Auteur : Honore d’ Urfe
Date de saisie : 06/09/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Gallimard, Paris, France
Collection : Folio classique, n 1523
Prix : 9.40 €
ISBN : 978-2-07-037523-3
GENCOD : 9782070375233
Sorti le : 06/09/2007
- Les presentations des editeurs : 07/01/2008
Delectables rivieres, fertilite du rivage, air si tempere que la terre y est capable de tout ce que peut desirer le laboureur, tel est au Ve siecle de notre ere le Forez qui abrite les amours d’Astree et de Celadon. Mais l’Astree n’est pas seulement un traite d’education sentimentale et une somme de casuistique amoureuse. C’est aussi un roman des origines nationales : les bergers du Lignon sont des Francais a l’etat pur, des Gaulois qui ont resiste a l’invasion des usurpateurs romains et de leurs faux dieux, preserve les coutumes et les libertes de l’ancienne France. Au moment ou se developpe le mythe celtique et ou Henri IV entreprend de refaire l’unite nationale, l’Astree apparait, par rapport a l’Italie et a Rome, comme une tentative de decolonisation culturelle.
Textes choisis et presentes par Jean Lafond
- Les courts extraits de livres : 07/01/2008
LA PREMIERE PARTIE DE L’ASTREE DE MESSIRE HONORE D’URFE
LIVRE PREMIER
Aupres de l’ancienne ville de Lyon, du cote du soleil couchant, il y a un pays nomme Forez, qui, en sa petitesse, contient ce qui est de plus rare au reste des Gaules, car, etant divise en plaines et en montagnes, les unes et les autres sont si fertiles, et situees en un air si tempere que la terre y est capable de tout ce que peut desirer le laboureur. Au coeur du pays est le plus beau de la plaine, ceinte, comme d’une forte muraille, des monts assez voisins et arrosee du fleuve de Loire, qui, prenant sa source assez pres de la, passe presque par le milieu, non point encore trop enfle ni, orgueilleux, mais doux et paisible. Plusieurs autres ruisseaux en divers lieux la vont baignant de leurs claires ondes, mais l’un des plus beaux est Lignon, qui, vagabond en son cours, aussi bien que douteux en sa source, va serpentant par cette plaine depuis les hautes montagnes de Cervieres et de Chalmazel, jusques a Feurs, ou Loire le recevant, et lui faisant perdre son nom propre, l’emporte pour tribut a l’Ocean.
Or, sur les bords de ces delectables rivieres, on a vu de tout temps quantite de bergers, qui, pour la bonte de l’air, la fertilite du rivage et leur douceur naturelle, vivent avec autant de bonne fortune, qu’ils reconnaissent peu la fortune. Et crois qu’ils n’eussent du envier le contentement du premier siecle, si Amour leur eut aussi bien permis de conserver leur felicite que le Ciel leur en avait ete veritablement prodigue. Mais, endormis en leur repos, ils se soumirent a ce flatteur, qui, tot apres, changea son autorite en tyrannie.
Celadon fut un de ceux qui plus vivement la ressentirent, tellement epris des perfections d’Astree, que la haine de leurs parents ne put l’empecher de se perdre entierement en elle. Il est vrai que, si en la perte de soi-meme on peut faire quelque acquisition, dont on se doive contenter, il se peut dire heureux de s’etre perdu si a propos, pour gagner la bonne volonte de la belle Astree, qui, assuree de son amitie, ne voulut que l’ingratitude en fut le paiement, mais plutot une reciproque affection avec laquelle elle recevait son amitie et ses services. De sorte que si l’on vit depuis quelques changements entre eux, il faut croire que le Ciel le permit, seulement pour faire paraitre que rien n’est constant que l’inconstance, durable meme en son changement. Car, ayant vecu bienheureux l’espace de trois ans, lorsque moins ils craignaient le facheux accident qui leur arriva, ils se virent pousses par la trahison de Semyre aux plus profondes infortunes de l’amour; d’autant que Celadon, desireux de cacher son affection pour decevoir l’importunite de leurs parents, qui d’une haine entre eux vieille interrompaient par toutes sortes d’artifices leurs desseins amoureux, s’efforcait de montrer que la recherche qu’il faisait de cette bergere etait plutot commune que particuliere. Ruse vraiment assez bonne, si Semyre ne l’eut point malicieusement deguisee, fondant sur cette dissimulation la trahison dont il decut Astree, et qu’elle paya depuis avec tant d’ennuis, de regrets et de larmes.
De fortun, ce jour, l’amoureux berger s’etant leve fort matin pour entretenir ses pensees, laissant paitre l’herbe moins foulee a ses troupeaux, s’alla asseoir sur le bord de la tortueuse riviere de Lignon, attendant la venue de sa belle bergere, qui ne tarda guere apres lui, car, eveillee d’un soupcon trop cuisant, elle n’avait pu clore l’oeil de toute la nuit. A peine le soleil commencait de dorer le haut des montagnes d’Isoure et de Marcilly, quand le berger apercut de loin un troupeau qu’il reconnut bientot pour celui d’Astree. Car outre que Melampe, chien tant aime de sa bergere, aussitot qu’il le vit, le vint folatrement caresser, encore remarqua-t-il la brebis plus cherie de sa maitresse, quoiqu’elle ne portat ce matin les rubans de diverses couleurs qu’elle soulait avoir a la tete en facon de guirlande, parce que la bergere, atteinte de trop de deplaisir, ne s’etait donne le loisir de l’agencer comme de coutume Elle venait apres assez lentement, et, comme on pouvait juger a ses facons, elle avait quelque chose en l’ame qui l’affligeait beaucoup, et la ravissait tellement en ses pensees que, fut par megarde ou autrement, passant assez pres du berger, elle ne tourna pas seulement les yeux vers le lieu ou il etait, et s’alla asseoir assez loin de la sur le bord de la riviere.
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