
Auteur : Sabahattin Ali
Traducteur : Jean Descat
Date de saisie : 12/06/2008
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Serpent a Plumes, Monaco, France
Collection : Fiction. Domaine etranger
Prix : 19.00 €
ISBN : 978-2-268-06588-5
GENCOD : 9782268065885
Sorti le : 12/06/2008
- Les presentations des editeurs : 26/06/2008
Contraint d’accepter un travail de rond-de-cuir pour financer ses etudes a Istanbul, Omer garde un regard lucide sur le monde, et la fraicheur de ses reves juveniles, malgre la precarite materielle qui lui laisse peu d’espoir de reussite. Il s’eprend de Macide des leur premiere rencontre. Les deux jeunes amants tentent de construire une vie commune malgre le denuement. Omer n’est pas a la hauteur de ses aspirations et supporte mal les sacrifices qu’impose la vie de couple. Ses mauvaises frequentations le conduisent a commettre des actes que sa conscience condamne et l’amour se desagrege au sein du jeune foyer.
Du beau reve des premiers jours, l’aprete du quotidien ne laisse que des lambeaux. Omer n’accuse que lui-meme : le coupable, c’est le diable qui est en lui et qui le pousse a ceder a ses pulsions.
Ne en 1906 dans la region de Gumuldjine, Sabahattin Ali publie ses premieres nouvelles dans les annees trente. A la suite d’un ecrit satirique critiquant Ataturk, il est accuse de propagande et emprisonne. Il devient la cible des nationalistes turcs apres la parution du Diable qui est en nous en 1940. Il est assassine en 1948 alors qu’il tente de fuir vers la Bulgarie.
Traduit du turc par Jean Descat
- Les courts extraits de livres : 26/06/2008
UN MATIN, vers onze heures, deux jeunes gens bavardaient f sur le pont du bateau qui allait de Kadikoy au pont de Galata. Celui qui etait assis du cote de l’eau etait un garcon assez fort, aux cheveux chatains et au teint clair. Ses yeux marron, myopes, toujours mi-clos derriere d’epaisses lunettes, se tournaient lentement tantot vers son ami, tantot vers la mer etalee sous l’eclat du soleil. Ses longs cheveux raides depassaient de son chapeau rejete en arriere et retombaient sur sa tempe droite et sur ses yeux. Il parlait tres vite, avec une legere moue qui donnait a sa bouche un pli gracieux.
L’autre etait tout menu, ses bras ne cessaient de s’agiter nerveusement, ses yeux lancaient de tous cotes des regards percants, son visage etait pale et juvenile.
Tous deux de taille moyenne, ils ne paraissaient pas plus de vingt-cinq ans. C’etait le plus fort qui parlait, les yeux tournes vers le large :
– C’etait a mourir de rire. Le prof d’histoire lui a pose une serie de questions, mais elle sechait, et elle se tournait a droite et a gauche comme pour chercher de l’aide. Je savais bien qu’elle n’avait meme pas regarde ses notes, mais la, pour le coup, c’etait evident. C’est alors qu’Omit, que j’observais du coin de l’oeil, s’est mise a faire des signes et des clins d’oeil au prof. Ca n’a pas traine, mon vieux, il a pose deux ou trois questions, il a fait lui-meme les reponses et la fille a eu son examen.
– Il est tres amoureux d’Umit ?
– J’ai l’impression qu’il est amoureux de toutes les filles…
Il donna une tape sur le genou de son ami et continua :
– La vie m’ennuie. Tout m’ennuie. L’ecole, les profs, les cours, les copains… Meme les filles… Tout… J’en ai la nausee…