Auteur : Carlos Liscano
Traducteur : Jean-Marie Saint-Lu
Date de saisie : 16/02/2006
Genre : Litterature Hispano-Portugaise
Editeur : Belfond
Prix : 16.00 / 104.95 F
ISBN : 9782714441553
GENCOD : 9782714441553
Sorti le : 16/02/2006
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- Les presentations des editeurs : 24/11/2009
Plus qu’un temoignage, une reflexion sur l’homme et son inextinguible appetit de vivre, sur la necessite de comprendre l’inimaginable. Sans cris, sans fureur, un plaidoyer vibrant pour le droit a la dignite, un recit pudique et bouleversant. Montevideo, 1972. Carlos Liscano est jete en prison par le regime militaire a l’age de vingt-trois ans. Il en sortira treize ans plus tard. Il aura connu la torture, les humiliations, la honte, les etranges relations qui lient victimes et bourreaux, l’absurdite d’un systeme qui veut lui faire avouer quelque chose qu’il ne sait pas. Mais il aura aussi connu la resistance envers et contre tout, l’amitie indefectible qui se noue entre camarades d’infortune, l’urgence de l’ouverture au monde et, par-dessus tout, le pouvoir liberateur de l’ecriture. Le 14 mai 1985, avec ses derniers compagnons, Carlos Liscano est embarque dans un fourgon qui va le mener vers la liberte. Une liberte inquietante, douloureuse, impossible…
- La revue de presse Michele Gazier – Telerama du 15 mars 2006
Montevideo 1972, le jeune Carlos Liscano, 23 ans, est arrete et torture par la police de la dictature qui sevit en Uruguay. Il ne ressortira de sa prison que le 14 mai 1985. La, dans le tunnel d’une vie a l’ombre de la vie, Liscano fait l’experience de la souffrance, de la peur, du silence, de l’attente, de l’espoir et du desespoir. L’ecriture alors s’impose a lui, comme un salut…
Carlos Liscano,… nous bouleverse par la serenite de son regard, par cette maniere emouvante et distanciee de voir dans le pire de ses jours des lecons de vie, des etincelles de lumieres, des sources de sagesse…
- La revue de presse Liberation du 9 mars 2006 – Philippe Lancon
Carlos Liscano est devenu ecrivain en prison a Montevideo. Il etait enferme depuis huit ans ; il en avait trente et un. Au debut, pendant quatre mois, on l’a torture. Ensuite, pendant treize ans, il fut un prisonnier politique comme les autres : contrairement aux militaires argentins, ceux d’Uruguay ne firent pas disparaitre les hommes et les femmes qu’ils avaient martyrises. Ils tenaient a leur reputation. C’est en prison que Liscano apprit la mort de sa mere et le suicide de son pere. L’un et l’autre etaient ouvriers. La prison comptait 1 300 prisonniers et 1 700 militaires…
Les deux premieres phrases du Fourgon des fous, grand et bref texte de remontees autobiographiques sur les mois ou il subit la torture, sont egalement simples : Je viens d’avoir sept ans. J’apprends a lire l’heure, mais je n’ai pas de montre. On est en 1956. La famille Liscano vit dans le quartier pauvre, de La Teja, a Montevideo. Ce quartier est egalement celui de l’actuel president du pays, Tabare Vazquez, elu en octobre 2004. Peu avant l’election, Liscano a publie un livre d’entretiens avec celui-ci. Ils se connaissaient. Dans leur dialogue, il est question des espoirs que cet homme de gauche donne au pays qui en a peu ; des espoirs que lui, Liscano, ne lui pardonnerait sans doute pas de decevoir. Il est vrai qu’en Amerique latine, les riches et l’armee ne decoivent jamais, puisqu’on n’en attend rien…
Le Fourgon des fous est ecrit au present, un temps qui ne passe pas, une heure sur laquelle les aiguilles noires sont bloquees, sautant tres legerement sur elles-memes, comme lorsque les piles faiblissent. Scenes et reflexions s’enchainent en petits chapitres. Ces chapitres se font echo. Parfois, on relit le meme detail, presque la meme remarque. Presque : la memoire de la douleur, de la torture, du rapport qu’elle cree a son propre corps, de la perversion erotique entre torture et tortionnaire, cette memoire travaille par spasmes. Elle part toujours de faits concrets, precis : le supplice du baril, celui du chevalet, tel cri, tel moment.
Ces spasmes reviennent souvent sur le bourreau personnel de celui qu’il torture, cet homme qui fait des reproches a son prisonnier quand il a parle a un autre bourreau. Liscano le nomme le responsable : Le responsable est la reference du prisonnier, melange de pere autoritaire et sachant chatier, maitre de ses esclaves, petit dieu qui administre la douleur, les repas, l’eau, l’air, l’abri, l’hygiene, les passages aux toilettes. Le responsable est une personne necessaire en ce monde de douleur. Le torture ne connait pas le visage de son tortionnaire. Il connait sa voix et son odeur : Le torture, dit-il, se sent mieux avec son tortionnaire. Il entend sa voix et il se sent bien….
La memoire de Liscano begaie la bestialisation et la perversion avec une delicate sobriete. Elle cherche le mot juste ; elle se cherche. Quand elle se trouve, elle n’insiste pas.
- La revue de presse Andre Clavel – Lire, de mars 2006
Lorsque la dictature fit main base sur l’Uruguay, Carlos Liscano – ne en 1949 a Montevideo – avait un peu plus de 20 ans. Condamne pour raisons politiques par le regime militaire, il fut expedie en prison le 27 mai 1972, apres avoir ete cagoule et menotte. Il resta treize ans en detention et, a sa liberation, il s’exila en Suede avec les poches vides et d’affreux souvenirs au fond du coeur. Apres un premier roman traduit chez Belfond, La route d’Ithaque, voici Le fourgon des fous, des confessions bouleversantes ou Liscano evoque son long calvaire de prisonnier politique… Avec une ecriture totalement depouillee – il appelle ca la litterature de pauvrete -, Liscano retrace son quotidien dans les geoles de la dictature, les interrogatoires des policiers, les humiliations, les chantages des tortionnaires, la solitude, la tentation du suicide… Son livre est un temoignage capital sur la dictature uruguayenne, sur l’experience carcerale, sur ses sequelles spirituelles et physiques. Sans le moindre pathos.