Auteur : Raymond Carver
Traducteur : Emmanuel Moses
Date de saisie : 28/02/2008
Genre : Poesie
Editeur : Points, Paris, France
Collection : Points. Poesie
Prix : 6.00 / 39.36 F
ISBN : 978-2-7578-0576-3
GENCOD : 9782757805763
Sorti le : 28/02/2008
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- Les presentations des editeurs : 17/03/2008
Ce fait ineluctable : alors meme
que nous entreprenons notre voyage,
il y en a un autre, bien plus bizarre,
que nous devons encore accomplir.
En quatre-vingts poemes, ce recueil dessine un autoportrait de Raymond Carver. Un ecrivain seul a sa fenetre, le regard perdu dans un paysage fige par le givre, le souvenir d’une soiree de Noel gachee par l’alcool, une separation sur une aire de parking : autant de sublimes instantanes poetiques, recueillis par un virtuose de la short story.
Raymond Carver, ne en Oregon (Etats-Unis) en 1938, est mort en 1988 dans l’Etat de Washington. Traduite en plus de vingt langues, son oeuvre s’est imposee comme celle d’un des plus grands ecrivains americains. Il est notamment l’auteur des Vitamines du bonheur, N’en faites pas une histoire (disponible en Points), et Qu’est-ce que vous voulez voir ?
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuel Moses
- Les courts extraits de livres : 17/03/2008
Ce matin
Ce matin etait bien. Un peu de neige
tapissait le sol. Le soleil flottait dans un ciel clair
et bleu. La mer etait bleue et bleu-vert,
aussi loin que portait l’oeil.
A peine une ondulation. Calme. Je me suis habillepour aller
me promener – resolu a ne pas rentrer
avant d’avoir recueilli ce que la Nature avait a m’offrir.
J’ai depasse de vieux arbres inclines.
Traverse un champ seme de rochers
ou la neige s’etait entassee. Marche
jusqu’a atteindre la falaise.
Ou j’ai contemple la mer, et
le ciel, et les mouettes tournoyant au-dessus de la plage blanche
loin aude-ssous. Tout etait beau. Tout baignait dans une pure
et froide lumiere. Mais, comme toujours, mes pensees
se sont mises a errer. Je devais me contraindre
a voir ce que je voyais
et rien d’autre. Je devais me dire c’est cela qui
compte, pas autre chose. (Et je l’ai vraiment vue
une ou deux minutes !) Une ou deux minutes
elle a refoule les reveries habituelles sur
ce qui est bien, et ce qui est mal – le devoir,
les bons souvenirs, les idees de mort, la facon de me conduire
avec mon ex-femme. Toutes ces choses
dont j’esperais qu’elles disparaitraient ce matin.
Ce avec quoi je vis chaque jour. Ce que j’ai
foule aux pieds afin de rester en vie.
Mais une ou deux minutes j’ai bel et bien oublie
moi-meme et tout le reste. Je le sais.
Car quand j’ai fait demi-tour je ne savais plus
ou j’etais. Jusqu’a ce que des oiseaux s’echappent
des arbres noueux. Et s’envolent
dans la direction que je devais prendre.