
Auteur : Jerome Lafargue
Date de saisie : 14/09/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Quidam editeur, Meudon, France
Prix : 18.00 €
ISBN : 978-2-915018-23-3
GENCOD : 9782915018233
Sorti le : 14/09/2007
- Le choix des libraires : Choix de Antonio Werli de la librairie LIBR’AIR a OBERNAI, France (visiter son site) – 12/10/2007
Deux Jumeaux. Johan, a la suite d’une lettre envoyee par Timon, part a la rencontre de son frere apres un long moment de brouille. Timon est ecrivain et a decide de se retirer dans un etrange bourg, avec sa femme Ilanda qui se trouve etre gravement malade, afin de la preserver du bruit de la ville et de se consacrer a son repos. Timon ne peut plus ecrire, du moins plus les succes auxquels il etait habitue. Ecrire des romans est trop laborieux et demande beaucoup de concentration. Mais c’est malgre tout l’ecriture qui lui permet de soulager les moments difficiles qu’il traverse aux cotes d’Ilanda.
Il s’engage alors, dans son “bureau” (espece d’atelier-bibliotheque dans lequel il passe ses journees, separe de leur maison), a l’ecriture de biographies d’ecrivains imaginaires. La redaction de ces notices biographiques va lui amener quelques surprises qui vont troubler son quotidien de plus en plus pesant, et lui faire froler la folie.
Lorsque Johan arrive dans le village ou sont installes Timon et Ilanda, il decouvre qu’ils ont disparu. Un commissaire de police d’abord mefiant, puis comprehensif, va l’aider dans ses recherches. Mais c’est surtout dans le bureau de Timon que Johan va pouvoir retrouver la trace de son frere : il lira principalement les biographies que Timon a inventees et le journal qu’il a tenu. S’ensuit donc une investigation plus litteraire que policiere qui se revelera aussi etre un jeu prenant entre fiction et realite. Et bien sur, c’est la que l’histoire commence…
Il sera tres vite question, dans ce tres bon premier roman, de personnages devenus reels et de passages de la realite vers la fiction. Si le theme du lien et de l’influence entre realite et fiction est le moteur du recit (traite par la question de l’ecriture), il s’agit aussi d’une belle histoire d’amitie (entre les deux freres), et d’accompagnement dans la maladie (d’Ilanda). Sans oublier une passion sans limite que l’auteur partage genereusement avec son lecteur : la litterature.
- La Radio des libraires : Cecile Dancoisne de la librairie LA LIBRAIRIE a ANGERS, France (visiter son site) – 02/10/2007
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Cecile Tancoisne – 02/10/2007
- Les presentations des editeurs : 17/07/2007
L’Ami Butler
Jerome Lafargue
Johan est requis sur les lieux de la disparition de son frere jumeau, limon. Ce dernier est un auteur qui a lui les sirenes du succes dans une ville etrange et lumineuse ou il sait qu’IIanda, sa femme gravement malade, trouvera le repos avant de s’eteindre. Pour oublier le malheur qui les frappe, il ecrit des biographies d’ecrivains imaginaires jusqu’au jour ou un homme se presente a lui, affirmant se nommer Owen W. Butler. Or. Butler n’est autre que l’objet de sa premiere biographie. Oui est-il vraiment ? S’est-il echappe de l’imagination de limon ou n’est-il que l’instrument dune manipulation destinee a le perdre ? C’est ce que Johan, desempare, cherchera a savoir…
Melant avec habilete des registres narratifs differents. Jerome Lafargue nous entraine dans une quete merveilleuse de l’impossible, au nom de l’amour, de la litterature et de leurs sortileges.
Jerome Lafargue est ne en 1968 dans les Landes. L’Ami Butler est son premier roman.
- La revue de presse Martine Laval – Telerama du 7 novembre 2007
… tout dans ce roman (qui est un premier) se donne avec delectation : l’intrigue, digne d’un polar amuse ; l’ecriture, une amoureuse qui flirte avec le raffinement ; et le propos, rien qu’un chant d’amour aux raconteurs d’histoires, amateurs de metaphores lyriques, inventeurs de personnages legendaires, les Melville, Stevenson, Tourgueniev, London, Conrad…
Cet envoutant roman frole la folie et n’est qu’une fantastique mise en abyme. Jerome Lafargue qui, lui, croit au pouvoir demoniaque de la litterature, jongle avec la raison, avec le fabuleux, use de plusieurs voix, mele les registres litteraires, le tout nourri de morceaux de textes choisis, deference a quelques ecrivains. Et, espiegle, nomme son personnage fugitif (et son roman) l’ami. On est en droit de se demander si ce Jerome Lafargue existe, s’il ne s’est pas evade de notre imaginaire de lecteur eberlue. Nous avons un second indice pour apaiser nos tourments : une nouvelle, Les Venues, publiee ces temps-ci : l’histoire d’un homme perdu au bord de l’ocean. Avec la touche Lafargue : le bonheur d’ecrire.
- Les courts extraits de livres : 17/07/2007
Les nuages devaient la prendre pour une vieille loutre a la fourrure fanee, se dandinant sans grace, loin de ses rivieres, sur un sol encombre de cailloux : mais ce n’etait qu’une locomotive avec un ou deux wagons a la traine qui cahotaient a travers des plaines grisees par la lumiere de l’hiver. Une uniformite etrange regnait, comme si chaque pre ployait sous le fer de la froidure et de la desolation. Les quelques habitations qui parsemaient l’espace semblaient elles aussi se rabougrir, tassees par des forces atmospheriques irrepressibles. Les arbres etiques qui les cotoyaient de loin en loin tentaient de se projeter au plus haut, leurs branches presque collees au tronc pour davantage de fluidite, mais sans succes : chaque faite se courbait, tantot sur la gauche, tantot sur la droite, empeche par une main geante qui les eloignait avec negligence du ciel.
Johan se demandait ce qui avait pu conduire Timon dans un tel pays, si eloigne de la trepidation citadine et des soirees baroques qui rythmaient son existence jusqu’il y a peu. Johan n’avait pas connu la petite gloire de son frere, pas plus que les multiples tentations qui en decoulaient. Mais les errances de sa propre vie le dispensaient d’etre jaloux.
Ses pensees virevoltaient dans le presque desert de son wagon. Febrile, il ne cessait de gigoter sur son siege, soupirait, sans que personne en fut gene par ailleurs. Son seul compagnon de voyage etait un vieux monsieur qui, installe pres de la porte coulissante a plusieurs rangees de lui, n’avait cesse de lire un journal dont le froissement des pages, parfois desagreable, s’acoquinait avec le bruit traditionnel du train. Une fois, Johan se leva, pour se debarrasser d’une idee deplaisante. Il traversa le wagon a deux reprises, sans que le vieil homme ne tourne la tete en sa direction. Le patriarche etait vetu d’un costume gris perle, plutot froisse, d’un gris comparable a celui des espaces desoles qu’ils traversaient. Son visage glabre s’affaissait par endroits ; il avait ote ses chaussures, qui reposaient, impeccablement alignees, sur le siege vide a ses cotes. Des chaussures noires, couvertes de poussiere grise. Johan s’etait rassis, plus melancolique que jamais.
Il apercut enfin au bout d’interminables minutes une rupture salutaire dans cet environnement lugubre : une colline, posee comme une offrande sur cet espace plan et sans imagination. Une colline bombee a souhait, sans trop de decrochements ni de volutes sur les hauteurs : un sein enorme et parfait magnifiant un corps gracile. De multiples maisons en colonisaient les flancs en rangs serres. Au sommet, Johan distingua des remparts, plutot en bon etat, meme si quelques tourelles de defense paraissaient endommagees. Un edifice religieux dans les tons ocre, tout en longueur, sans doute une cathedrale, occupait une large place sur la gauche.