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Le loisir, fondement de la culture

Auteur : Josef Pieper

Traducteur : Pierre Blanc

Date de saisie : 00/00/0000

Genre : Religion, Spiritualite

Editeur : Ad Solem, Paris

Prix : 12.00 €

ISBN : 2-88482-057-4

GENCOD : 9782884820578

  • Les presentations des editeurs : 07/07/2007

Collection dirigee par Bernard N. Schumacher

Qu’est-ce que le loisir ? Quel sens peut-il avoir aujourd’hui, dans notre societe consommatrice de divertissement ? Platon et Aristote ont toujours vu dans le loisir, au sens de la skhole grecque (l’otium latin), un temps consacre a ce qui etait pour eux la plus noble activite de l’homme : la contemplation du monde et des dieux. Ecrit au sortir de la guerre, alors que l’Europe etait a reconstruire, cet essai met en lumiere la nature veritable du loisir et sa part indispensable dans l’elaboration d’une societe respectueuse de la personne humaine et de ses aspirations les plus profondes. Dans un monde qui a fait du travail lui-meme un culte, face aux falsifications modernes du loisir avec ses jours de fete artificiels fabriques par les pouvoirs publics, Josef Pieper rappelle que c’est uniquement au sein du temps de fete que l’essence du loisir peut se deployer et s’accomplir. Separe du domaine du culte, de sa celebration et de sa force de rayonnement, le loisir ne peut pas plus eclore que la fete ; sans lien avec le culte, le loisir devient oiseux et le travail inhumain.

Josef Pieper (1904-1997) a consacre sa vie a la recherche de la verite par l’exercice de la philosophie. Il fut en Allemagne l’un des grands connaisseurs de Platon, Aristote et saint Thomas d’Aquin. Opposant au regime nazi et reduit au silence, ce n’est qu’apres la guerre qu’il trouva une consecration universitaire. On lui doit plus de soixante ouvrages, remarquables par leur concision. Une belle filiation philosophique relie Romano Guardini, inspirateur de Josef Pieper, a Benoit XVI, qui a reconnu en Pieper un maitre en philosophie.

  • Les courts extraits de livres : 07/07/2007

LE LOISIR, FONDEMENT DE LA CULTURE OCCIDENTALE

Comme les maitres de la scolastique, qui avaient coutume d’engager leurs articuli sur la base d’un videtur quod non, nous debutons sur une objection. Voici comment elle resonne : le moment semble mal choisi pour parler du loisir. Nous sommes en train de batir une demeure, et nos mains debordent de travail. Jusqu’a l’achevement de cette demeure, l’energique mise en oeuvre de toutes les forces disponibles ne fait-elle pas seule necessite ?
Dans la mesure ou, au dela de la protection de la seule existence physique et de l’apaisement des necessites premieres, la construction a effectuer implique egalement une reorganisation au niveau de l’esprit et de l’intelligence, cette objection non negligeable appelle des l’abord et avant toute entree dans l’argumentation une reponse : c’est precisement cette nouvelle fondation et ce nouveau depart qui rendent une defense du loisir absolument necessaire.
Le loisir est en effet indeniablement l’un des fondements de la culture occidentale (et nous sommes a vrai dire tentes de considerer ici, de maniere peut-etre trop hardie – cette hypothese qu’on peut contester doit cependant etre tenue pour decisive dans la discussion actuelle -, qu’au sein de l’esprit occidental, aucune edification nouvelle n’a jamais eu lieu sur une autre base). C’est ce qu’affirme deja la Metaphysique d’Aristote, dans son premier chapitre, et l’histoire des mots nous livre des indications semblables : loisir se dit en grec skhole, en latin schola, en allemand Schule. Le nom que nous utilisons pour designer les lieux de formation et d’instruction signifie loisir. Ecole ne veut pas dire ecole, mais loisir.
Le monde du travail total et sa programmatique absence de loisir ont, il est vrai, rendu le concept de loisir meconnaissable; pour retrouver son sens originel et tenter d’approcher son essence, il nous faut vaincre une resistance, notre propre resistance interieure, issue de la surevaluation de ce monde du travail.
On ne travaille pas seulement pour vivre, mais on vit pour l’amour du travail1 : tout homme comprend directement cette phrase, qui exprime l’opinion courante, et il nous est difficile de remarquer que l’ordre des choses y est renverse. Comment cependant repondrons-nous a cette autre assertion : Nous travaillons pour avoir du loisir ? Hesiterons-nous a y deceler precisement l’expression d’un monde renverse et d’un ordre place la tete en bas ? Orientee qu’elle est contre la loi fondamentale de la societe humaine, cette phrase ne doit-elle pas apparaitre totalement immorale aux hommes qui vivent uniquement dans le travail, qui ne sortent pas d’un monde du travail total ?