfais.
Je les invoque et je me revois, avec eux ; des passants dans un corps de passage. Ils n’etaient rien d’autre, les regles du jeu etaient posees. Des hommes objets ? Pourquoi pas.
Des amants ? Un grand mot. Je ne l’emploierai jamais, meme seule. Le Penseur l’a prononce, une fois. J’en ai ete choquee. Un amant ? Je n’ai pas d’amants. Il faut inventer un autre mot. Je ne me suis pas fatiguee a chercher. Un jour, alors que je lui parlais d’une amie qui l’avait croise dans une fete, le Penseur m’a demande en toute simplicite : Sait-elle que je suis l’amant de son amie ? Son histoire etait mon secret, et la question ne m’a pas froissee. Mais le mot, si : amant. Le Penseur est-il mon amant ? Je n’y ai jamais pense. Puis-je etre la maitresse d’un homme dont je ne veux qu’une chose : qu’il me prenne dans ses bras en secret ? Puis-je etre la maitresse d’un homme dont je ne veux que ces heures volees ?
Je ne suis pas allee plus loin dans mes pensees, car le Penseur m’a dit comme a son habitude : J’ai une idee. Il s’est approche du lit, je me suis allongee sur le ventre, le dos arque, appuyee sur les avant-bras. Il est derriere moi mais je ne le vois pas. Ses mains m’effleurent, des epaules aux cuisses pour finir sur mes fesses. Il m’attire a lui, et je vais a sa rencontre pour le sentir davantage en moi. J’enfouis mon visage dans l’oreiller pour y etouffer les gemissements de plaisir qui accompagnent mouvements et murmures. Je savais que plus le coit est obscene, meilleur il est. Pourtant, je tentais de contenir mon rale.
Il m’attire encore vers lui. J’aime cette position plus que tout. Lui aussi.
Dans cette position, nos points de vue se croisent selon des angles differents. L’important reste le point de rencontre. J’etouffe mes cris, j’oublie mon amie, je dissous l’exegese et la theorie dans la fusion experimentale des corps.
Des amants ? Le Penseur avait sans doute ses raisons d’employer le mot. Moi, je ne le peux, car je viens d’une autre planete. La planete du langage feminin, que je dois inventer. J’ai l’habitude de recourir aux dictionnaires, mais ils ne me donnent pas toujours satisfaction. Leur langage et leurs concepts me genent. Le sens du mot amant est trop large pour s’appliquer aux hommes que j’ai cotoyes.
Meme au Penseur ?
Des amants ?

Au commencement, il y a la rencontre. Une lueur dans un regard, et la reponse est la, je la sens en moi. Un sentiment sans appel. Des le premier instant. Avant meme que le pretendant ne presente les lettres de creance de sa convoitise. L’essentiel est mon propre desir. Mon desir si rare.
Oui. Non. La reponse fuse en un seul regard. La decision se manifeste, elle a balaye toutes les regles. Je n’ecoute que ma propre voix. La voix de mon desir. Mon desir si rare.