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Le chirurgien de Campodios

Auteur : Wolf Serno

Traducteur : Isabelle Hausser

Date de saisie : 04/04/2008

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : Ed. de Fallois, Paris, France

Prix : 22.00 / 144.31 F

ISBN : 978-2-87706-646-4

GENCOD : 9782877066464

Sorti le : 09/04/2008

  • Les presentations des editeurs : 05/04/2008

A peine Vitus a-t-il perce le secret de ses origines, qu’il repart pour de nouvelles aventures, a la recherche d’Ariette, la femme dont il est tombe amoureux en mer et qui semble avoir disparu, quelque part dans les Indes occidentales, au-dela de l’ocean.

Pour financer son voyage et celui de ses amis, Vitus passe le brevet de chirurgien naval et, non sans mal, embarque avec, bien sur, le maitre et le nain Enano, sur le seul vaisseau encore en partance pour l’Amerique a cette saison.

La traversee ne sera pas de tout repos pour le trio et les personnages rencontres en cours de route. Pour parvenir au bout de leur periple, il leur faudra vaincre bien des obstacles sur l’ocean sillonne par les pirates et les tempetes, dont les abysses cachent de monstrueux dangers. Une fois a terre, ils ne seront pas pour autant au bout de leurs peines car la belle Ariette reste introuvable…

Specialiste de la publicite, Wolf Serno est un des maitres du roman d’aventures. Il a le sens du suspense, de la couleur. Il a aussi du souffle, mais surtout on voit qu’il sait de quoi il parle. Il connait tres bien l’histoire de la medecine, ainsi que tout ce qui concerne la mer et la navigation.

Ces nouveaux voyages du jeune chirurgien Vitus de Campodios seduiront tous ceux qui aiment le monde – a la fois tenebreux et lumineux – de la pure fiction.

  • Les courts extraits de livres : 05/04/2008

Extrait du prologue :

Sans ses yeux on n’aurait pas su que l’homme etait vivant. C’etaient des yeux sombres, ardents et pleins de haine. Les joues et les tempes de son visage etaient peintes de chevrons d’un rouge criard. Son crane etait completement rase a l’exception d’une crete de cheveux noirs qui allait du front a la nuque. Son cou, ses bras et ses cuisses etaient abondamment tatoues. Une unique plume d’aigle se dressait a l’arriere de sa tete.
L’homme etait un Algonquin sur le sentier de la guerre. Il avait passe toute la matinee cache dans les epaisses broussailles qui, a l’est et au sud, donnaient sur plusieurs grands champs de tabac. Il n’avait eu que de rares contacts, par signes de la main, avec les membres de sa tribu qui attendaient sur la rive occidentale de l’ile, dans les solides canoes en ecorce de bouleau avec lesquels ils etaient venus du continent.
Mais le moment de l’attaque n’etait pas encore venu, bien que le soleil soit deja au zenith et que, sortis des marais, des nuees de moustiques se soient jetes sur ce qui etait chaud et gorge de sang.
De ses yeux percants, le guetteur suivait le dur labeur des esclaves noirs qui, avec des houes de bois, arrachaient les mauvaises herbes du sol. Une jeune femme les surveillait ; elle avait la peau blanche et les cheveux de la couleur du cuivre dont etait fait le pendentif accroche au cou de l’homme. La femme aux cheveux roux montait un grand animal que les Blancs nommaient cheval. Il etait deja arrive au guetteur de voir ce genre de betes : leur apparition l’impressionnait toujours. Ils semblaient faire un avec le cavalier, dont la force et la rapidite se trouvaient ainsi multipliees. En outre, beaucoup de cavaliers etaient armes de batons de feu tonnants, capables de tuer a une tres grande distance. La femme n’avait pas de baton de ce type, mais la prudence etait de rigueur. Mieux valait attendre qu’elle soit partie. Ou qu’elle ne soit plus a cheval.
Elle riait a present car l’un des Noirs lui montrait une chenille verte de la taille d’un doigt qui, brutalement tiree de son repas, s’agitait violemment. L’esclave lui rendit timidement son sourire, mais evita de la regarder dans les yeux. Il lanca la chenille dans une corbeille et s’empressa de reprendre son travail.
Le guetteur plissa la bouche avec mepris. Quels laches ces Noirs ! Ils n’osaient pas se rebeller contre l’homme blanc qui les obligeait a cultiver l’uppowoc. Inconcevable pour un guerrier algonquin ! Le chaman de son village avait juge les signes favorables et leur avait promis une victoire a ses freres et lui. Une grande victoire. Mais il avait vu encore autre chose. Il avait vu que des hommes blancs viendraient a nouveau de la mer. Dans un temps pas tres lointain. Beaucoup d’hommes blancs ainsi que des femmes et des enfants. Dix fois, et meme vingt fois le nombre de doigts d’une main. Mais ce n’etait pas de nature a effrayer un guerrier courageux.
Mecaniquement, le guetteur porta la main a sa ceinture ou se trouvait sa massue. Sa ceinture etait un wampum, fait de coquillages blancs et violets qui servaient de moyen d’echange et de paiement. Les etrangers nommaient les violets Peak et les blancs Roanoke.
Il reprit une immobilite totale, mais la colere bouillait en lui. Roanoke ! pensa-t-il avec fureur. Les envahisseurs nommaient ainsi les coquillages blancs et l’ile, que lui et ses freres rouges allaient reconquerir aujourd’hui :
L’ile de Roanoke.

Par les fichus douze apotres ! Ton fichu dos de negre va tater du fouet si tu ne presses pas plus vite le soufflet ! Aussi vrai que je suis le surveillant en chef de cette fichue ile !
– Oui, massa Murphy. Effraye, le Noir, que l’on appelait Pot-d’encre, hocha la tete. Il se trouvait devant le feu flamboyant qu’il avait allume a l’embouchure de la Doughs Creek.
Presse, presse, presse ! Il faut que les braises soient blanches, sinon le fer ne sera pas assez chaud et ces fichus nouveaux negres n’auront pas de marques convenables ! Je t’ l’ai deja dit cent fois ! Murphy enleva sa pipe de sa bouche et, avec elle, montra, devant eux, la baie de Shallowbag dans laquelle un navire transportant des esclaves avait jete l’ancre peu de temps auparavant.
Pot-d’encre redoubla d’efforts. C’etait un homme age, maigre, aux cheveux crepus gris et au dos courbe par les travaux des champs. Les braises s’eclaircissaient lentement ainsi que le fer qui se trouvait au milieu d’elles. A son extremite on lisait les lettres TC. TC comme Thomas Collincourt, seigneur de l’ile et proprietaire de la plantation de tabac.
Ce ramassis de negres paresseux ne comprend que le langage du fouet, bougonna Murphy. Il remit sa pipe dans sa bouche d’ou sortirent d’epais nuages de fumee. Lorsqu’il s’agit d’etreindre vos fichues bonnes femmes, vous n’etes pourtant pas aussi douillets. Dommage qu’il en sorte si peu de chose ! Il rit en chevrotant de sa propre plaisanterie. Ce serait sacrement bien pour master Thomas, si vos femmes mettaient bas plus souvent, il n’aurait pas sans cesse a se reapprovisionner a grand prix.