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Le grand soir

Auteur : Francois Dupeyron

Date de saisie : 17/10/2006

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Actes Sud, Arles, France

Collection : Domaine francais

Prix : 19.00 / 124.63 F

ISBN : 978-2-7427-6262-0

GENCOD : 9782742762620

  • Les courtes lectures : Lu par Manuel de Poncheville, eleve du cours Florent – 17/10/2006

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Manuel de Poncheville, eleve du cours Florent – 17/10/2006

  • Les presentations des editeurs : 28/09/2006

Illustre et decrie, vieillissant et proscrit, Gustave Courbet croise un soir a Geneve une prostituee, Mona, en qui il croit reconnaitre une amante de jadis, la belle Jo – celle qui donna naissance a L’Origine du monde, l’oeuvre maitresse de sa peinture… Mona n’est pas Jo, mais qu’importe : ivre d’amertume et de solitude, devant cette femme de hasard, le temps d’une nuit Gustave Courbet se raconte, laisse deferler ses utopies et ses desillusions, sa colere et sa honte, son egoisme, ses echecs, la tempete de ses passions. Car il aura mis a peindre, a jouir ou a lutter, toute la puissance de sa nature, toute la vehemence de sa revolte – lui, l’artiste libertaire, l’ami du peuple, le communard – compagnon de Proudhon, camarade de Valles… Mona l’ecoute, soudain se cabre – la Commune de Paris ? Pour l’avoir vecue, elle a beaucoup a en dire. N’y a-t-elle pas perdu son pere et ses freres ? Avec une force d’evocation impressionnante, le romancier et cineaste Francois Dupeyron entre de plain-pied dans la vie et le siecle de Gustave Courbet, personnage superbe et devaste dont il celebre, corps et ame, l’amour de l’insurrection.

Cineaste, Francois Dupeyron a tourne en 1988 son premier long metrage, Drole d’endroit pour une rencontre, nomine pour le Cesar de la meilleure premiere oeuvre. Il a depuis realise de nombreux films parmi lesquels Un coeur qui bat (1991) et La Chambre des officiers (2001). Il est l’auteur de deux romans : Jean qui dort (Fayard, 2002) et Inguelezi (Actes Sud, 2004), qu’il a adapte au cinema.

  • Les courts extraits de livres : 10/10/2006

La fille se retourne, jauge, un regard suffit… jamais vu cette gueule epaisse, tout en barbe qui lui arrondit le visage, elle pense a une coquille Saint-Jacques, le plat du front plus etroit que la base… et tout de suite elle l’oublie, et il n’a plus que son dos, il en reste en l’air tout gros qu’il est, arrete dans son elan, il va devoir attendre qu’elle repasse, la pister, viser juste pour gagner une seconde ou deux… Qu’elle le regarde nom de Dieu ! Qu’elle le regarde vraiment et elle le reconnaitra… Il a blanchi c’est vrai, grossi, les yeux… il sait ! il sait !… C’est le regard qui a change, mais rien, du detail, c’est dedans la catastrophe, dehors c’est toujours lui… Si elle ne pense pas a lui, c’est normal qu’elle ne l’imagine pas la, mais qu’elle le regarde et ca remontera !… Parce que chez lui, ca n’en finit pas, il en sue, il en est tout mouille tellement ca remonte le passe, pas mort… Oh que non ! c’est fou ce qu’il est la, a toucher… Il passe sa main sur son front, tout en eau lui aussi.
– Jo, c’est moi ! Jo !
Toujours rien… il lui prend le bras, l’arrete.
– Qu’est-ce que tu fais la ?
Elle l’entraine un pas, deux, elle cherche a se degager mais il est bien trop lourd.
– Lache-moi !
– T’enerve pas…
Elle a beau… c’est rien que du nerf cette fille toute sa force, mais Courbet l’a empoignee et les nerfs il s’en amuserait, du beurre ! ils ne font que durcir sa prise… alors elle crie et la vieille l’entend.
– Il va se tenir le pignouf ! ou il veut que je lui envoie mes chiens ?
C’est pas pour rire, elle a pousse la porte de sa caisse et deux tetes mauvaises sont toutes pretes a bouffer de la chair… elles aussi, la chair !
– Tu me reconnais pas ?
– Gustave ! C’est moi, Jo… Il parle doux, elle crie.
– Tu me laches !
– Ecoute, ecoute… je te demande pardon… pardon, pardon, pardon, pardon.
– Alors, il se decide ?