Auteur : Jean Hatzfeld
Date de saisie : 07/10/2008
Genre : Documents Essais d’actualite
Editeur : Points
Collection : Points, n 1993
Prix : 7.00 / 45.92 F
ISBN : 978-2-7578-1005-7
GENCOD : 9782757810057
Sorti le : 11/09/2008
- Les presentations des editeurs : 08/10/2008
Un matin brulant de mai 2003, une file d’anciens tueurs rwandais franchit les portes du penitencier de Rilima, en chantant des alleluias. A la surprise de tous, notamment des rescapes qui les regardent s’installer a nouveau sur leurs parcelles, a Nyamata et sur les collines de Kibungo ou Kanzenze. Comment vivre desormais cote a cote, que se dire quand l’essentiel est indicible, que ramene-t-on de la-bas ?
Mener l’existence d’un gibier humain, seuls ceux qui sont morts en gibier pourraient oser s’en souvenir sans defaillance et le raconter en vrai.
Jean Hatzfeld est journaliste et ecrivain. Sont egalement disponibles en Points : L’Air de la guerre, La Ligne de flottaison, Dans le nu de la vie et Une saison de machettes.
Il y a dans les propos des rescapes et des tueurs qu’il a longuement rencontres quelque chose de l’ordre de la poesie et de la philosophie entremelees jusqu’a l’essentiel, jusqu’au plus profond de l’humain.
Le Monde
- Les courts extraits de livres : 08/10/2008
Encore des questions ?
Quand Satan a propose les sept peches capitaux aux hommes, l’Africain a tire la gourmandise et la colere. J’ignore s’il les a choisis au premier tour ou au dernier. Ni ce que les Blancs ou les Asiatiques ont attrape pour eux, car je n’ai pas voyage dans le monde. Mais je sais que ce choix nous sera toujours contrariant. La convoitise souffle sur l’Afrique plus de chamailles et de guerres que la secheresse ou l’ignorance. Et dans le brouhaha, elle a reussi a souffler un genocide sur nos mille collines.
Comme pour les alleger, Claudine Kayitesi interrompt ces paroles sur un lent sourire, et ajoute : Je suis contente d’etre africaine, car sinon je ne pourrais etre contente de rien. Mais fiere en tout cas pas. Peut-on etre fiere si on se trouve genee ? Je suis simplement fiere d’etre tutsie, ca oui, absolument, parce que les Tutsis devaient disparaitre de la terre et que je suis bien toujours la.
Lors de ma derniere visite, deux ans plus tot, Claudine occupait l’ancienne maison de sa cousine, en compagnie d’une marmaille des environs, en haut d’un chemin abrupt sur la colline de Rugarama. Une maison en pise, deja tres lezardee et couverte de tole rouillee, mais entouree d’un magnifique jardin odorant, soigne de ses propres mains. Derriere, une cahute abritait les marmites et l’enclos d’un veau.