
Auteur : Mazarine Pingeot
Date de saisie : 16/10/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Julliard, Paris, France
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-260-01730-1
GENCOD : 9782260017301
Sorti le : 16/08/2007
- Le choix des libraires : Choix de Angelique de la librairie DEVELAY a VILLEFRANCHE SUR SAONE, France – 25/08/2007
Une femme essaye d’expliquer a son mari ce qui l’a conduit a ce geste indelebile. Seulement quels mots peuvent expliquer un infanticide ?
Roman bouleversant, car malgre son acte horrible, cette femme nous touche profondement, nous bouleverse… et ne nous laisse pas l’oublier.
J’ai passe ma vie, ma jeunesse dans les librairies. A l’epoque, c’etait dans le Quartier latin, aux PUF surtout pour les ouvrages specialises. J’allais a La Hune, un peu a L’Ecume des pages, dans tous ces quartiers ou je faisais mes etudes. Maintenant, je vais plutot dans les librairies de mon quartier qui est le 11e arrondissement. Dans la rue Saint-Maur, il y a une charmantissime librairie ; il y en a une autre que j’adore avenue Parmentier. La, dans les librairies, en general, j’aime bien flaner. Je n’y vais pas pour un livre precis. Ca m’est arrive bien sur ; quand on a un livre precis a acheter, on y va. J’aime bien etre a l’ecoute du libraire, j’aime bien regarder ce qu’il y a sur les tables, j’aime bien voir les choix, j’aime bien etre guidee. C’est vrai que je lis beaucoup, j’aime vraiment lire, c’est un peu ma nourriture quotidienne. Donc je lis aussi ce qui sort, tout betement, mais s’il faut faire des choix, j’aime bien ecouter l’avis d’un libraire. Je trouve que c’est tres agreable de se laisser guider par un ami. J’aime bien aussi savoir ce que d’autres ont aime, pourquoi ils ont aime. Je ne lis pas la presse, je ne lis pas les critiques sur les livres, donc j’y vais un peu a l’aveugle. J’ecoute la radio – j’aime la radio et j’en fais, et c’est pour ca aussi que j’en fais… Donc j’y vais un peu au feeling, je me laisse guider, j’aime beaucoup ca. J’aime bien aussi quand des amis me disent : vraiment ca, il faut que tu le lises. Je trouve important qu’il y ait une sorte de passage ; c’est comme ca que j’aime bien choisir les livres. Ou bien des livres des auteurs dont j’aime l’oeuvre en general, je poursuis… J’aime bien le lieu de la librairie ; c’est un lieu que je trouve forcement magique, que j’adore. Ca me parait evident d’aimer les librairies, quand on aime les livres, quand on aime la presence physique des livres. Il y en a qu’on aime plus que d’autres, qui sont plus habitees que d’autres, qui sont plus identifiees que d’autres avec des libraires tres engages dont on aime les gouts. Ca, c’est genial.
J’aime beaucoup ranger mes livres par ordre alphabetique ; j’essaie de trouver des ordres… Parfois, l’ordre alphabetique ne suffit pas, parce qu’un livre est trop gros pour rentrer dans telle etagere, il y a les formats aussi… J’avoue qu’en ce moment, je manque de place pour mettre mes livres. C’est un vrai probleme, et je suis extremement frustree parce que je ne sais pas ou les ranger alors que ranger les livres, c’est comme meubler un appartement. Je trouve que ca habille encore mieux un appartement qu’un canape ou un tapis. C’est vrai que c’est quelque chose que j’adore faire, et en ce moment, c’est un peu le foutoir chez moi, je suis donc un peu frustree de ce plaisir-la, mais des que je vais pouvoir faire de nouvelles etageres, je vais vraiment m’y mettre. J’aime bien savoir ou se situent mes livres dans mon appartement, la geographie litteraire de mon appartement. J’aime bien savoir, parce que j’aime bien aussi preter les livres que j’aime, qu’on me les rende apres, comme ca je pourrai les re-preter… C’est rare qu’on rende les livres qu’on prete… Mais c’est agreable de s’orienter dans une bibliotheque, et c’est un travail parce que ranger des livres, les classer, c’est un travail, mais c’est un travail que j’aime faire.
Je ne sais pas si c’est un hasard de la geographie, mais mon pere et moi, nous nous arretions souvent a la librairie boulevard Raspail et a la librairie au Palais royal. Lui, etait beaucoup plus que moi attire par les livres anciens, par les belles pieces. C’est une passion de collectionneur que je ne partage pas du tout, parce que j’aime bien triturer un livre, ecrire dessus, le profaner un tout petit peu. Je ne l’abime pas, je deteste qu’on abime les livres, je ne le corne pas ; en revanche, j’aime bien ecrire des choses dessus, me l’approprier. Pour ca, j’ai besoin que ca ne soit pas une edition trop belle, trop ancienne ; sinon, l’objet devient trop sacre, et le fait que l’objet soit trop sacre m’empeche un peu. Maintenant, j’aimais bien le suivre, lui, dans ses peregrinations, au gre de librairies. Il y avait aussi des librairies specialisees dans les livres anciens, les ateliers de reliures qui sentaient bon. Cela nous arrivait de faire ca.
Lire reste sans conteste mon activite preferee. C’est presque une drogue, une dependance. Je n’en suis pas fiere. Je ne peux pas partir une journee sans avoir plusieurs livres dans ma poche, de peur tout a coup de devoir faire la queue quelque part et de n’avoir rien a lire. Parfois meme, cela m’inquiete. Je me dis que peut-etre quand je suis seule avec moi-meme, je m’ennuie, ou je suis vide, j’ai besoin d’avoir de la matiere, ou j’ai peur d’etre en vie… Je ne sais pas, mais je crois que oui quand meme… C’est une drogue, j’ai besoin de n’importe quel livre, il faut que je sois en train de lire un livre. Il n’y a pas de periode ou je ne suis pas en train de lire un livre… (Propos recueillis par Patricia Martin)
- Les portraits de Patricia Martin : Mazarine Pingeot – 14/09/2007
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Mazarine Pingeot – 14/09/2007
- Les presentations des editeurs : 17/07/2007
Au fond ca doit vous plaire de parler de moi. Qui ne cherche pas dans le journal les articles qui me sont consacres, qui ne s’interesse pas, qui ne s’interroge pas sur des causes, des raisons, ne cherche pas a comprendre, ne se sent pas ecoeure, degoute, mais renvoye a soi, a sa noirceur, a ses possibles ? Moi je les ai accomplis vos possibles, j’ai endosse les crimes de chacun, les velleites, les fantasmes, les desirs profonds inavoues, les refoules, les lachetes, les haines. Pour vous je suis passee a l’acte, je suis sortie du champ social, je suis devenue la reine, la folle, la sorciere, ces personnages qu’on peut montrer du doigt avant de rentrer chez soi soulage. Aujourd’hui on me regarde, n’est-ce pas ? On me regarde quand je me suis retiree de la scene, lors meme que je n’apparaitrai plus. Tu ne peux plus detourner les yeux, tu ne peux plus faire semblant, aujourd’hui j’existe, mais hier ?
Mazarine Pingeot, normalienne, agregee de philosophie, a trente-deux ans. Ce livre est son cinquieme ouvrage (tous parus chez Julliard).
- Les courts extraits de livres : 17/07/2007
Batiment des femmes. Le 15 avril 1999
J’avais mis des bottes, j’etais sure d’avoir du succes, elles etaient si cheres. Je ne t’ai pas parle de la depense, tu m’aurais fait des reproches, c’est sur. Mais je pensais que, vu le prix, on les remarquerait. Il y avait une femme, avec un chapeau, un chapeau, comment dire, ni rond ni carre, un chapeau de detective, le meme, presque le meme que ma mere gardait en souvenir de mon pere. C’est tout ce qu’il lui a laisse, j’aurais pu dire nous n’est-ce pas, mais le nous que nous formions, ma mere et moi, n’etait que de circonstance. Dire qu’il lui a laisse est aussi excessif, il l’a abandonne, dans une piece quelconque, il l’a oublie la, avant de claquer la porte une bonne fois pour toutes, devant ce ventre infame que je deformais. Elle l’aurait voulu vide, ce ventre, et plein ce chapeau.
Tout le monde n’avait d’yeux que pour elle, parce qu’elle etait belle je crois, mais je ne pouvais m’empecher de penser que c’etait a cause du chapeau. Alors mes bottes, bien sur. D’une certaine maniere, ca aurait pu me rassurer, tu ne les as pas remarquees toi non plus, ces bottes hors de prix, peut-etre les aurais-tu trouvees jolies, sans poser de questions, parce que apres tout elles ressemblent a des bottes, celles que je portais il y a dix ans deja, depuis c’est revenu a la mode, mais est-ce que tu te soucies des modes, est-ce que tu te soucies de la maniere dont je m’habille, est-ce que tu regardes jamais mes pieds ? Son chapeau, oui, parce qu’elle l’a sur la tete et que, quoi qu’on en dise, c’est toujours le visage qu’on regarde en premier.
J’avais encore rate mon entree dans cette salle, mais comment deviner que ce serait notre derniere soiree ?