L’almanach

Un romancier et conteur :
Henri Gougaud. Un Almanach :

365 contes, la vie des saints du calendrier, l’histoire des prenoms, des recettes de cuisine du terroir, tous les petits trucs de grand-mere, tous les remedes de bonne femme, un zeste d’astrologie populaire, des faits divers et coincidences folles, sans oublier les conseils potagers et horticoles et le langage des fleurs…

Ou l’on trouvera, outre les saints du jour et les bontes des saisons, contes en veux-tu en voila, telegrammes historiques, pensees de bon aloi, gourmandises de bouche, remedes d’ancetres et profusion de menus savoirs eclairants et jubilatoires.
Des contes, des recettes, des conseils potagers et horticoles, des anecdotes sur la vie des saints, de savoureux proverbes et dictons, des bons mots, les indispensables calendrier lunaire et ephemerides, un peu d’astrologie populaire… L’almanach d’Henri Gougaud emprunte les chemins classiques du genre et le remet a l’honneur, mais il le fait a sa maniere, erudite, litteraire, et sensuelle.
Les premiers almanachs, prodigieux outils de vulgarisation du savoir, apparurent en France au XVe siecle. En verite, des siecles durant, il fut le seul livre des gens du peuple, et donc plus qu’un livre, un conteur de papier, un sage a la maison qui savait presque tout des merveilles du ciel et de la terre. Il etait la voix du savoir.
Un travail considerable de l’auteur, fascine par la richesse et l’histoire de ces publications desuetes pour le lecteur moderne, et qui a puise aux meilleures sources pour nous transmettre ces florileges de la culture populaire. Temoin nostalgique d’un passe a jamais enfui, l’almanach le plus monumental publie depuis de longues annees saura seduire de nombreux lecteurs, qui renoueront grace a lui avec leurs racines et retrouveront les saveurs d’antan et les parfums d’enfance. Et pourquoi cette idee d’ecrire un almanach ? Parce que de toujours me poursuit le desir d’un livre qui soit un proche compagnon, que l’on puisse ouvrir quand l’envie nous prend, comme l’on appelle un ami, et qui soit farci de bonnes et simples choses. Bref un livre comme nous sommes, nous qui aimons rever plus haut que le front et que nos soucis n’empechent pas de demeurer, toujours esperant, des militants du bonheur.

Henri Gougaud est un auteur historique des editions du Seuil depuis la fin des annees 1970. Romancier et conteur, il a publie avec succes de nombreux ouvrages, notamment Les Sept Plumes de l’aigle, Le Rire de l’ange (2000), L’Amour foudre (2003), ou Le Voyage d’Anna (2005)..

JANVIER

signe du mois le Capricorne.

Son element est la terre.

Son animal de predilection : la vache
(evidemment sacree, parce que nourriciere).

Sa couleur : le noir.

Sa fleur : la myrrhe, parfum des dieux.

Ses pierres favorites : l’onyx, la calcedoine.

Janvier est le moi des Rois mages, Melchior, Gaspard et Balthazar, venus, l’etoile au front offrir fruits et parfums a l’Enfant nouveau-ne. Au plus sombre de l’hiver, Jesus fut une promesse de lumiere nouvelle. Voici maintenant offerts les germes du printemps. Ils sont encore embryonnaires, certes, mais bien vivants. La galette des Rois et la feve cachee : ne te detourne pas de cette image sous pretexte qu’elle te semble desuete et depourvue de sens. Crois-tu que la feve soit par pure fantaisie dissimulee dans la galette ? Que non. Il y a la plus de savoir qu’en un livre. La feve, depuis la plus haute antiquite, figure le soleil encore enfoui sous l’horizon – dans la terre. Elle est la lumiere prisonniere de la matiere. La terre, la voici figuree – comestible – par la galette. Comestible, c’est-a-dire nourriciere comme une mere. Elle est enceinte d’un soleil.
On disait autrefois que dans les feves se dissimulaient les ames des morts, et qu’au premier fremissement du printemps elles se revigoraient et montaient au jour, attirees qu’elles etaient par la lumiere nouvelle. Quel espoir fou dans cet humble legume ! Les morts ne sont enfouis que pour revivre, germer comme la graine, comme le soleil tombe au crepuscule et renaissant a l’aurore. Le deuil d’hiver est, pour ceux qui savent lire les images naives, un long et riche travail d’enfantement.

Dimanche, tire donc les rois et triche, s’il te plait.

Alors couronne-le, et regarde briller ses yeux sur ses joues rebondies. Ce n’est pas un vrai soleil, ca ? Ce n’est pas une vraie promesse de printemps ? Allons donc, ne dis pas que tu es insensible au sens profond des gestes saisonniers, je ne te croirais pas.