Auteur : Nicolas Chaudun | Yves Christe | Henri-Paul Francfort
Date de saisie : 11/04/2008
Genre : Arts
Editeur : Citadelles & Mazenod, Paris, France
Prix : 179.00 / 1174.16 F
ISBN : 978-2-85088-251-7
GENCOD : 9782850882517
Sorti le : 02/04/2008
- Les livres d’exception : Agnes de Gorter – 17/09/2008
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Agnes de Gorter – 11/04/2008
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Des grottes de Lascaux aux compositions de Maurizio Cattelan, le cheval n’a cesse d’inspirer peintres et sculpteurs, il est l’animal le plus represente dans l’art. Les temoignages les plus spectaculaires de l’histoire de l’humanite – invasions et conquetes, guerres et triomphes, ceremonies et defiles – impliquent irresistiblement les grands mouvements de cavalerie. Et l’homme est-il jamais plus grand que lorsqu’il se fait representer en selle comme sur un trone, dominant sa monture comme il pense dominer le monde ? Autrefois omnipresents sur les champs de bataille, dans les travaux agricoles et pour les transports, les chevaux ont peu a peu disparu de notre environnement immediat. Ils n’ont pour autant jamais quitte les cimaises de nos musees et les sculptures de nos villes.
Parcourant les lieux, les epoques et les differents modes d’expressions artistiques, ce livre offre une galerie d’images sans cesse surprenante et renouvelee, ou les chefs-d’oeuvre des grands peintres croisent les montures ailees de la mythologie antique, les armees enterrees de l’Empire du Milieu, les chars de Ramses ou de Darius, les palefrois des tournois medievaux, les cavaliers de la Furusiyya…
Une promenade exceptionnelle et richement documentee sur les pas d’un animal a la fois familier et legendaire
Les auteurs :
– Nicolas Chaudun, historien d’art, editeur.
– Yves Christe, professeur d’Histoire de l’Art a l’Universite de Geneve.
– Henri-Paul Francfort, directeur de recherches au C.R.N.S.
– Jean-Louis Gouraud, ecrivain et editeur.
– Emmanuelle Heran, conservateur, Musee d’Orsay.
– Jean-Louis Libourel, conservateur en chef du Patrimoine.
– Camille Morineau, conservatrice, Centre Pompidou.
– Christine Peltre, professeur d’Histoire de l’art a l’Universite de Strasbourg.
– Daniel Roche, professeur au College de France.
– Denis Vialou, professeur et directeur de recherches au Museum national d’histoire naturelle, Paris.
– Annie Vernay-Nouri, conservateur au departement des manuscrits orientaux de la BNF.
– Marc-Andre Wagner, historien et germaniste.
– Michel Woronoff, president honoraire de l’Universite de Franche-Comte, professeur emerite a la Faculte des Lettres.
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
Les chevaux de l’imaginaire
par Marc-Andre Wagner
Si toutes les representations du cheval sont les fruits de l’imagination d’un artiste singulier, on entendra ici par chevaux de l’imaginaire les figures essentiellement allegoriques de cet animal, telles qu’elles appartiennent a l’inconscient collectif. Qu’il soit represente de facon realiste, etrange ou fantastique, ce cheval qui renvoie a autre chose qu’a lui-meme et a l’animal domestique n’en est pas moins doue d’une existence reelle, et surtout, porteur d’une verite existentielle pour l’homme ; c’est essentiellement le cas du cheval des mythes, objet de croyances et acteur de la psyche humaine.
A l’exception du Sagittaire, cette figure de centaure-archer derivee de l’equide, le cheval ne figure pas parmi les signes du zodiaque. De nombreuses constellations portent cependant des noms equestres, comme le cocher (Auriga), le centaure (Centaurus), le petit cheval (Equukus), Pegase (Pegasus) tandis que les Gemeaux (Gemini) renvoient aux cavaliers Castor et Pollux. Cette importante presence de chevaux dans le ciel n’est pas un hasard : le cheval est certainement l’animal que l’homme a le plus associe, directement ou indirectement, a la course des astres et plus largement aux forces cosmiques.
Cette association, evidente dans l’art de l’Antiquite, pourrait avoir pris naissance au centre de l’Eurasie, berceau de la civilisation du cheval. Au XIXe siecle encore, les tribus mongoles concevaient le systeme stellaire comme un grand troupeau de chevaux, garde par le cavalier Tsolhon (la planete Venus) et son ecuyer appele Dogedoi ou Toklok, heritage d’une conception sans doute tres anterieure a l’art de la Grece classique. Selon Uno Harva, cette representation explique que l’axe du monde des croyances des peuples de la steppe ait ete concu comme un grand pieu pour chevaux. Comme il y a devant la yourte des nomades d’Asie centrale un poteau pour attacher les chevaux, on explique que les dieux attachent leurs montures au “poteau du ciel”.
Parmi les connexions astrales du cheval, la relation avec le soleil est particulierement etroite et frequente. Le cheval est faconne de la substance du soleil selon le Rig Veda, et c’est sans doute une des raisons du sacrifice de cet animal a des divinites solaires chez de nombreux peuples, indo-iraniens ou scythes. Le lien cheval-soleil est tres present dans l’univers symbolique Scandinave, comme en temoignent de nombreuses representations de l’age du Bronze, dessins rupestres et objets divers. Le char de Trundholm decouvert sur l’ile de Seeland, au Danemark, est le vestige le plus spectaculaire de cette epoque. Il s’agit de l’image d’un cheval entrainant directement le soleil dans sa course. Une seule face du disque ayant ete retrouvee recouverte d’une feuille d’or, l’objet pourrait figurer alternativement la course diurne du jour, lorsque, oriente vers la droite, le cheval tire le disque avec la face doree (brillante) apparente, et la course nocturne du soleil, lorsque le cheval entraine la face sombre du meme disque (le soleil eteint) vers la gauche. Cet objet a sans doute servi dans des ceremonies cultuelles dediees au soleil.
Le theme du cheval solaire parcourt les mythologies europeennes. Avatar du soleil dans les conceptions archaiques qui lui attribuent une robe blanche pour figurer l’eclat de l’astre, le cheval n’est plus, dans les conceptions tardives, qu’un attribut de la divinite solaire : ou bien il entraine le soleil, ou bien, apres l’anthropomorphisation de l’astre, il est attele a son char. Pour les Grecs, Helios designait a la fois l’astre solaire, la force de son rayonnement et la personnification de cette force. Homere ne lui attribue pas de chevaux (l’Odyssee mentionne cependant un char de l’Aurore). Ce sont des auteurs posterieurs, Grecs et Romains, qui parlent d’un char d’Helios tire par un quadrige. Cette image se developpe a Rome sous l’influence des cultes solaires orientaux. Dans ses Metamorphoses, Ovide donne ainsi aux quatre coursiers de Sol (= Phebus = le Soleil) les noms grecs de Pyrois (l’Ardent), Eoiis (l’Oriental), Ethon (le Brulant) et Phlegon (le Brillant). Il decrit le char d’or, present de Vulcain, et la terrible apparence de ces chevaux vomissant du feu.