Auteur : Alain Fleischer
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Seuil, Paris, France
Collection : Fiction et Cie
Prix : 22.00 / 144.31 F
ISBN : 978-2-02-089284-1
GENCOD : 9782020892841
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 30/08/2006
Si ce livre peut etre considere comme un roman, c’est dans la mesure ou toute initiation, toute experience formatrice, entre en dialogue avec l’imagination des le moment vecu, puis dans le souvenir et tout au long de l’existence. Dans ce recit strictement autobiographique, tout l’effort consiste a retrouver et a restituer avec leurs composantes contradictoires les circonstances, l’etat d’esprit, les etats de corps, les sentiments, les sensations, les pulsions, d’une aventure amoureuse et sexuelle qui est celle de la premiere fois. Cela se passe a Londres en juillet 1957, alors que l’auteur, age de treize ans, sejourne dans une famille pour apprendre la langue anglaise. Pendant quelques jours, cohabitent violemment dans le meme etre le desir erotique pour une jeune fille de sept ans son ainee, et la volonte farouche de rester un petit garcon en culottes courtes, attache a son univers d’enfance. Alain Fleischer interroge le mystere d’une relation et d’evenements dont la force a depose une empreinte d’une precision insoupconnee, que seule l’ecriture, dans sa fonction archeologique, permet de faire emerger des sables de la memoire.
- La revue de presse Bernard Genies – Le Nouvel Observateur du 5 octobre 2006
Le sentiment n’apparait ici qu’en filigrane. Cet enfant qui ne porte pas encore de pantalon mais nourrit un interet certain pour la culotte est en effet partage entre deux mondes. Car tandis qu’il continue a mener son existence de gamin rythmee par les jeux et les jouets, il n’en est pas moins le temoin d’une autre histoire. Les dernieres pages du livre, recit du voyage que l’adolescent effectue dans le pays natal de son pere, la Hongrie, reduisent a neant l’experience du sejour anglais. En lisant la plaque d’un monument aux morts sur laquelle figure le nom d’une dizaine de Fleischer disparus en 1944, le narrateur en vient a penser que son sejour londonien n’etait que simulacre, supercherie et imposture. Faut-il comprendre que le roman l’est aussi ? Il le serait, n’etaient ces ultimes images de Hongrie : du neant qu’elles incarnent surgit un commencement.
- La revue de presse Eric Loret – Liberation du 14 septembre 2006
[…]
On plonge dans cet ocean de plus de six cents pages comme dans ses propres souvenirs, mais plus chatoyants, dans sa propre ame mais unifiee, on decouvre de nouveaux plaisirs en lisant de nouvelles facons de les dire, telle cette pratique sexuelle qu’on ne nommera pas et que Fleischer decrit comme le mouvement d’un recit, une douceur qui serait celle de quelque chose qu’on raconte a mi-voix, un secret, la douceur d’une histoire ancienne, enfin avouee, une douceur qui se decrirait elle-meme, qui raconterait sa propre origine, son objet, son objectif. C’est qu’il s’agit, precise la quatrieme de couverture, d’un recit strictement autobiographique. En effet, rien de vrai ici, tout est litterature. Voila en quoi il est strictement autobiographique, puisque tout entier dans l’acte scripturaire, rejoue, enlumine, deploye sur le temps qui separe l’ecriture de la vie, fruit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, etc.
[…] Osera-t-on dire qu’Alain Fleischer donne la un de ses plus beaux textes, car un des plus genereux ? Certains ont pu d’autres fois lui reprocher des longueurs, ou de lasser par jeux d’esprit et repetitions, mais on ne quitte, comme le narrateur Barbara, cet Amant en culottes courtes qu’a regret. C’est un flot qui emporte la lecture, dont on ne sort la tete que pour jubiler, apostropher seul l’ecrivain, comme s’il etait avec nous, comme si nous etions lui.
- La revue de presse Gilles Heure – Telerama du 2 septembre 2006
La premiere des precautions serait sans doute de prevenir le lecteur que ce livre n’est pas un manuel de depucelage, mais d’abord un recit sur la memoire, un travail d’ecriture qui redessine les cercles concentriques d’un episode amoureux lointain – donc tres proche. Alain Fleischer etant aussi un homme d’image, photographe et plasticien, on dira que ce livre evoque plus l’exigence d’un cineaste comme Luigi Comencini que les farces d’A nous les petites Anglaises. Et, comme dans un film de Hitchcock, la revelation du drame, ici de la volupte, ne peut surgir qu’une fois le decor plante et les personnages campes.
Le premier baiser entre notre jeune heros et sa proie, a moins que ce ne soit l’inverse, n’intervient qu’a la fin du premier tiers du livre, les deux autres tiers laissant evidemment libre cours aux gestes plus accomplis… L’Amant en culottes courtes est une eblouissante variation sur le geste amoureux, une reverence faite aux silences ou s’enferment les souvenirs et a la fuite du temps, que le travail d’ecriture tente de conjurer. Servi par un humour subtilement emprunte a nos voisins britanniques et porte par un style virtuose, ce roman est une plongee dans la carte du tendre, une ode au ravissement amoureux et l’exacte photographie d’un moment inaugural. Un livre de grande personne, destine a celles et ceux qui savent qu’on ne passe pas impunement des bluettes de la comtesse de Segur aux onze mille delires d’Apollinaire. Au bout de ces six cents pages, l’amour reste naturellement une evidence, une promesse et une enigme.
- Les courts extraits de livres : 05/09/2006
D’un autre cote, il serait bien naif ou hypocrite de voir dans l’enfance un age d’innocence sexuelle, radicalement oppose et etranger au monde des adultes. L’ingenuite des enfants n’est que de courte duree, et l’initiation la plus naturelle est delivree au cadet par son aine de deux ou trois ans, detenteur de secrets recemment acquis et dont il brule de se montrer a son tour le grand pretre revelateur : ainsi les mysteres du sexe se transmettent confidentiellement et sans violence, par le bouche-a-oreille d’une classe d’age a l’autre, sans que les adultes aient a intervenir de quelque facon que ce soit, ni par la deprimante lecon d’education et d’hygiene sexuelles ni par la violence d’actes qui deviennent repugnants et meme inconcevables. C’est par une suite de transmissions progressives que la sexualite a toujours ete un lieu de croisements – et meme de dialogue – entre l’univers de l’enfance et celui des adultes, et si les crimes de la pedophilie sont aujourd’hui punis a juste titre pour tout ce que les coupables volent a leurs victimes en les violant, il y a en revanche le vol legitime de l’enfant soustrayant ses informations aux adultes par toutes sortes de larcins et de ruses que dicte l’instinct d’exploration et de decouverte, et a partir desquels se constituent l’imaginaire et l’identite individuels.