Auteur : Alberto Manguel
Date de saisie : 24/11/2007
Genre : Essais litteraires
Editeur : Escampette, Chauvigny, Vienne
Prix : 12.00 / 78.71 F
ISBN : 978-2-914387-94-1
GENCOD : 9782914387941
Sorti le : 24/11/2007
- Les presentations des editeurs : 01/12/2007
J’aime beaucoup l’ecriture de Manguel car il n’est pas de ces ecrivains qui, dans leurs essais, empruntent la ligne droite parce qu’ils savent ou ils vont, mais
parce qu’il appartient a cette famille d’essayistes qui prennent les textes comme si c’etaient des promenades erratiques ou l’auteur s’egare et ne sait ou aller, si du moins il a l’intention d’aller quelque part. Il incite le lecteur a explorer sa propre pensee. Il est vrai que Manguel exige du lecteur un reel effort d’imagination.
Enrique Vila-Matas
- Les courts extraits de livres : 01/12/2007
Eloge d’Alberto Manguel
par Enrique Vila-Matas
Partisan de l’humilite dont doit faire preuve une preface, je commence celle-ci sous l’influence de quelques paragraphes d’Une histoire de la lecture, un des livres les plus celebres d’Alberto Manguel, ou il explique que lire peut etre une activite sans fin. On demanda a Rabbi Levi-Yitshak de Berditchev, un des grands maitres hassidiques du XVIIIe siecle, pourquoi il manquait la premiere page a chacun des traites du Talmud de Babylone, ce qui obligeait le lecteur a commencer la lecture a la page deux. ” Parce que, repondit le rabbin, quel que soit le nombre de pages que l’homme studieux aura lues, il ne doit jamais oublier qu’il n’est pas encore parvenu a la toute premiere page. “.
Je commence ma preface avec la sensation que cette premiere page devrait etre absente, avec aussi l’idee kafkaienne qu’aucun livre ne peut remplacer le monde, mais que ce Livre des eloges merite cependant d’accaparer intensement l’attention du lecteur, de la fin de cette preface jusqu’a la fin du livre. Pas avant. Avant, il convient de lire distraitement cette preface et de garder l’espoir que nous parviendrons bientot a la page ou nous trouverons le premier des eloges que Manguel consacre a diverses activites de ce monde, parmi lesquelles la lecture est sans doute la plus essentielle.
C’est curieux, mais j’ai lu le manuscrit de ce livre au cours d’un voyage que je viens de faire, de Barcelone a Bale. Comme chaque fois que je vais a Bale, je me rends sur la tombe d’Erasme, l’homme qui ecrivit rien de moins qu’Eloge de la folie. Ce jour-la, ma visite quasi religieuse fut cependant differente. Assis sur un banc de la cathedrale, devant la tombe d’Erasme, je ressentis le desir de dialoguer avec lui et de lui offrir le manuscrit de ce livre dont je suis en train d’ecrire la preface sur cette page absente : le manuscrit d’un livre heureux (car il communique le plaisir de faire l’eloge de certains aspects du monde) qui m’a enchante, au sens litteral du mot : charme.