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Le gout de Belgrade

Couverture du livre Le gout de Belgrade

Auteur : Jean-Christophe Buisson

Date de saisie : 27/10/2006

Genre : Essais litteraires

Editeur : Mercure de France, Paris, France

Collection : Le petit Mercure. Le gout de…

Prix : 5.50 / 36.08 F

ISBN : 978-2-7152-2580-0

GENCOD : 9782715225800

  • Les presentations des editeurs : 27/10/2006

Le gout de Belgrade

Belgrade, capitale de la Serbie, au confluent de la Save et du Danube, a toujours suscite les convoitises.
Objet de dizaines de rafistolages de fortune et de cinquante ans de socialisme, victime d’une reputation sulfureuse dans les annees 1990, Belgrade n’a peut-etre pas l’aura de Vienne ou de Prague, mais son charme tient a son ame singuliere, nichee partout : dans les plafonds Art deco de l’Aeroklub, sur les quais de la gare ou s’arretait jadis l’Orient Express, sur les etats du marche de Zeleni Venac, dans te choeur de l’eglise Saint-Marc ou sur le dome de la cathedrale Saint-Sava. Et aussi dans le marc des cafes turcs et la creme des gateaux autrichiens de l’hotel Moskva, dans le regard impavide des joueurs d’echecs du parc du Kalemegdan demarche des jeunes filles aux jambes interminables rue Knez-Mihajlova… Des lieux, des hommes et des vies couvrir sur les traces de Victor Hugo, Albert Londres, Tard de Villiers, Ivo Andric, Patrick Besson, Claudio Magris, Lawrence Durrell et bien d’autres.

Textes choisis et presentes par Jean-Christophe Buisson.

  • Les courts extraits de livres : 27/10/2006

COMTE D’HAUSSONVILLE
Au coeur de la citadelle

Creee en 1829, la Revue des Deux Mondes est la plus ancienne revue d’Europe encore existante. Des son origine s’y cotoient ecrivains et journalistes, penseurs et romanciers, celebres et anonymes… Volontiers ouverte sur le monde, elle fait la part belle aux reportages litteraires. Ainsi celui du comte d’Haussonville qui, en pleine Republique des Jules, publie ses impressions de retour des Balkans.
La citadelle de Belgrade est singulierement hospitaliere : on y entre, on en sort comme on veut. Aucun officier assez indiscret pour vous demander vos papiers ou pour inspecter votre album de croquis. Si des sentinelles se promenent encore a la crete des glacis et projettent leur silhouette martiale sur l’horizon, c’est sans doute par hygiene et pour se degourdir les jambes. Le seul endroit vraiment garde est une espece de fosse aux ours placee entre deux bastions d’ou s’echappe un bruit continu de ferraille. En penchant la tete, on apercoit au fond de ce trou des hommes vetus de grosse laine blanche, trainant leur chaine aux pieds. Ce sont les forcats, gens fort paisibles d’ailleurs, et dont quelques-uns, au sortir du bagne, ont fourni une belle carriere politique.
Il y a de tout dans la forteresse : un jardinier-fleuriste, des boeufs qui paissent sur les bastions, un puits etrange ou l’on descend par des escaliers en tire-bouchon, le tombeau presume d’une sainte musulmane, une brasserie, meme des militaires. Les uns decomposent le pas prussien avec un visage congestionne par l’attention ; d’autres lavent tranquillement leur linge dans le Danube par la breche d’un mur ecroule. Ce qu’on voit le moins, ce sont des canons, j’entends de vrais canons de siege. Le coin que je prefere, c’est un petit kiosque a l’extremite du bastion, juste au-dessus de la Save et du Danube. De la on voit les deux fleuves s’acheminer majestueusement a travers les plaines croates et hongroises, et se donner la main au pied de la forteresse. Ils forment des taches lumineuses dans les lointains bleuatres. Ils enlacent tantot des iles de verdure, tantot de grandes prairies rousses et marecageuses. Le Danube vient droit sur vous; apres avoir promene son ruban de lumiere autour de Semlin, il decrit dans la plaine une courbe parfaite et cueille au passage les eaux plus vertes de la Save ; puis, grossi de son tributaire, emportant avec lui la fortune de vingt peuples riverains, il reprend sa course vers l’Orient. La citadelle s’avance entre les deux fleuves, semblable a la proue d’un enorme navire. De mon observatoire, je domine un enchevetrement d’escarpes, de contrescarpes, de demi-lunes et de chemins couverts, entremeles d’herbes folles et de jardins potagers. Les profils severes des murailles ont ete adoucis par le temps. La brique a change son rouge brutal contre une belle nuance doree, marbree de lichens. A tous les angles, il y a des poivrieres qui conservent la charmante cranerie des vieilles armes hors d’usage. Legeres, suspendues au-dessus de l’abime, toutes noires sur l’argent du fleuve, elles evoquent ces temps deja fabuleux ou la force militaire n’allait pas sans elegance. Plus loin, on apercoit le clocher tout bossele d’or de l’eglise orthodoxe.

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