Auteur : Philippe Colin-Olivier
Date de saisie : 04/05/2008
Genre : Policiers
Editeur : le Passage, Paris, France
Collection : Litterature
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-84742-118-7
GENCOD : 9782847421187
Sorti le : 07/05/2008
- Les presentations des editeurs : 05/05/2008
Festival de Cannes.
Eddy Neustatt, producteur fauche, veut lancer son film Matin d’hiver. Oui, mais le long-metrage n’est pas bon. Et l’actrice, ravissante, est inconnue. Quelle combine trouver pour que les medias en parlent ?
Eddy Neustatt a de bonnes idees : il engage deux gardes du corps, Costes et Bernstein, pour sa jolie comedienne. Rien de tel que d’etre accompagne de gorilles pour avoir l’air important. Mieux, Eddy Neustatt embauche un grand voyou pour enlever l’actrice et capter l’attention.
Bon calcul : les journaux televises europeens, americains, asiatiques, titrent aussitot sur : Kidnapping au festival. Du jamais vu !
Enfin le succes ! L’actrice devient celebre et les distributeurs se battent pour acheter le film. Banco !
Seulement voila, les gardes du corps sont moins betes que le producteur ne le pensait… et, plus menacant encore, le truand-kidnappeur n’obeit plus.
Ca va mal se terminer !
Un roman noir. Mais un roman drole dans le milieu du cinema.
Philippe Colin-Olivier, scenariste, ecrivain, responsable de la rubrique polar dans la revue Service litteraire, a publie, aux editions Le Passage, Un Bon president L’Approche et La Crue.
Philippe Colin-Olivier a un sens etonnant de la composition romanesque et tire les ficelles de ses histoires a tiroirs avec une virtuosite admirable.
Yves Berger. Nice-Matin
Si Les Tontons flingueurs etaient encore en pre-production, ce type-la dinerait avec Audiard.
Valerie Lejeune, Le Figaro Magazine
- Les courts extraits de livres : 05/05/2008
Eddy Neustatt, producteur de cinema, eut une caresse pour la police d’assurance qui couvrait les seins, les cuisses, les dents, de Nina Gallante. Eddy avait su negocier, avec une compagnie de San Diego, l’hypothese d’une indisponibilite ou d’un accident qui toucherait Nina lors du tournage de Matin d’hiver, ou a l’occasion de son lancement. Risques speciaux, ainsi les assureurs definissaient-ils ces eventualites.
Il en relut l’essentiel : Si l’actrice qui tient le premier role ne pouvait, a cause d’un evenement independant de sa volonte, contribuer a assurer la realisation, ou la promotion du film pour lesquelles elle a ete retenue, l’assureur s’engage a verser au producteur une indemnite de cent mille dollars par jour de retard par rapport au calendrier previsionnel.
Eddy prit de l’aspirine. Il etait endette et les certitudes persecutrices du fisc lui donnaient la migraine. L’un de ses avocats l’avait appele. Le Tresor public lui reclamait des arrieres d’impots. La Direction des enquetes fiscales devenait enragee. Saletes de fonctionnaires. Toujours a tourner autour de ceux qui sont l’honneur de leur profession. Il en eut mal a la poitrine. Comme si son muscle cardiaque clignotait.
La critique avait juge les deux derniers films d’Eddy Neustatt, Quartier de lune et Une plage trop grande pour lui, oscillants entre l’indigent et le vulgaire. Quant au public, il n’avait pas fait l’effort de s’ennuyer durant quatre-vingt-dix minutes.
Eddy Neustatt jouait sa derniere carte. A cinquante-quatre ans, alors qu’a ses yeux les cinematheques auraient du chanter sa gloire, un sort maniaque le faisait vaciller. Une cabale ? Pas meme.
Ruine, Neustatt louait, le jeudi, un bureau aux Champs-Elysees. Une piece de trente metres carres. Peinture violette, meubles achetes en promotion, chasse d’eau comateuse. Le lieu se donnait un air de salle d’attente d’un dentiste a trois molaires de la retraite.
Quelques mois auparavant, Neustatt avait du vendre sa propriete de Deauville, ainsi que sa garconniere de Trouville, lieux de delices separes par un petit kilometre. Ces deux edens lui avaient permis, durant deux decennies, de jardiner le matin avec sa femme legitime, puis, a l’heure de la sieste coquine, d’offrir la partie turbulente de son individu a des starlettes en quete de bouts d’essais.
Avec Nicole, son epouse depuis sept mille nuits, Neustatt avait emmenage dans un studio au plafond deplatre, rue de la Montagne, a Courbevoie. Une artere pentue dont le cadastre disait bien qu’elle ne menait nulle part. Nicole l’avait qualifiee de trou a rats, expression injurieuse a l’egard des rongeurs. Au Tout-Paris, Neustatt laissait entendre, bien sur, qu’il habitait Neuilly.
Neustatt, un metre quatre-vingt-quatre, avait du charme. Un sang de conquerant, meme s’il se maderisait. Un cynisme auquel il donnait de la mobilite : Neustatt passait de l’indelicatesse a la malhonnetete avec de merveilleux sourires. De l’humour aussi, disons une gouaille. Le regard en alerte, un oeil de la couleur du dollar dans les periodes glorieuses, de la nuance de la roupie mauricienne lorsqu’un projet manquait d’ampleur.
Eddy conservait une delicieuse jeunesse d’esprit et emettait, a propos de l’age mur, les plus grandes reserves. En realite, Eddy avait perdu de vue depuis longtemps sa date de naissance. Lorsqu’il meditait sur lui-meme, Neustatt, quinquagenaire, considerait qu’il avait vingt-cinq ans et demi, presque vingt-six. Et cela allait durer. Eddy ne l’avait jamais dit a personne, mais il se croyait immortel.