Auteur : Wassini al- Araj
Traducteur : Marcel Bois
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Sindbad, Paris, France
Prix : 25.00 €
ISBN : 978-2-7427-6275-0
GENCOD : 9782742762750
- Les presentations des editeurs : 11/09/2006
Chef de guerre inspire, fin stratege politique, erudit et poete, soufi et franc-macon, ennemi declare puis ami de la France, apotre du djihad et protecteur des chretiens de Damas, l’emir Abdelkader est l’une des figures les plus fascinantes du monde arabe.
Le roman de Waciny Laredj est le premier a s’inspirer de sa tumultueuse epopee. Etaye par une documentation historique vaste et precise, il restitue en particulier la relation de l’Emir avec Mgr Antoine Dupuch, premier eveque d’Alger, qu’il a rencontre en 1841, lors des negociations portant sur l’echange des soldats francais captures. Frappe par la grandeur d’ame et l’erudition de son interlocuteur, Mgr Dupuch devient l’un de ses amis les plus fideles. Il lui rendra visite a maintes reprises lors de sa detention a Pau et a Amboise, discutera longuement avec lui des fondements du christianisme et de l’islam, plaidera eloquemment sa cause devant l’opinion publique francaise et finira par obtenir, avec d’autres admirateurs de l’illustre prisonnier, la fin de sa captivite en France. Le roman commence par un evenement historique avere : le transfert a Alger, en 1864, comme il l’avait lui-meme souhaite, des cendres de Mgr Dupuch. Le livre est anime, du debut jusqu’a la fin, par le souci de comprendre et de faire comprendre les metamorphoses de l’Emir, combattant de la foi et pionnier du dialogue entre les religions et les cultures.
Ne a Tlemcen (Algerie) en 1954, Waciny iMredj a ete professeur de litterature moderne a l’universite dAlger jusqu ‘en 1994. Il vit actuellement a Paris ou il enseigne a l’universite de la Sorbonne. Il est l’auteur d’une dizaine de romans traduits dans plusieurs langues, dont Fleurs d’amandier (2001) et Les Balcons de la mer du Nord (2003) publies par Sindbad/Actes Sud. Il a obtenu en 2002 le prix du roman algerien et, en 2006, le prix des libraires d’Algerie.
- Les courts extraits de livres : 11/09/2006
L’abondance des jardins dissimule un peu la misere de la ville et l’aspect confus du marche. La chaux est extraite d’une carriere de pierre situe au-dessus du jardin du bey, non loin des portes qui s’ouvrent a l’arriere de la ville.
Apres avoir fini de siroter leur cafe, deux paysans se dirigent vers le conteur qui tourne en rond : le premier, drape dans son burnous noir qui recouvre un haik d’une blancheur eclatante, s’esclaffe a l’adresse de son compagnon encore sous l’emprise d’une bonne dose de haschisch.
– Allons-y ! Viens l’ecouter, on dit qu’il a termine de raconter histoire de Sayed Ali et Ras el-Ghoul ; ces jours-ci, il se lance dans des recits etranges sur un homme qui va venir et remplir de sa renommee le monde entier ; un homme sans defaut ; un homme qui ressemble au Messie fils de Marie, mais qui n’est pas un messie. C’est le Maitre de l’Heure, comme on dit et comme dit le conteur dans les souks.
– D’accord, on va l’ecouter un peu, puis on rejoindra les autres pour participer a “la priere pour la pluie”.
En depit de la secheresse, des pluies parcimonieuses, de la situation confuse et de l’etat de guerre, le marche de Mascara se remplissait des la soiree du jeudi : paysans venus de loin, marchands d’orge, de laine et de betail, forgerons, marechaux-ferrants, dinandiers, bourreliers, tailleurs et brodeurs, crieurs publics charges de divulguer les nouvelles, les grosses affaires, d’annoncer les mariages, les reunions, etc. Tous attendent la serie des jours de marche pour accomplir leur activite et mettre de l’animation. Les abords du marche, couverts d’une poussiere jaune quand le vent du sud avait souffle, etaient occupes par les conteurs. Ils etaient les premiers a arriver sur les lieux et les derniers a les quitter. Seul le crieur public pouvait se permettre de travailler sur leur territoire. Des l’aube, il traversait le marche pour se faire l’echo des principales informations : la priere pour la pluie, la reunion des marchands, le rappel de l’interdiction faite aux gens de collaborer avec les envahisseurs installes dans les villes, les fermes et les points d’eau. Le conteur aveugle, accompagne de sa fille et de son singe, avait fort peu de consideration pour le crieur public, que l’on reconnaissait a sa voix eraillee.