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Le Faon

Auteur : Magda Szabo

Traducteur : Suzanne Canard

Date de saisie : 18/01/2008

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : V. Hamy, Paris, France

Prix : 21.00 / 137.75 F

ISBN : 978-2-87858-263-5

GENCOD : 9782878582635

Sorti le : 18/01/2008

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  • Le choix des libraires : Choix de Noemie Roussel de la librairie PRIVAT SORBONNE a NICE, France (visiter son site) – 04/02/2008

Apres “la Porte” qui lui valut le prix Femina etranger en 2003, “la Ballade d’Iza” et “Rue Katalin”, Magda Szabo nous livre la un roman langoureux et particulierement fort dans sa description du sentiment amoureux.
La narratrice devoile son amour pour un homme marie et par la-meme se livre totalement. Son present de comedienne, son passe de collegienne. Avec une ecriture profonde et envoutante, Szabo nous raconte une Femme, jalouse, tiraillee, calculatrice, parfois mauvaise, mais une femme avant tout. Un grand roman !

  • Le choix des libraires : Choix de Helene Camus de la librairie TOURNEZ LA PAGE a COMBOURG, France (visiter son site) – 29/01/2008

Ce roman la de Magda Szabo est bien exigeant, mais quel grand plaisir de lire un nouvel opus de cet ecrivain majeur. Oui, exigeant, parce que deroutant, melange, en apparence confus dans les dates, les personnages, les sentiments, un texte qui raconte la vie interieure, le ressenti avec toutes les pensees, les souvenirs qui se telescopent, se surajoutent dans un esprit qui bouillonne et cherche a faire le lien.
Esther aime et deteste en meme temps cet amant si attachant, si loyal etonnamment, dont l’amour lui est entierement destine mais qui demeure tres attentionne pour son epouse, par devoir certainement mais pas seulement. Alors, Esther, dont l’existence des l’enfance s’est trouvee ecartelee entre une exigence interieure d’excellence et une extreme pauvrete, Esther qui s’est construite dans la negation de l’affect tellement ses parents vivaient l’un pour l’autre, Esther qui a du tres tot assumer le quotidien et s’est accrochee jusqu’a obtenir un emploi ( !) d’actrice qui l’a conduite a la celebrite, Esther donc est rongee par une jalousie si intense qu’elle en detruit sa perception de la vie.
Tout au long de ce monologue – confession, Magda Szabo nous decrit en contrepoint l’evolution de la Hongrie aux prises avec les diktats du parti unique, les regles politiques et economiques qui conditionnent la vie des hongrois jusque dans le quotidien le plus banal. Le contraste entre les sentiments d’Esther, sa volonte de faire table rase des sentiments et les difficultes, joies, victoires dans sa vie professionnelle joint a une ecriture demultipliee rend la lecture exigeante, ardue parfois mais tellement captivante qu’il n’est pas possible d’abandonner, et l’effort d’apprehension de la personnalite d’Esther nous conduit a la suivre de bout en bout.
C’est un livre qui se merite et recompense tellement de s’y plonger.

  • Les presentations des editeurs : 23/01/2008

Eszter est une comedienne celebre.
Pourtant, les frustrations de son enfance – entre des parents ruines mais de tres vieille aristocratie – renaissent et s’exacerbent quand elle decouvre qu’Angela, l’ancienne gamine trop parfaite de son village natal, est l’epouse de l’homme qu’elle aime, et qui l’aime. Le Faon dit la jalousie, plus, la haine, vecue comme un malefice, a l’egard d’un etre qui symbolise tout ce que la petite fille que fut Eszter n’a pas connu, n’a pas ete.
Son monologue est celui d’une femme qui se donne, se confesse, et qui expie.

Le 3 octobre 2007, Magda Szabo fetait ses 90 ans. Elle est morte quelques semaines plus tard, le 19 novembre 2007, un livre a la main. Apres La Porte, Prix Femina etranger 2003, La Ballade d’Iza et Rue Katalin qui a obtenu Le Prix Cevennes du meilleur Roman europeen en juillet 2007, les Editions Viviane Hamy poursuivent leur travail de decouverte de l'” univers romanesque feroce, doux et entetant de celle qui fut la grande dame des lettres hongroises.

  • La revue de presse Florence Noiville – Le Monde du 10 avril 2008

Le Faon est un grand roman sur la jalousie. Non seulement parce qu’il en decortique les ressorts avec une minutie inouie. Mais aussi parce qu’il en revele l’infinie cruaute. Et en particulier la double nature du jaloux : Eszter est certes aveuglee par cette rivalite pathologique, mais, en meme temps, elle voit en toute lucidite ce que ce sentiment a de gratuit et d’irrationnel. C’est bien parce qu’Angela est son double lumineux qu’elle la deteste autant. C’est bien parce qu’il n’y a rien a lui reprocher qu’elle eprouve a son egard cette pulsion mortifere. Magnifique tableau clinique d’une maladie inguerissable, Le Faon porte deja tous les themes de Magda Szabo et notamment l’infinie solitude des etres. Il ne faut pas rater cette occasion de decouvrir un aussi subtil ecrivain.

  • La revue de presse Claire Julliard – Le Nouvel Observateur du 13 mars 2008

Magda Szabo, le poisson d’or de la litterature hongroise, selon Hermann Hesse, s’est eteinte en novembre dernier a l’age de 90 ans. On doit sa redecouverte en France a l’editrice Viviane Hamy, qui publia son chef-d’oeuvre, la Porte, prix Femina etranger 2003. Le Faon nous permet d’apprecier la profondeur d’un univers romanesque dense et feroce, fait de huis clos et de confidences assassines…
De ces terribles confessions nait un autoportrait expressionniste, d’une lucidite morbide. Dans cette oeuvre de jeunesse, Magda Szabo revele son talent hors norme de romanciere des passions intimes.

  • La revue de presse Andre Clavel – L’Express du 24 janvier 2008

Avec Le Faon, Magda Szabo depeint l’implacable tragedie d’une femme devoree par la jalousie. Encore un joyau de la grande dame des lettres hongroises…
Magda Szabo pianotait une oeuvre qui a la delicatesse d’une sonate d’automne. Et qui met en scene des personnages gommes par le destin, des humbles dont il faut redessiner les visages et les ames parce que des tresors s’y cachent…
Construit comme une tragedie antique, Le Faon explore les Enfers d’une Medee hongroise dont le monologue tient autant de l’exorcisme que de l’expiation, avant que la mort ne fasse tomber son couperet. Un roman tendu, implacable, ou Magda Szabo, une fois encore, prouve qu’elle est une incomparable speleologue des ames.

  • La revue de presse Marine Landrot – Telerama du 23 janvier 2008

Quelle merveille que cette oeuvre de jeunesse, ecrite a plus de 40 ans, apres de longues annees de disgrace politique, mais electrisee par une rage fretillante d’adolescente a fleur de peau !…
Toujours au bord de la folie, animee d’un esprit d’escalier qui la fait parler a rebrousse-poil, commencant des phrases avant d’en finir d’autres, Eszter navigue dans des eaux interieures que la sincerite rend limpides. Parfois, elle soliloque avec la soif de verite d’une heroine de Katherine Mansfield ou de Virginia Woolf, et soudain, la voici elliptique et retenue, plongeant la main dans un bassin plein de poissons rouges, comme dans un roman japonais. Mais lorsqu’elle serine a l’homme qu’elle aime : J’aurais aime que tu percoives tout de moi, sans avoir a parler, mais au plus profond de moi, bruissants et rouilles, les mots commencaient pourtant leur lente ascension, affleure alors son aspiration supreme, qui donne au livre une grace recueillie : le silence.

  • Les courts extraits de livres : 20/02/2008

J’aurais voulu venir plus tot, mais j’ai du attendre Gyurica et tu sais qu’il est toujours en retard. Il s’etait annonce pour neuf heures, mais il etait onze heures bien sonnees quand je l’ai vu franchir la porte cochere. Tout le monde le croit propagandiste ou demarcheur, en depit de la trousse de medecin qu’il porte a la main. Il s’est arrete au milieu de la cour, a cligne des yeux comme s’il cherchait ce numero 39 ou on l’avait appele ; en le voyant, les bonnes femmes ont quitte leur galerie pour rentrer dans leur cuisine en faisant claquer les portes. Lorsque enfin il eut trouve, il souffla bruyamment, s’epongea le front et reclama un verre d’eau a Gizi. Quant a mon pied, il n’avait rien de grave : il suffirait que je marche le moins possible et que j’applique des compresses. De toute facon, l’enflure ne passerait pas avant vingt-quatre heures et, d’ici-la, personne ne me demanderait de sauter en bas d’un arbre. De haut en bas, de haut en bas, je les porte de haut en bas.
Gyurica n’a pas parle de toi. Non par discretion, non, mais il n’avait rien a ajouter. Et puis qu’aurait-il ajoute ? Il fixait Gizi, assise toute raide a la table ronde, les mains sur les genoux en bonne maitresse de maison. Lorsqu’il s’est leve, elle a verse de l’eau dans la cuvette et a deplie une serviette propre.
Le lit etait refait mais, a voir mon sac et mes gants, on comprenait que j’avais passe la nuit ici. La canne et l’impermeable en plastique de Jozsi pendaient a la patere ; sur la tablette du lavabo, bien en evidence, s’etalaient son blaireau et le baton de savon a barbe. J’avais enfile le peignoir a grandes fleurs de mon amie ; elle, deja vetue de sa robe noire, repassait son tablier et sa coiffe au moment de l’arrivee du medecin. Tandis qu’il examinait mon pied, le chat, un grand tricolore, a saute d’un bond de la galerie dans la chambre, s’est approche de lui et s’est frotte contre son pantalon en y laissant une trainee de poils. Gyurica parti, Gizi brossa soigneusement la cuvette, comme si elle craignait la contagion.
Ma premiere idee avait ete de passer la nuit dans l’ile Marguerite. Une fois Juli partie aux Vepres, j’etais restee tout l’apres-midi seule a la maison. Je lui ecrivis un mot l’avertissant que je passerais la nuit au Grand Hotel, fis ma valise et appelai un taxi. A la hauteur du Theatre de Verdure, je l’arretai et reglai le prix de la course. De l’hotel s’echappaient des flots de musique. J’allais entrer lorsque je me rendis compte qu’on relevait les stores au-dessus des tables : le soleil se couchait. On tournait la manivelle, la toile bleue remontait lentement, le cadre metallique se repliait. L’espace d’une seconde je revis la piece que le tapissier avait cousue devant nous, respirai l’odeur de l’orage qui avait dechire la bache, et me retrouvai a l’abri sous la verriere du restaurant par laquelle nous avions regarde tomber la pluie et fulgurer les eclairs.
J’ai fait demi-tour et suis rentree en ville. En arrivant a la maison, j’ai trouve Gizi assise sur une marche de l’escalier ; sa jupe strictement tiree sur ses genoux, elle attendait. C’etait son jour de conge et elle venait me chercher pour m’emmener coucher chez elle. Point n’etait besoin d’explications entre nous. Elle habite une de ces horribles batisses budapestoises ou tous les logements du meme etage ouvrent sur une galerie centrale. Le sien porte le numero 39, mais il existe un numero 60, pres du grenier. A cote des portes donnant sur la galerie, il y a presque toujours une cage accrochee a une patere, des enfants crient dans la cour, des effluves de cuisine s’echappent des fenetres et la porte des cabinets, communs a tout le palier, ne ferme pas.
Sur le seuil de l’appartement j’ai bute dans la caisse a ordures. Une demi-heure plus tard, ma cheville enflait. J’ai dine allongee. Gizi avait fait frire une galette de plomb qu’elle a arrosee de creme fraiche. Elle n’avait prepare qu’un seul des deux lits de la chambre a coucher ; nous devions y dormir ensemble, sous la photo de Juszti en jeune epousee, les cils baisses et tenant entre ses mains un minuscule bouquet de myrtes. J’ignore ou elle avait expedie Jozsi, mais je ne souhaitais pas lui poser de questions.